On l’a baptisé « UMTS de deuxième génération ». Le HSDPA (High Speed Downlink Package Access) est une technologie d’accès Internet haut débit mobile qui fait frissonner les opérateurs mobiles français, alors qu’ils ont lancé leurs premiers services mobiles de troisième génération (3G) il y a juste un an. Pour Henri Tcheng, Managing Director du cabinet d’études BearingPoint chargé du secteur des télécoms, nul doute que les opérateurs se positionnent déjà sur le déploiement du HSDPA en France. Mais il reste à savoir quelle place ils vont réellement accorder à cette technologie dans une période de convergence entre communications fixes et mobiles, synonyme de confusion. (Interview réalisée le 21 décembre 2005)
Vnunet.fr : A quelle échéance le HSDPA devrait-il arriver en France ?
Henri Tcheng: Nous pouvons envisager son arrivée dans la période 2007-2008. Nous pensons que ce sera la bonne fenêtre de tir car l’investissement est beaucoup moins massif que pour le déploiement 3G. Le HSDPA est à la 3G ce que le GPRS est à la 2G.
D’un point de vue technologie Internet haut débit, où en seront-nous par rapport à nos voisins européens et aux autres grandes zones régionales ?
Pour l’Europe, je n’ai pas de vision particulière sur le sujet. Les laboratoires 3G, 4G voire 5G se situeront encore pour longtemps entre le Japon et la Corée. La concurrence pour le HSDPA pourrait provenir de la télévision sur le mobile via la norme DVB-H car la qualité d’image est nettement supérieure. Il existerait une réelle confrontation entre le mode broadcast et l’utilisation de réseaux de télécommunication. Parallèlement, la montée en haut débit fixe pourrait servir à une déclinaison nomade. Il n’est pas certain encore que les réseaux 3G et futures évolutions seront les gagnants du haut débit nomade.
La technologie HSDPA est-elle réellement prête pour un marché de masse ? Selon une expérimentation de Motorola, elle laisserait perplexe sur certains points?
En novembre, j’ai assisté à une démonstration lors d’une animation 3G de SFR qui était organisée Place Vendôme dans le centre de Paris. Cela tournait plutôt bien avec un débit supérieur à un Mbit/s. Bien sûr, comme pour toute nouvelle technologie déployée, le HSDPA aura besoin de mises au point. Rappelez-vous au début de l’UMTS, on expliquait que certains terminaux fondaient dans les mains des utilisateurs et que l’autonomie des batteries ne suivait pas.
Quel gain en débits allons-nous obtenir par rapport à l’UMTS première génération ?
En guise d’estimation, on peut multiplier par cinq le débit actuel que l’on observe avec l’UMTS en passant de 300 Kbit/s à 1,5 Mbit/s. C’est un progrès déjà considérable mais les laboratoires qui travaillent sur la 5G assurent que l’on peut obtenir 20 Mbit/s sur un réseau mobile.
Il paraît difficile d’avoir une idée du futur du haut débit mobile. Tout s’accélère?
En fait, cela pose aux opérateurs un vrai problème de retour sur investissements. Ces déploiements de réseaux peuvent être très coûteux. L’accélération des innovations dans ces technologies haut débit mobile fait que leur durée de vie est très courte. A terme, il faudra peut-être sauter une génération de réseau pour passer directement à la suivante. C’est un peu ce que Bouygues Télécom a choisi de faire en sautant le cap de l’UMTS première génération pour se concentrer sur son futur déploiement HSDPA.
Quels nouveaux services peut-on attendre avec le HSDPA ?
Je ne suis pas sûr que la technologie HSDPA par elle-même va engendrer de nouveaux services. Elle reste fondée sur une classique commutation par paquets sur réseau mobile. Certes, on attend une montée en puissance du débit, ce qui va faciliter l’usage de services 3G très consommateurs de bande passante pour le GPRS et l’UMTS. Par exemple, la visiophonie, dont l’usage est balbutiant en l’état actuel, est davantage un problème de vitesse d’adoption d’un nouveau mode de communication. Peut-être que dans un délai de cinq ou dix ans, il sera naturel d’utiliser un terminal visio.
Avec la hausse du haut débit mobile, les usages Internet haut débit sur un poste fixe vont-ils être déclinés sur le mobile ?
Tout à fait. Il existe dorénavant une vraie concurrence entre réseaux fixes et réseaux mobiles et entre les réseaux de diffusion et les réseaux télécoms. Et les enjeux financiers sont énormes.
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