Haut débit sans fil : le WiMax ne parvient pas à s’imposer dans le Jura

Mobilité

A l’origine d’une délégation de service public en 2007, le conseil général du Jura doit faire face à des réticences liées aux limites de la boucle locale radio.

« Comtois rends-toi nenni ma foi ». Cette expression issue du dialecte franc-comtois, qui signifie grosso modo en gros que les Comtois n’ont pas pour habitude de se laisser faire, pourrait bien donner quelques sueurs froides au groupement en charge de construire un réseau alliant la fibre optique, les technologies xDSL et le WiMax : les sociétés Autoroutes Paris Rhin-Rhône (APRR, racheté par Eiffage) et Altitude Infrastructures (filiale d’Altitude Télécoms).

En 2007, ces deux prestataires (le premier orienté infrastructures routières, le second spécialisé dans les solutions télécoms) ont été sélectionnés par le conseil général du Jura. « Nous avons fait le choix du service public: notre réseau est construit et sera exploité par un concessionnaire : Connectic39 [alliant Eiffage et Altitude Infrastructure, ndlr] », rappelle Jean-Claude Servillat, vice-Président du conseil général du Jura, en charge des TIC. « 500 kilomètres de fibres optiques ont été déployés, près de 50 points hauts équipés et 50 zones d’activité économique (ZAE) ont été fibrées, la livraison et le début de la commercialisation est prévu pour février 2009 », énonce-t-il.

Malgré une bonne volonté apparente des élus, le message ne passe pas auprès d’une partie de la population située en zone blanche (celle dépourvue d’accès ADSL) ou grise (accès plafonné à 1 Mbit/s) qui attend avec impatience un accès haut débit.

« Les 2 mégabits par seconde tant attendus sont à notre porte », indique Pascal Minguet, conseiller municipal du village de Jouhe en charge de la communication et d’Internet. Avec l’aide d’un habitant qui a fondé un collectif baptisé symboliquement Lutte contre le bas débit, Pascal Minguet avait organisé une table ronde le 28 octobre dernier pour que son village sorte de la zone blanche dans les meilleurs délais.

Le message semble reçu puisque les élus ont répondu présents tout comme différents opérateurs spécialisés (Numéo, Wizéo, Altitude Télécoms), ainsi que Connectic39. Même si la structure en charge de la gestion du réseau d’initiative publique rencontre quelques soucis pour stabiliser le management. On aurait observé un turn-over de cinq dirigeants en un an et demi.

WiMax: « une rustine chère en attendant l’ADSL triple play »

Présent lors de cette table ronde, Vnunet.fr a pu constater que le WiMax ne semble décidément pas trouver ses marques. Pascal Minguet fait remarquer « qu’à ce jour, il est impossible de nous connecter pour utiliser des services de co-voiturage, télé-travailler, ou même remplir les tâches administratives de notre mairie en relation permanente avec d’autres administrations. »

L’élu local ajoute que « le WiMax est une rustine chère et déjà obsolète mais c’est ça ou rien en attendant l’ADSL triple play. » Un message qu’il martèle depuis plusieurs mois dans les médias régionaux. Tout en ajoutant au passage quelques arguments en faveur du dégroupage de la sous-boucle locale permettant d’étendre la portée géographique du haut débit.

De son côté, Jean-Claude Servillat l’a promis au cours de la réunion du 28 octobre à Jouhe. « L’étape suivante de notre stratégie à long terme va consister à collecter en fibre optique les principaux sous-répartiteurs mal desservis par le réseau historique et y installer les équipements de notre concessionnaire. » Mais l’élu tient à rester cohérent : « les investissements sont considérables mais nous établirons un calendrier sur lequel nous nous engagerons », conclut Jean-Claude Servillat.

En attendant, Pascal Minguet constate « qu’outre le prix démesuré des équipements hertziens (environ 300 euros), le prix trop élevés des abonnements, les services et les débits ne correspondent pas aux attentes des citoyens qui souhaitent du triple play à 30 euros par mois comme 97% de la population. » Car ce n’est plus un secret, les débits proposés via le WiMax sont trop faibles pour profiter des services multimédia comme la télévision sur IP.

Après le constat mené par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes sur les défaillances des opérateurs WiMax en termes de déploiement, cette immersion au coeur de la France rurale montre les difficultés rencontrées par les opérateurs titulaires de licences ad hoc pour placer les foyers et les entreprises sur la même longueur d’onde.

WiMax : les ennuis du duo Eiffage-Altitude Telecom continuent
En pleine zone de turbulences dans le département du Jura, le groupement télécoms aurait perdu un contrat pour la construction et la gestion d’un réseau optique dans une autre zone de la région Franche-Comté. Selon nos informations, dans le Doubs, la communauté d’agglomération du Grand Besançon (CAGB) serait tentée de choisir la solution « NRA-ZO » de France Telecom qui permet d’apporter une réponse aux zones d’ombre ADSL…Un engagement qui pourrait être officialisé dans le courant du premier trimestre 2009. L’expérience des voisins jurassiens a peut-être pesé dans la décision.