Hadopi : que restera-t-il de la riposte graduée après l’élection présidentielle ?
François Hollande veut « imaginer un autre système ». « C’est une faute de méthode du PS », critique l’UMP. Et la Hadopi n’exclue pas une « possible intervention du législateur ».
Après la publication d’une tribune de François Hollande dans Le Monde portant sur la lutte antipiratage et l’épanouissement de la culture à l’ère numérique, il subsiste des doutes sur les réelles intentions du candidat PS concernant la suppression de la Hadopi.
A moins que l’opposition entretienne volontairement le flou. Il est vrai que François Hollande laisse un champ à l’interprétation dans ses propos.
« Je ne pense pas que la seule répression soit la réponse au problème posé, ni que le système imaginé, par sa complexité et les questions qu’il soulève en matière de protection de la vie privée, soit le bon. »
De son côté, l »UMP, qui soutient le « Président-candidat » Nicolas Sarkozy, a aussitôt rebondi par voie de communiqué.
« Hollande commet d’abord une faute de méthode. En voulant faire table rase de l’Hadopi, il méprise le travail accompli en commun par le Gouvernement et tous les acteurs de la Culture depuis plus de quatre ans, qui a abouti à la mise en place d’un dispositif pédagogique de lutte contre le piratage auquel nos industries culturelles manifestent un soutien sans faille et tous les grands pays du monde un vif intérêt. »
L’UMP défend le bilan Hadopi et de la « réponse graduée » (terminologie officielle light pour la « riposte graduée ») : « Les échanges illégaux entre particuliers (pair-à-pair) ont baissé d’un tiers pour la musique et de près de moitié pour les films », « la réponse graduée se diffuse à l’étranger, soit par la loi (Corée du Sud, Taïwan, Nouvelle-Zélande), soit par des accords entre fournisseurs d’accès et industries culturelles, le dernier exemple en date étant celui des États-Unis. »
Alors faut-il voir la Hadopi sous le prisme unique de la répression ? L’UMP joue sur la nuance.
« Ce résultat a été atteint avant même que le moindre internaute soit sanctionné : c’est la preuve que le pari de la pédagogie et du rappel à la loi peut être gagné. »
Sans le recours au tribunal ? Cela devrait changer bientôt de l’aveu même du collège de la Hadopi. Les premiers dossiers ont été transmis au Parquet.
Sur le front de la lutte antipiratage, on progresse selon le parti pro-Nicolas Sarkozy : « Grâce à la loi Hadopi, nos juges peuvent agir contre les sites de streaming illégaux installés à l’étranger : ils ont désormais le pouvoir d’ordonner aux fournisseurs d’accès d’interdire la consultation de ces sites sur le territoire français, et d’ordonner aux moteurs de recherche de les ‘déréférencer’ ; le cinéma français est en train d’utiliser cette procédure avec succès. »
L’UMP considère que le PS n’est pas consciente de « la situation d’urgence dans laquelle le piratage place nos industries culturelles (comme la musique), qui a perdu 60% de sa richesse en huit ans avant que l’hémorragie ne soit stoppée par la Hadopi, mais aussi la vidéo et bientôt le livre. »
(Lire la fin de l’article page 2) : la position de la Hadopi