Après s’être allié avec Sun (voir édition du 9 août 2001), Hitachi s’attache un second acteur de poids dans le monde du stockage en prenant pour partenaire IBM. Les deux sociétés, respectivement numéros 2 et 3 du marché, annoncent la création d’une joint-venture dans les disques durs qui fera passer les activités d’IBM sur ce segment sous le contrôle du groupe japonais. Hitachi détiendra en effet 70 % du capital de la nouvelle entité commune, après la reprise à IBM de ces activités. Actuellement, IBM tire de ces activités un chiffre d’affaires annuel d’environ 3,5 milliards de dollars, soit quatre fois supérieur à celui de Hitachi sur ce même segment. Hitachi, en contrepartie, reversera une part du chiffre d’affaires à IBM, laquelle pourrait avoisiner le milliard de dollars selon le Wall Street Journal.
La décision d’IBM intervient au moment même où ce dernier publie ses plus mauvais résultats depuis 1993. IBM a dégagé au premier trimestre un bénéfice de 1,19 milliard de dollars, contre 1,75 milliard un an plus tôt. Le chiffre d’affaires (18,6 milliards) est en recul de 11,8 %. Les ventes de matériel, qui ont baissé avec un chiffre d’affaires en retrait de 25 %, confortent ainsi la rumeur selon laquelle IBM pourrait se retirer du marché des PC. Et l’annonce du désengagement d’IBM dans le domaine des disques durs ne contredit pas cette hypothèse. Il est vrai aussi que la marge brute dans le hardware a baissé en un an de 8,7 points. Les mauvais résultats semblent justifier la cession à Hitachi de sa division disques durs. « L’industrie du disque dur est très concurrentielle. Et les meilleurs seront les entreprises capables d’allier une réelle avance technique à des économies d’échelle globales », explique le vice-président d’IBM Nicholas Donofrio. Les difficultés financières d’IBM ne permettent dès lors plus à la société de se maintenir sur un tel secteur, d’autant que ses investissements en recherche et développement sont en recul de 6 %.
Une interopérabilité indispensable
Par ailleurs, les deux groupes annoncent un renforcement de leur politique d’interopérabilité avec la mise en place de normes et de standards communs, notamment dans le domaine de la gestion de systèmes de stockage. Les entreprises ont aujourd’hui diverses solutions de plusieurs fournisseurs, et il est plus que primordial, pour avoir une bonne maîtrise de l’ensemble, de pouvoir gérer des matériels et logiciels de constructeurs différents.
HDS semble appliquer la même stratégie qu’EMC. Ce dernier, pour assurer sa place de leader, s’est allié à un partenaire de poids en passant des accords avec Dell (voir édition du 23 octobre 2001). Aujourd’hui, HDS fait de même avec un autre constructeur de poids, IBM. Avec une différence essentielle toutefois : EMC recherchait surtout, dans son accord avec Dell, les avantages du système de distribution directe de Dell qui lui permettrait alors, selon Joseph Tucci, PDG d’EMC, « d’accroître le rayon d’action d’EMC » et de « gagner plus rapidement des parts de marché ». L’accord avec IBM ne semble pas vouloir aller aussi loin…
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