Il ne faut pas démanteler Microsoft !
Face au déchaînement de rancoeur de nombreux concurrents de Microsoft après les conclusions du juge Jackson, des voix s’élèvent pour « défendre » la société de Bill Gates. Leur point de vue, mis en avant par Michael Cowpland, est que diviser Microsoft en plusieurs entités créerait plusieurs monopoles au lieu d’un seul.
Que faire de Microsoft ? Si certains réclament son démantèlement en entités distinctes (voir édition du 5 avril 2000), d’autres ne sont pas franchement pour. Pour ceux-là, la première solution présente plus de désagréments que d’avantages. En effet, comme l’explique Michael Cowpland, Président de Corel, la séparation en plusieurs divisions, pourrait mener, à terme, à la création de plusieurs monopoles à la place d’un seul pour Microsoft. Soit un mal pour un bien pour les concurrents de Microsoft. Un avis partagé par de nombreux professionnels, comme l’a démontré un rapide sondage téléphonique de nos confrères de ComputerWorld auprès de 132 dirigeants de sociétés informatiques. 65 % d’entre eux déclarent même que les pratiques de Microsoft sont positives pour l’industrie du fait des standards qu’elles induisent.
Michael Cowpland ne va, bien sûr, pas jusque là. Mais il s’inquiète de l’éclatement de Microsoft en plusieurs « Baby Bills« , en référence aux Baby Bells, résultat du démantèlement d’AT&T en 1984. Pour le président de Corel, la solution tiendrait plus dans une surveillance gouvernementale accrue des activités de Microsoft. En particulier au niveau financier, où les pratiques de Microsoft devraient être mises sous observation scrupuleuse des autorités fédérales. Autre recommandation, empêcher la vente groupée de produits, c’est-à-dire, par exemple, l’obligation pour certains constructeurs ou assembleurs d’acheter Office alors qu’ils n’ont besoin que de Windows. Ou, plus simplement, l’intégration obligatoire d’Internet Explorer à Windows, ce qui est un des points principalement reproché à Microsoft par le juge Jackson. Enfin, Michael Cowpland suggère aux autorités de prêter plus d’attention aux définitions de standards techniques, en privilégiant la compétition technologique aux intérêts commerciaux.
Malheureusement pour Corel et son président, dont Microsoft est actionnaire par le biais d’Inprise (voir édition du 10 février 2000), sa vision de Microsoft sous haute surveillance par l’état américain semble assez utopique. En effet, il faut remarquer que le premier déplacement de Bill Gates après le verdict du procès fut de se rendre à Washington pour y rencontrer le président Cinton et les sénateurs, qui lui ont, pour beaucoup d’entre eux, exprimer leur sympathie. De plus, malgré les procès successifs, les gouvernements démocrates et républicains n’ont jamais cessé d’encenser le numéro un mondial du logiciel, arguant que celui-ci est une forme de locomotive pour l’industrie américaine dans son ensemble. Autre point oublié par Michael Cowpland, les consommateurs. En effet, malgré tout, le nom et les produits Microsoft bénéficient encore d’une bonne cote de popularité auprès du grand public, les solutions concurrentes semblant plus complexes et n’ayant pas la même la artillerie marketing que celle de Redmond.