Heetch : le redémarrage se confirme avec une levée de fonds

Malgré une lourde condamnation en justice qui l’a contraint à revoir le modèle d’exploitation de son app de mobilité nocturne, Heetch attire encore des capitaux.

La start-up annonce un tour de table de 10 millions d’euros.

Deux actionnaires historiques (Alven et Via ID) remettent au pot dans le cadre de cette opération emmenée par Felix Capital.

La participation de ce fonds créé en 2015 au Royaume-Uni par le Français Frédéric Court – et qui a déjà investi dans l’économie « collaborative » avec Deliveroo, Frichti ou encore La Ruche qui dit Oui – témoigne des ambitions de Heetch en matière de développement à l’international.

Aujourd’hui accessible dans six villes de France (Paris, Lyon, Marseille, Lille, Nice, Bordeaux), le service l’est aussi à Bruxelles, Milan et Stockholm.

Il est prévu un lancement dans deux pays supplémentaires d’ici à la fin de l’année, avec Londres en première ligne.

Une vingtaine de personnes seront recrutées pour accompagner cette expansion, entre responsable marketing, designer senior, data analyst et « chargé de bien-être utilisateurs » (cf. la liste des postes actuellement ouverts).

Un nouveau modèle

Heetch se projette à l’horizon 2019 avec l’objectif de réaliser, à cette échéance, 300 000 trajets par semaine, dont la moitié hors de France.

Le compteur officiel en est, pour l’heure, à 70 000 trajets par semaine, répartis à raison de 40 000 sur l’offre « Le Pro » et 30 000 sur l’offre « La Base ».

L’application propose effectivement, depuis quelques mois, deux services distincts, dans la lignée de la condamnation sus-évoquée.

Le 2 mars 2017, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Heetch à verser plus de 600 000 euros en dommages-intérêts pour complicité d’exercice illégal de la profession de taxi, pratique commerciale trompeuse et organisation illégale d’un système de mise en relation avec des chauffeurs non professionnels.

Lors de l’audience des 9 et 10 décembre 2016, la start-up avait tenté de mettre son service sur le même plan que le covoiturage, soulignant le caractère optionnel de la participation aux frais : aucun prix imposé, les passagers décident s’ils donnent de l’argent et combien.

Le tribunal avait, d’une part, jugé que, dans les faits, le passager était incité à verser la somme suggérée par l’appli, sous peine d’être, entre autres, mal noté par les chauffeurs ; et de l’autre, exclu toute intégration dans le champ du covoiturage, le point d’arrivée étant déterminé par le passager.

Il a donc fallu changer d’approche.

La solution covoiturage

L’exploitation de l’app, suspendue avec la décision de justice, avait repris à la mi-mars avec uniquement des chauffeurs professionnels (offre « Le Pro »), aujourd’hui au nombre de 5 000.

Heetch avait, à l’époque, reconnu que cette formule ne pourrait « pas répondre pleinement » aux besoins de la majorité des utilisateurs, mais qu’elle l’aiderait à « survivre » (15 % de commission).

Le transport entre particuliers avait été réintroduit en mai avec « La Base », présenté comme du covoiturage courte distance.

Par rapport au service sanctionné par la justice, ce n’est plus le passager qui a la main, mais le chauffeur. Ce dernier renseigne ses lieux de départ et d’arrivée, précise l’indemnité kilométrique demandée et indique s’il accepte ou non de faire un détour.

L’application enclenche alors la mise en relation avec un passager à proximité de l’adresse de départ et dont la destination est dite « compatible ».

Pour s’assurer d’être en conformité avec la décision de justice, Heetch a posé des garde-fous. Les chauffeurs sont notamment limités à deux destinations par soir. Et il leur est, plus globalement, « strictement interdit » d’utiliser le service « aux fins de réaliser un quelconque bénéfice ou profit ».

« La Base, dans sa configuration actuelle, ne permet malheureusement pas d’absorber les pics de demande et de développer de la mobilité sur les zones peu denses en déplacements », reconnaît l’entreprise soutenue entre autres par Xavier Niel.

Et d’en appeler, une fois encore, à une évolution du cadre législatif, pour ne pas permettre uniquement « l’essor du covoiturage longue distance avec des trajets planifiés à l’avance ».

Crédit photo : Heetch

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