Iliad se lance à l’assaut du 118

Mobilité

La maison-mère de Free veut jouer le troublion sur le marché du renseignement téléphonique en proposant la gratuité du service.

A l’occasion de la disparition officielle du 12, ce lundi 3 avril, un nouvel acteur des renseignements téléphoniques fait son entrée sur ce marché désormais ouvert à la concurrence à travers les numéros 118 XYZ. Iliad, en l’occurrence. Et, comme à son habitude, la maison-mère de Free a bien l’intention de se distinguer du lot de la bonne douzaine d’acteurs sur le marché du renseignement téléphonique désormais ouvert à la concurrence. Comment? En proposant la gratuité là où les autres opérateurs facturent entre 0,56 et 1,12 euro l’appel sans compter une éventuelle surfacturation à la minute de communication, selon la page dédiée du site de l’Autorité de régulation (Arcep).

« Le groupe Iliad […] a décidé de proposer le premier service de renseignements téléphoniques intégralement gratuit » , souligne l’entreprise dans son communiqué. Ainsi, toute personne appelant le 118 818 obtiendra gratuitement les renseignements recherchés sur la base des données de l’annuaire universel géré par France Télécom. Gratuitement à condition d’appeler depuis une Freebox (le boîtier de télécommunication proposé aux abonnés de Free) ou depuis une ligne fixe France Télécom. Les coûts des appels issus des boîtiers concurrents restent à la discrétion de leurs opérateurs et pourraient se révéler gratuits également.

Offrir aux consommateurs les bienfaits de la concurrence

En revanche, si le service de mise en relation est également proposé gracieusement, « la communication suivant cette mise en relation est facturée au tarif équivalent à celui de l’opérateur historique » , précise le groupe. Soit entre 0,014 et 0,078 euro TTC selon la zone d’appel (locale ou nationale) et la période (heures creuses ou pleines). Et la recherche sur l’annuaire inversé est facturée 0,90 euro (0,895 précisément) par requête, toujours depuis une Freebox ou une ligne fixe France Télécom. Un coût qui se situe dans la moyenne des tarifs proposés pour ce type de prestation.

En proposant la gratuité du principal service, Iliad entend jeter un pavé dans la mare de ce nouveau marché hautement concurrentiel. « Depuis des années, les sociétés éditrices de services de renseignements téléphoniques se sont enrichies sur le dos des consommateurs. L’arrivée des numéros en 118 XYZ n’a fait qu’exacerber cette tendance, rendant cette pression tarifaire insupportable », indique le communiqué du groupe. « Iliad confirme sa stratégie d’offrir aux consommateurs les bienfaits de la concurrence », renchérit Michaël Boukobza, le directeur général, contacté par Vnunet.fr.

300 millions d’euros

A l’image d’Alice qui a vu son service d’assistance gratuit saturé par les appels, le 118 818 pourrait lui aussi se voir débordé par le succès. « Notre service est dimensionné suffisamment pour pouvoir répondre à la demande » , assure Michaël Boukobza. Le dirigeant refusera cependant de nous donner une estimation de l’activité attendue. Les renseignements seront assurés en partie par un centre d’appel sur Paris et, pour le reste, par « un prestataire externe à la France », concède Michaël Boukobza sans plus de précisions.

Récemment, UFC-Que choisir déplorait la complexité tarifaire qu’entraîne l’ouverture du marché des renseignements téléphoniques. « Quant aux tarifs des nouveaux arrivants, ils sont dans leur immense majorité plus élevés que le tarif homologué et particulièrement opaques dans leur facturation », note l’association de défense des consommateurs dans un communiqué du 31 mars 2006. Et de rappeler que le « remplaçant » officiel du 12 est le 118 711 facturé 0,90 euro par appel. Sur un marché estimé à 300 millions d’euros par an par l’Arcep, on comprend mieux l’effervescence qui se fait autour du 118 et les risques de dérives qui pourraient en découler.