« La technologie n’est rien sans ses utilisateurs », déclarait Olivier Nérot, président et cofondateur d’Amoweba, une jeune start-up française créée en août 2000 autour de Human-Links, un nouveau moteur de recherche reposant sur le principe du peer-to-peer (poste-à-poste). En résumé, plutôt que d’adresser ses recherches d’information vers un serveur centralisant les pages indexées, Human-Links propose d’interroger les ordinateurs des internautes qui se chargent de référencer eux-mêmes les pages Web correspondant à leurs requêtes. Idée originale et ingénieuse qui repose, comme le faisait donc remarquer son fondateur, sur la bonne volonté des participants. C’est bien là que la faille semble résider.
Au lancement de Human-Links, en juin dernier, Amoweba espérait atteindre les 500 millions de pages référencées en une soixantaine de jours avec 650 000 utilisateurs(voir édition du 17 avril 2001). Aujourd’hui, la société informe que « le taux de participation au réseau est encore trop faible pour permettre une véritable recherche collaborative et pertinente ». Seules 5 000 personnes ont téléchargé le logiciel permettant d’indexer 90 000 pages. Et 95 % des utilisateurs se concentrent sur le territoire français. Autrement dit, le faible nombre d’internautes ayant installé le module de recherche sur leur disque dur remet en cause la fiabilité de la technologie et donc le projet.
Pourtant, Yves Simon, le vice-président d’Amoweba, se veut serein. « D’abord, la campagne marketing qui devait accompagner le lancement du produit a été annulée », explique-t-il. Ce qui expliquerait la faible adhésion au projet. « Mais nous avons accueilli plus de 25 000 visiteurs et plus de 150 articles de presse ont été publiés », continue-t-il, « c’est clairement un succès ». Il reconnaît cependant que le packaging« n’était pas extraordinaire » et que la première version « a pu en dérouter certains ». D’où, notamment, l’annulation d’une campagne publicitaire en inadéquation avec un produit non finalisé. Enfin, Yves Simon est convaincu de la validité de sa technologie. « Les systèmes distribués sont les seuls à ne pas avoir le problème de l’approche centralisée par rapport à l’aspect chaotique du réseau », explique-t-il, « et là où Google dépense des millions de dollars en équipement matériel qu’il faut sans cesse mettre à jour, nous proposons une solution très économique. »Cap sur les diffuseurs de contenus
L’assurance d’être dans la bonne voie n’en remet pas moins en cause l’approche du marché. Si, au lancement, Amoweba mettait l’accent sur le partage entre « simples » internautes, il réoriente aujourd’hui sa stratégie vers les diffuseurs de contenus. Autrement dit, les administrateurs de sites auxquels Amoweba destine dorénavant Human-Links qui offre l’autoréférencement des pages. « L’indexation est instantanée, il n’y a pas de délai de mise à jour comme avec les moteurs traditionnels », justifie Yves Simon, « c’est gratuit et cela permet de visualiser la communauté d’utilisateurs de manière dynamique ». Il précise par ailleurs que Human-Links permet de spécifier les communautés d’échange et de paramétrer les conditions de partage. Si Yves SImon reconnaît que « tant qu’il n’y aura pas assez de sites Web équipés de Human-Links, ça ne marchera pas », il compte aussi « sur le bouche-à-oreille » pour faire connaître son produit. Du coup, le concours promotionnel est prolongé de deux mois. La nouvelle version 1.3 devrait être mise en ligne avant la fin de la semaine.
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