Happn : rencontres et données personnelles font-elles bon ménage ?
Happn fait partie des trois applications mobiles pointées du doigt par un eurodéputé qui dénonce des traitements abusifs de données personnelles.
Une voix s’élève au Parlement européen contre les pratiques des éditeurs d’applications mobiles en matière de collecte et d’exploitation de données personnelles.
Même suppléant de la Commission du marché intérieur et de la protection des consommateurs, Marc Tarabella hausse le ton contre ces « entreprises peu scrupuleuses » qui, selon feraient de l’app-économie une « zone de non droit [sic] où le citoyen serait systématiquement le pigeon ».
L’eurodéputé belge, par ailleurs bourgmestre de la commune wallonne d’Anthisnes, sollicite l’ouverture d’une enquête sur trois applications : Tinder et Happn dans le secteur des rencontres en ligne ; Runkeeper pour le suivi des performances sportives.
Exigeant des règles de confidentialité « justes », « transparentes » et « simples à comprendre pour les utilisateurs » tout en respectant leurs droits fondamentaux à la vie privée, il dénonce notamment le fait que des données soient réutilisées même après la désactivation d’un compte.
Ce constat vaut pour la société éditrice de Tinder, qui, selon Marc Tarabella, « peut faire ce qu’elle veut de vos données : les montrer, les distribuer à l’importe qui ou même les modifier ». Une pratique qui se serait accentuée avec l’arrivée de la fonction Tinder Social, avec laquelle les utilisateurs peuvent créer des groupes pour élargir leurs cercles d’amis.
Happn n’en sort pas
La réflexion du député européen est plus globale : la Commission doit sanctionner toutes les entreprises qui « instaurent des clauses abusives dans des applications mobiles ».
Du côté de Runkeeper, les accusations portent principalement sur la collecte et la transmission de données même lorsque l’application est inactive, alors même que l’utilisateur n’a pas donné son consentement dans ce sens.
Même constat pour Happn, déjà dans le collimateur de l’UFC-Que Choisir.
En début d’année, l’association de défense des consommateurs a tiré la sonnette d’alarme, demandant à la CNIL de s’enquérir de « possibles errements » dans le traitement des données par l’application qu’édite la société française du même nom, à la tête de laquelle on trouve l’un des cofondateurs de Dailymotion.
S’appuyant sur des éléments collectées par une organisation similaire basée en Norvège (le Forbrukerrådet), l’UFC-Que Choisir s’interroge sur les cookies communiquant avec les serveurs de Happn : ils resteraient actifs après la suppression de l’application. Les questions portent aussi sur d’éventuels transferts de données vers des entreprises tierces d’origine américaine.
La CNIL a déjà constaté à plusieurs reprises que certaines collectes de données personnelles par les applications mobiles ne servent pas de finalité légitime. Dans un rapport de 2014, elle évoquait « des accès massifs et peu visibles » souvent difficiles à corréler avec les actions des utilisateurs.
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