Les technologies de virtualisation ont pris une place importante dans les catalogues des fournisseurs de services Internet. En premier lieu chez les hébergeurs comme ce fut le cas chez Ikoula, Sivit ou encore 1et1 depuis plus d’un an.
Aujourd’hui c’est au tour d’OVH, numéro un français de l’hébergement de sites Internet à bon prix, de faire son entrée sur ce marché avec une offre dite « Real Private Server » (pour « serveur réellement privé »). Basé à Roubaix (Nord), il possède trois centres de données en propre dont un à Paris.
Lancé en février dernier dans une phase de pré-production après plusieurs mois de développement, ce serveur est proposé au prix de 9,90 euros HT par mois, soit 3 euros de plus que l’offre de Gandi lancée début 2008. Mais qu’on se le dise, le RPS n’est pas un serveur virtualisé.
Selon un communiqué de l’entreprise roubaisienne, « cette offre est innovante et concurrence directement les serveurs privés virtuels en terme de prix, de simplicité, de flexibilité et avec les garanties de qualité de services propres aux serveurs dédiés ».
Dans les faits, OVH loue au client une machine physique qui intègre une carte mère Intel avec un processeur à basse consommation, 512 Mo de mémoire vive et une connexion au réseau à 100 Mbit/s. La particularité de l’offre réside dans le fait que le disque dur du serveur a été remplacé par un disque dur réseau accessible en iSCSI ou NFS sur un SAN. La capacité de stockage de base est de 10 Go, extensible jusqu’à 1000 Go (1 Téraoctet).
Avec une telle approche, l’hébergeur peut se targuer de réduire les coûts de fourniture de la prestation à l’extrême. OVH annonce d’ailleurs réaliser une économie d’énergie d’environ 30%, une situation paradoxale lorsque les data centers de taille moyenne consomment en énergie l’équivalent d’une ville de 30 000 à 50 000 habitants, et, de plus, augmentent leur capacité régulièrement.
Une offre de plus dans un catalogue déjà étoffé
En mettant sur le marché cette nouvelle gamme, l’hébergeur a pris plusieurs risques à commencer par la problématique technique. « La technologie iScsi a de nombreux atouts même si ce n’est pas un secret, mutualiser les disques peut parfois créer des incidents avec en premier lieu un goulet d’étranglement lorsqu’il y a de nombreuses opérations de lectures/écritures » , confie à Vnunet Jean-Dominique Baylac, l’un des dirigeants de Tenactys Group, société spécialisée dans les infrastructures d’hébergement critiques.
Pour faire simple, lorsque de nombreux serveurs souhaiteront accéder au serveur de stockage central, il pourrait y avoir un risque de ralentissements notable. Sur ce point, OVH rétorque que « l’iSCSI a des performances équivalentes voire supérieures à celles d’un vrai disque dur si le serveur gère des petits fichiers, comme le font les serveurs Web. Le SAN, grâce à sa structure permet d’effectuer de nombreuses opérations par seconde sur les fichiers, est parfait pour l’utilisation standard en web ». Les expériences des premiers utilisateurs seront donc intéressantes à analyser.
D’un point de vue commercial, le fournisseur fait également un pari risqué. En parcourant son catalogue, on retrouve des offres de boites mails sur une infrastructure mutualisée, de la téléphonie sur IP en passant par l’espace de travail collaboratif sans oublier le streaming audiovisuel.
Pour les plus exigeants, toutes ces applications nécessitent la plupart du temps un serveur dédié « traditionnel » pour fonctionner dans des conditions optimales. C’est d’ailleurs suite à ce constat que le prestataire avait lancé en 2006, une offre de serveur dédié d’entrée de gamme à 19,90 euros HT par mois baptisée Kimsufi. On se demande alors quelle pourrait être l’utilité « réelle » du RPS…
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