Haut débit : ‘risques de fracture territoriale’
Auteur du rapport « Réseaux à hauts débits :nouveaux contenus, nouveaux usages, nouveaux services », remis à Christian Pierret, Jean-Charles Bourdier intervenait lors d’une conférence organisée par Comparatel. L’occasion pour lui d’attirer l’attention sur les « risques de fracture territoriale », car pour le haut débit, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.
« Il s’agit d’une logique de concurrence, » constate Jean-Charles Bourdier en parlant du déploiement des accès Internet à haut débit, « les investisseurs misent sur les secteurs les plus rentables, si bien que l’on peut considérer le territoire français comme divisé en trois zones : la première de haute rentabilité bien équipée, une seconde zone plus incertaine de rentabilité moyenne et enfin une troisième qui se résume souvent à rien du tout. » Le journaliste et délégué général de Metz-Interactive a présidé une mission commandée par le secrétariat d’Etat chargé de l’Industrie qui a donné lieu à un rapport intitulé « Réseaux à hauts débits :nouveaux contenus, nouveaux usages, nouveaux services » (voir édition du 19 septembre 2000). Intervenant dans le cadre d’une conférence organisée par Comparatelsur le thème « De l’illimité au haut débit », Jean-Charles Bourdier a insisté sur les « risques de fracture territoriale », liés à cette logique de concurrence qui affecte les opérateurs privés. « La prise de conscience des élus a été tardive, » remarque-t-il, « les opérateurs sont libres de leur action, ils n’ont pas besoin de tenir compte de l’intérêt général. » Les zones d’activité économique sont évidemment les plus convoitées par les opérateurs du haut débit, qui s’adressent avant tout aux entreprises. « Elles investissent sur les secteurs géographiques les plus rentables, en clair les 25 plaques correspondant aux villes de plus de 100 000 habitants », constate Jean-Charles Bourdier. Cela crée un risque d’exclusion pour les autres zones, « sans concurrence, les coûts d’accès peuvent être multipliés par 5 et dans les trois ans qui viennent le différentiel pourrait être de 1 à 8 », s’alarme-t-il en attirant l’attention sur « un risque de délocalisation pour les zones en périphérie ».Les collectivités territoriales doivent s’impliquer dans le déploiement du haut débit »Comment agir pour éviter l’irréversible : cette fracture ? » s’interroge Jean-Charles Bourdier, avant d’insister sur le rôle des collectivités territoriales « mais dont les textes actuels limitent le potentiel d’action », regrette-t-il. Selon lui donc, ce sont ces collectivités qui doivent intervenir dans le déploiement du haut débit à leur niveau. La nécessité d’une bonne répartition des accès haut débit en France avait déjà été largement évoquée lors des rencontres d’Autrans organisées par l’Internet Society (voir édition du 16 janvier 2001). On y a vu que des initiatives existaient au niveau de certaines municipalités par exemple. Ne nous leurrons pas, les années qui arrivent seront décisives, nous risquons bel et bien un morcellement de la France en zones couvertes par le haut débit d’un côté et zones non couvertes de l’autre.Pour en savoir plus : * Le rapport « Réseaux à hauts débits :nouveaux contenus, nouveaux usages, nouveaux services »* Le site très complet de l’Internet Society « Internet rapide pour tous »Lire aussi : Le dossier de SVM : L’Internet rapide à votre porte