Hébergement collaboratif : HomeExchange rejoint la maison GuesttoGuest
La SAS française Tukazza !, qui exploite le réseau d’échange de maisons GuesttoGuest, lève 33 millions d’euros et s’empare de son concurrent américain HomeExchange.
Consolidation transatlantique dans le secteur du « tourisme collaboratif ».
La SAS française Tukazza !, qui se présente plus volontiers sous la marque GuesttoGuest donnée à son réseau d’échange de maisons, met la main sur un concurrent américain pionnier : HomeExchange.
L’acquisition, dont le montant n’est pas communiqué, est financée par une levée de fonds de 33 millions d’euros à laquelle participent « plusieurs actionnaires historiques » dont la MAIF.
Le groupe mutualiste, habitué des prises de participations dans l’économie collaborative* (Cocolis, SamBoat, Yescapa, Locat’me, Mon P’ti Voisinage, Mutum…), avait notamment participé au tour de table de 4 millions d’euros que Tukazza ! avait bouclé au printemps 2015.
Quelques mois en amont, il s’était greffé à la plate-forme GuesttoGuest entre proposant aux membres une assurance tous risques.
C’est en option
Cette offre est l’une des options payantes sur laquelle Tukazza ! a basé son modèle (l’inscription n’induit effectivement ni abonnement, ni frais de service). Les autres sont un service de caution (3,5 % de commission prélevés dans ce cadre) et une prestation de vérification d’identité (tarif unique de 25 euros TTC ; 75 % des membres qui font des échanges se sont fait vérifier, affirme la société, qui précise que la démarche permet de remonter plus haut dans les résultats de recherche).
Basé, à l’inverse, sur un abonnement annuel, le modèle économique de HomeExchange – qui exerce en France sous la marque TrocMaison – devrait perdurer après le rapprochement, d’après Les Échos. Âgés de plus de 70 ans, les deux fondateurs du groupe américain passeront quant à eux la main.
Le nouvel ensemble est en mesure de revendiquer quelque 400 000 demeures. Ce qui convainc Emmanuel Arnaud (président-cofondateur de Tukazza !) et son associé Charles-Édouard Girard (DG) de la possibilité d’aller titiller Airbnb sur le segment du tourisme de loisir.
C’est d’ailleurs bien précisé dans la FAQ de GuesttoGuest : « […] Vous pouvez échanger votre maison quand vous êtes absents mais vous pouvez également accueillir des personnes dans vos chambres d’invités ou des logements indépendants lorsque vous êtes présents ».
Des hôtes aux points
La dimension de l’échange « réciproque » de logements est également dépassée au travers des « GuestPoints ».
Un membre dépense de ces points pour séjourner gratuitement dans le logement d’un hôte avec lequel il n’échange pas son logement. Ledit hôte est, en conséquence de son service, crédité de ces points, qu’il peut utiliser chez tout autre membre et ainsi de suite.
Ce principe de « nightswapping » rappelle la plate-forme du français Trampolinn, dont GuesttoGuest s’est officiellement emparé en juin dernier.
Les GuestPoints entrent aussi en ligne de compte pour les échanges dits « réciproques » si les demeures ont des valeurs différentes (définies en fonction de l’emplacement, de la taille, du nombre de lits ou encore des équipements) ou si les dates ne sont pas les mêmes.
L’échange via GuesttoGuest relevant du prêt, Tukazza ! affirme qu’on peut s’y adonner en toute légalité en étant locataire – non sans toutefois s’exonérer de toute responsabilité « si vous invitez des gens chez vous alors que votre contrat de location vous l’interdit ».
Non rentable d’après ses comptes pour l’exercice 2015 (1,425 million d’euros de pertes sur un C.A. de 183 400 euros), GuesttoGuest vise le million d’utilisateurs en 2019. L’Allemagne constitue un axe fort de développement, au même titre que les échanges entre particuliers à l’intérieur des États-Unis, par le biais de HomeExchange.
* À voir en complément, une interview de Pascal Demurger. Le directeur général de la MAIF revenait sur la transformation digitale entreprise pour dépasser le statut de groupe d’assurance.
Crédit photo : compte Instagram GuesttoGuest