Education, formation, financement, economie collaborative, régulation….Les « pigeons puissance 4 » – France Digitale, ACSEL, Croissance Plus et Syntec Numérique – veulent faire du bruit dans la dernière ligne droite de la campagne de l’élection présidentielle.
Jusqu’ici, ils avaient du mal à coordonner leurs efforts pour faire entendre leurs voix d’une manière distincte et harmonieuse. Ca commence à s’entendre sur fond d’une mobilisation collective en fédérant 4 groupements professionnels du numérique à travers une plateforme commune « HACKING 2017 » qui a pondu un « Manifeste des startups ».
Ce qui est compliqué dans ce genre d’exercices en mode « wishlist » adressé au prochain hôte de l’Elysée, c’est de distinguer l’intérêt général des avantages que l’on pourrait qualifier de corporatistes.
Ils dressent un constat sombre à la fin du quinquennat de François Hollande.
« Aujourd’hui les Pigeons sont à nouveau inquiets non pas pour eux-mêmes mais parce que le monde dans lequel nous évoluons a beaucoup changé depuis 5 ans en termes d’usage numérique, de consommation, de vie citoyenne, de travail…Les institutions et les politiques ne suivent pas ce rythme…et comme nombre de citoyens français, les sondages actuels inquiètent, révélant une lecture frileuse du monde, un manque de confiance, la montée des extrêmes, des débats qui négligent totalement le fonds et la nécessaire transformation de la société. »
Dans les 16 propositions exposées par la plateforme commune, on trouve des idées audacieuses pour l’éducation (pourquoi pas la création d’un bac N comme numérique) ou la formation professionnelle (pour accéder à des nouveaux métiers liés au digital).
« Une expérience comme celle de l’Ecole 42 démontre que les métiers du numérique et notamment celui de développeur ne sont pas réservés aux ingénieurs des grandes écoles d’ingénieurs », peut-on lire dans le manifeste. Le soutien de Nicolas Dufourcq, Président de Bpifrance, n’est pas de trop en la matière.
Venu de Californie où il réside (mais tout en songeant à revenir en France), le serial Net-entrepreneur Loïc Le Meur, qui est reparti en mode start-up avec Lead.ers, est également venu prêter main-forte à cette initiative visant à faire bouger les lignes du numérique dans cette campagne présidentielle.
La majorité des propositions de la plateforme tournent autour des dispositifs financiers à mettre en place pour favoriser l’éclosion des start-up, les investissements des capitaux-risqueurs et des business angels et plus globalement l’épanouissement de l’économie numérique.
Dans la liste des doléances, on retrouve des idées classiques, notamment « Favoriser l’actionnariat salarié », « Mobiliser l’épargne longue au service de la transformation économique » ou « Remplacer l’ISF par une taxe sur le patrimoine non productif ».
Les propositions suggérées collent parfois à l’actualité. Par exemple, Teddy Pellerin, co-fondateur de Heetch (app de transport entre particuliers qui a fait l’objet d’une condamnation sévère en justice), est venue défendre le volet économie collaborative.
On perçoit également des idées esquissées sous le quinquennat Hollande comme « le Compte Entrepreneur-Investisseur » (transformé finalement en un Compte PME Innovation voté fin 2016 mais jugé décevant par les pros du numérique).
La forme qui a émergé ne satisfait pas une organisation comme France Digitale qui s’était pourtant montrée force de proposition pour instaurer un cadre.
La plateforme pour faire avancer le numérique dans cette campagne présidentielle avance aussi une révision du contrat du type CDI pour le rendre plus flexible (en cas de clause de rupture ou de réduction du préavis par exemple) et recommande des éclaircissements sur le statut d’auto-entrepreneuriat.
« Il est devenu un moyen pour des personnes éloignées du monde du salariat de retrouver une activité, une rémunération, un statut… Les plateformes permettent d’accélérer cette bonne tendance. Il faut lever le risque juridique associé. »
D’autres idées sont régulièrement ressorties des cartons comme le fait « d’acculturer les élites politiques et administratives au monde numérique » ou « renforcer l’accès des start-ups à la commande ».
Si les candidats lancés dans la course à l’Elysée avancent des propositions sur le numérique dans leurs programmes respectifs, il n’est pas évident qu’ils se mobilisent pour défendre leurs idées devant les professionnels du secteur.
Néanmoins, une table ronde a également permis de réunir des représentants en charge des volets numériques des programmes des candidats : Nicolas Hazard (pour Benoît Hamon), Enora Naour (pour Jean-Luc Mélenchon), Mounir Mahjoubi (pour Emmanuel Macron) et Philippe Murer (pour Marine Le Pen).
Pour secouer cette session HACKING 2017, on attendait François Fillon (Les Républicains) annoncé sur le programme de la session HACK 2017 qui s’est déroulée au Théâtre des Variétés (2ème arrondissement de Paris). On verra finalement Emmanuel Macron débarquer sur scène.
Le candidat du mouvement En Marche, qui est venu « hacker les hackers » comme il le suggère dans son allocution d’une dizaine de minutes, se montre à l’aise dans cet exercice car une grande partie de l’assistance est déjà conquise après son passage au ministère de l’Economie.
En tant que candidat dans la course à l’Elysée, Emmanuel Macron se montre réceptif aux propositions de la plateforme. « Je veux vous aider à réussir sous la forme d’un pacte pour changer la société et donner une place à chacun (…) Beaucoup de choses dans vos idées et propositions sont dans mon projet », explique le candidat qui demeure l’un des favoris pour le premier tour (au regard des sondages actuels).
Il souligne son intention de transformer en profondeur l’ISF afin de « taxer uniquement la rente non productive », tout en favorisant « la réussite par le travail, la transformation et l’inventivité et ce qui est ré-investi dans l’économie ».
La politique reprend rapidement son droit. En guise de conclusion, Emmanuel Macron trouve une parabole numérique pour identifier son principal adversaire. « Il y a un ‘hacking’ que je ne veux pas voir en France, c’est celui du Front national. »
Il prône un mouvement similaire pour le le Compte Entrepreneur-Investisseur, qui serait amené à son vocation originelle : « écraser les taxations sur les plus-values s’il y a ré-injection dans l’économie. »
Vous pouvez retrouver le stream vidéo intégral de la soirée sur la page Facebook de France Digitale et le Manifeste des startups (version PDF).
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