Huawei a-t-il sous-évalué les conséquences des mesures que l’administration américaine a décrétées à son encontre ?
En quelques semaines, le discours de son CEO Ren Zhengfei a changé du tout au tout.
Peu après l’officialisation des mesures en question, le dirigeant affichait sa confiance auprès de la presse chinoise. « Les États-Unis sous-estiment [nos] capacités », avait-il déclaré.
L’intéressé a depuis lors retourné sa veste, dans la forme comme dans le fond. Il reconnaît désormais anticiper un manque à gagner de 30 milliards de dollars sur l’année 2019. Et d’affirmer : « Nous ne pensions pas que [les États-Unis] feraient preuve d’une telle détermination […] sur tant d’aspects ».
Au nom de la sécurité nationale, Huawei a été, entre autres, placé sur une liste noire qui interdit toute organisation américaine de lui fournir produits et services, sauf autorisation expresse.
Le groupe chinois subit depuis lors des ruptures à divers degrés de ses relations commerciales, avec ses fournisseurs, mais aussi avec ses clients.
Au-delà du problème des composants, les restrictions empêchent Huawei de collaborer avec de nombreuses universités et organisations internationales. Et même, souligne Ren Zhengfei, de se connecter à des réseaux qui utilisent des composants américains.
À en croire Bloomberg, la multinationale se prépare à une nette baisse de ses ventes de smartphones à l’international en 2019. En l’occurrence, 40 à 60 millions d’unités de moins par rapport à l’année 2018 (durant laquelle Huawei a vendu 208 millions de smartphones dans le monde).
Dans ce contexte, plusieurs fournisseurs américains (dont Intel, Qualcomm et Xilinx) se sont ligués pour en appeler à un assouplissement des mesures visant Huawei.
Ils en appellent à la clairvoyance de l’administration Trump pour ne pas mettre sur le même plan les activités du groupe chinois ayant trait aux réseaux… et le reste de son business. Seules les premières seraient véritablement susceptibles de représenter une menace pour la sécurité nationale.
Broadcom n’aurait pas accompagné ces démarches de lobbying, mais ses déclarations ont marqué : dans la situation actuelle, il perdrait 2 milliards de dollars de revenus en 2019.
Sur les 70 milliards de dollars que Huawei a dépensés en composant sur l’année 2018, 11 milliards sont allés à des entreprises américaines.
Photo d’illustration © Huawei
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