Greyball : un dispositif nébuleux qui vaut à Uber une enquête pénale

Uber, cible d’une investigation pénale aux États-Unis ?

Dans un rapport publié la semaine passée, le Bureau des transports de Portland (Oregon) déclarait avoir été notifié, par le procureur du district nord de Californie, de l’ouverture d’une enquête fédérale… sans en préciser la nature.

À en croire Reuters, qui s’appuie sur les témoignages de deux sources dites « proches du dossier », le caractère pénal de la procédure s’illustre dans la demande qu’un grand jury a faite à Uber de produire des documents.

Objet de la requête : le logiciel Greyball, dont le New York Times avait révélé l’existence début mars et qui permet de montrer au passager une « version différente de l’application », pour reprendre la formulation d’Uber.

Faute avouée…

Le rapport du Bureau des transports porte précisément sur ce dispositif derrière l’exploitation légitime duquel se cacheraient des techniques de camouflage visant à contourner la vigilance des représentants des pouvoirs publics susceptibles de contrôler les chauffeurs*.

Uber a fini, dans ses échanges avec la Ville de Portland, par confirmer cette hypothèse.

L’entreprise avait lancé ses activités sur place le 5 décembre 2014, avec l’offre uberX (mise en relation chauffeurs – passagers pour du transport individuel).

Deux semaines plus tard, elle y avait mis un terme, confrontée à une plainte de la municipalité, qui affirmait ne pas avoir délivré d’autorisation.

Sa situation régularisée, Uber avait fait son come-back le 24 avril 2015, dans le cadre d’une phase pilote de 120 jours. Aujourd’hui, son catalogue ne comprend plus seulement uberX, mais aussi du transport de groupe avec uberXL ou encore des taxis.

… À moitié pardonnée ?

Au cours de son investigation (qui a déclenché celle du ministère de la Justice), la Ville de Portland n’a détecté aucun signal laissant suggérer, à compter du 24 avril 2015, d’une exploitation de Greyball aux fins susmentionnées.

La période qui l’intéresse plus particulièrement s’échelonne du 5 au 19 décembre 2014.

Uber n’a jamais démenti avoir utilisé Greyball pendant ce laps de temps, mais avait initialement affirmé qu’il s’agissait de tester de nouvelles fonctionnalités, de diffuser des offres promotionnelles, de prévenir la fraude ou encore de protéger les chauffeurs contre les violences physiques.

Le ton a changé dans une lettre du 21 avril 2017, après plusieurs relances du Bureau des transports : dans un contexte de tensions avec la Ville, et « de peur que les partenaires chauffeurs écopent de sanctions financières », « un certain nombre » de représentants de l’autorité gouvernementale ont été visés.

Le Bureau des transports en dénombre 16 sur les 17 comptes ciblés grâce à la collecte de données allant de la géolocalisation au numéro de carte bancaire associé au compte.

Il a été refusé aux intéressés un total de 29 courses, dont 26 pour un même utilisateur. Il semble que ce soit cet agent du Bureau des transports qui affirme avoir, le soir du 5 décembre, alors qu’il revenait d’un concert, réservé 4 trajets, tous marqués comme annulés par le chauffeur.

Plusieurs organes de supervision des transports à Portland soupçonnaient l’existence d’un système tel que Greyball. Quatre d’entre eux (sur 17 sondés) assurent même disposer de preuves.

* Sur 1 473 contrôles réalisés par le Bureau des transports dans le cadre de son enquête, 639 ont révélé au moins un défaut : assurance, licence, extincteur, kit mains libres, nécessaire de premiers secours, etc.

Crédit photo : Uber

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