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Heetch joue la carte du covoiturage urbain en complément aux VTC

« On a attendu tout ce temps la bave aux lèvres pour que l’on nous dise que c’est devenu un F#* »ing blablacar [sic] ».

Ce commentaire d’un internaute sur la page Facebook de Heetch témoigne de la circonspection que suscite la manière dont la start-up a réintroduit, sur son application de mobilité nocturne, le transport entre particuliers.

Le service qui voit le jour dans ce cadre est ouvertement présenté, dans les CGU entrées en vigueur mercredi 17 mai 2017, comme du covoiturage courte distance.

Heetch l’assure, en réponse à un utilisateur dubitatif : « Tu te doutes bien […] qu’il s’agit d’une offre différente […] en cohésion avec la décision de la justice ».

La question covoiturage

La décision en question, le tribunal correctionnel de Paris l’avait rendue début mars, condamnant l’entreprise à verser plus de 600 000 euros en dommages-intérêts pour complicité d’exercice illégal de la profession de taxi, pratique commerciale trompeuse et organisation illégale d’un système de mise en relation avec des chauffeurs non professionnels.

Heetch avait, en conséquence, suspendu l’exploitation de son app, qui fédérait alors 200 000 utilisateurs revendiqués pour 40 000 trajets hebdomadaires.

Lors de l’audience tenue les 9 et 10 décembre 2016, la start-up soutenue notamment par Xavier Niel avait tenté de mettre son service sur le même plan que le covoiturage, soulignant le caractère optionnel de la participation aux frais : aucun prix imposé, les passagers décident s’ils donnent de l’argent et combien.

Le tribunal avait, d’une part, jugé que, dans les faits, le passager était incité à verser la somme suggérée par l’appli, sous peine d’être, entre autres, mal noté par les chauffeurs ; et de l’autre, exclu toute intégration dans le champ du covoiturage, le point d’arrivée étant déterminé par le passager.

Le changement, c’est maintenant

Changement d’approche avec la nouvelle offre « la Base » activée cette semaine : c’est le chauffeur qui a la main. Il renseigne ses lieux de départ et d’arrivée, précise l’indemnité kilométrique demandée – dans une limite de 60 centimes d’euro du km – et indique s’il accepte ou non de faire un détour (lequel ne pourra excéder le tiers de la distance de l’itinéraire initial).

L’application enclenche alors la mise en relation avec un passager à proximité de l’adresse de départ et dont la destination est dite « compatible ».

Spécifiant qu’il est « strictement interdit » d’utiliser le service « aux fins de réaliser un quelconque bénéfice ou profit », Heetch annonce prendre une commission de 3 euros TTC « plus ou moins 0,50 euro pour des raisons d’arrondis en fonction du montant de la participation aux frais du véhicule du conducteur particulier ».

Calculé sur la base de l’indemnité kilométrique définie et de la distance estimative du trajet, ce montant est fourni « à titre indicatif ». La commission est intégrée au prix que l’app communique au passager.

Du côté des chauffeurs, on est limité à deux destinations par soir, avec une attente minimale de 15 minutes entre les trajets… même s’il y quelques astuces.

Reconnaissant que cette solution n’est « pas la meilleure » pour ses utilisateurs, Heetch affirme toutefois avoir « bon espoir que […] l’encadrement de l’économie collaborative, et plus particulièrement celui de la mobilité partagée, se clarifie, permettant enfin le déploiement d’initiatives privées répondant à des besoins d’utilité publique ».

Cette inadéquation avec la demande, notamment celle des 18 – 25 ans qui représentent 80 % de la communauté au dernier pointage, Heetch l’avait déjà admise à propos de son offre lancée à la mi-mars sur la base de chauffeurs professionnels. Un concurrent d’uberX qui devait aider l’entreprise à « survivre ».

Crédit photo : compte Instagram @heetch_fr

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