IBM réveille le PowerPC
Produisant un rare effort, IBM fait tout pour fournir au marché une alternative au binôme Windows-Intel. Mais le couple mythique n’est pas le seul visé, les technologies d’ARM et de MIPS sont également en ligne de mire. Stratégie affichée de Big Blue : imposer partout (ou presque) son PowerPC grâce à de futures et prometteuses versions baptisées POWER5 et PowerPC 970.
IBM ne cache plus ses objectifs : fournir une solution de calcul en mesure de satisfaire toute la chaîne du marché de l’informatique et des télécommunications (voir édition du 10 octobre 2002). Cheval de Troie envisagé : l’architecture PowerPC, longtemps restée en sommeil. Big Blue entend la relancer, sur le marché des serveurs et des solutions dédiées aux calculs intensifs notamment, en commercialisant un processeur 64 bits, le POWER5. Successeur du POWER4 lancé en 2001, il devrait développer quatre fois plus de puissance et serait en mesure d’offrir le choix, côte système d’exploitation : AIX ou Linux. Destiné, certes, aux superordinateurs (un ordinateur composé de 12 544 puces en vue de simuler les explosions nucléaires est d’ores et déjà prévu), il devrait également équiper des systèmes moins imposants. IBM prévoit en effet de dévoiler en 2004 une solution reposant sur 64 processeurs, le Squadron, en mesure de concurrencer celles de Sun. Quant aux segments inférieurs, ceux des petits serveurs, des stations de travail et des gros ordinateurs personnels, ils ne sont pas oubliés. A eux le PowerPC 970 (voir édition du 16 octobre 2002) et ses successeurs, tous dérivés de la série des POWER, qui viendront peu à peu remplacer les processeurs Intel Xeon encore fournis sur les serveurs de la marque. Premiers concernés : les serveurs lames (voir édition du 26 octobre 2002), ces serveurs qui tiennent sur une carte, souvent dédiés aux applications d’hébergement et au clustering. En nouvelle version, ils emporteraient deux PowerPC 970 et se rangeraient sur des châssis capables de les stocker par lots de quatorze. En fait, IBM concède qu’il entend, avec ces processeurs, se faire une place au soleil aux dépens d’Intel (87 % du marché actuel), quitte à les distribuer auprès d’autres constructeurs, histoire de faire du volume. Apple, bien qu’elle n’ait encore rien confirmé, serait sur les rangs.
Processeurs sur mesure
Mais la course d’IBM ne s’arrête pas là : le PowerPC doit entrer partout, d’où le concept du processeur à la demande ! « L’idée est de proposer à nos clients une voie d’utilisation des puces PowerPC couvrant un large spectre d’applications. Nous sommes sur cette voie depuis un certain temps et nous voulons l’étendre à de nouveaux clients pour de nouvelles applications », a indiqué Lisa Su, la directrice des produits PowerPC chez IBM. En fait, Big Blue, en fournissant les composants de l’architecture PowerPC, permet à ses clients de réaliser des modifications sur les processeurs, d’y ajouter des fonctions ou même d’en concevoir des versions répondant davantage à des besoins précis. Il entend même faire fabriquer les puces dans des usines sous licence, et non plus dans ses seules fonderies. Le programme se limite actuellement à la série des PowerPC 400, dite « systèmes sur puce », principalement utilisée sur des équipements de réseau et de stockage. Ces processeurs 32 bits, à faible consommation électrique, sont capables de calculs intensifs à des fréquence variables et pourraient équiper des assistants personnels, des set-top boxes ou des imprimantes. Le PowerPC 405LP, par exemple, fait déjà ses preuves sur un PDA sous Linux. Le pari d’IBM : favoriser la conception de systèmes nettement plus économiques que ceux actuellement commercialisés. Ses concurrents : les produits de MIPS technologies et d’ARM, actuels spécialistes du domaine. Son but ultime : une standardisation de fait de son architecture PowerPC sur l’ensemble des segments, ou presque, du marché informatique. Un effort qui sera sans doute soutenu par Apple, le moment venu, même si la firme n’a toujours pas confirmé la probable adoption du PowerPC 970…