Groupon est-il vraiment un bon plan pour les commerçants locaux ?
Nantes, Dijon, Lyon…Des commerçants de proximité se plaignent du manque de transparence dans les « deals » Groupon. Des mesures sont prises pour éviter des dérives, selon l’équipe française. Enquête.
Un coiffeur lyonnais prêt à porter plainte contre Groupon
Retour en France. C’est par le biais d’une banale photo publiée sur le blog d’un expert e-marketing américain que nous avons découvert les mésaventures d’un coiffeur basé dans le sixième arrondissement à Lyon (Rhône).
Contacté par notre rédaction, le coiffeur acceptera de nous livrer quelques éléments, avec la bienveillance de son avocate Maître Isabelle Gandonnière.
En novembre 2010, une commerciale de Groupon démarche « la petite entreprise » et lui propose de souscrire un contrat de diffusion d’une offre promotionnelle de bons de réduction.
Séduit par le concept, le coiffeur va fixer avec son interlocutrice la prestation et les conditions de rémunération.
« Dans les termes de l’accord, il est clairement exclu la période des fêtes de Noël » , ajoute l’avocate.
Mais il subsiste des zones floues dans ce « deal ».
En premier lieu, aucune quantité maximale de bons à proposer n’est mentionnée lors de la signature du « deal ». Alors que le coiffeur et la commerciale de Groupon se seraient entendus au préalable pour fixer à 250 le nombre de bons à diffuser.
En second lieu, aucun document contractuel n’est remis à l’artisan coiffeur lors de la signature avec la présence de la commerciale.
C’est seulement le lendemain que les conditions particulières seront communiquées par mail et les conditions générales par courrier, une dizaine de jours plus tard.
Ensuite, c’est par un courrier électronique en date du 19 novembre que Groupon informera la société de la mise en ligne du deal le 22 novembre et communique par la même occasion le projet de coupon.
Le coiffeur n’émet aucune observation mais il va s’avérer que la publication sera différente du projet escompté.
En effet, le site évoquera ainsi dans sa publicité les termes « idée cadeaux », « relooking coiffure à 39 euros » et « une coiffure tendance pour les fêtes ».
Selon Maître Isabelle Gandonnière, « le document publié est contraire aux conditions particulières excluant expressément la période des fêtes. »
Malgré cela, le deal sera mis en ligne et 644 commandes seront enregistrées au grand dam du coiffeur qui n’a jamais envisagé un tel nombre de participants.
« Postérieurement à la fin du deal, la société GROUPON CITY DEAL a encore accepté des bons, car, par un mail du 23 novembre 2010, GROUPON déclare avoir vendus 664 coupons » , nous précise Maître Gandonnière.
Son client refuse depuis les bons du site, faute de pouvoir assurer toutes les demandes au regard de la capacité de sa modeste structure.
Initiées par l’artisan, des discussions entre les deux parties ont été engagées pour trouver un accord amiable mais en vain.
L’affaire devrait se traduire par une procédure en justice dans les mois à venir. Et plusieurs témoignages de clients mécontents pourraient donner du grain à moudre aux magistrats (voir copie scannée ci-dessous).
Toujours en avril, La Dépêche rapporte le cas d’un autre coiffeur localisé près de Toulouse (Haute-Garonne), qui a connu des déboires similaires avec Groupon.
Interrogé par le quotidien régional, Philippe Jochem, Directeur commercial de Groupon France, considère que « le succès de cette opération est peut-être vécu de façon excessive par notre partenaire. Nous en avons 600 sur Toulouse avec qui tout se passe bien. »
(Lire la fin de l’article page 3)