Informatique et productivité : l’ère du doute

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Alors que les entreprises sont plus que jamais attentives au retour sur investissement de leurs projets informatiques, les grands groupes high-tech tentent de mieux cerner le lien entre informatisation et productivité.

L’informatique augmente-t-elle la productivité des entreprises ? Il y a encore deux ou trois ans, la question n’était pas posée, tant le lien de corrélation entre informatique et productivité paraissait évident pour tout le monde. Mais la crise du secteur high-tech aidant, le doute s’installe, même dans l’esprit des dirigeants des groupes informatiques. Microsoft a ainsi pris l’initiative de créer l’Information Work Productivity Council (IWPC), y associant Accenture, BT, Cisco Systems, HP, Intel, SAP et Xerox. Mission : financer des recherches sur les rapports entre informatisation et gains de productivité. Une première action concrète sera la création d’un centre de recherche au sein de la prestigieuse Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology (MIT). L’IWPC y investira 4,5 millions de dollars sur une période de trois ans. Sa direction a été confiée à un professeur du MIT, Erik Brynjolfsson, qui a déclaré au journal américain InformationWeek : « A l’ère de la société de l’information, le paradoxe est que nous ne savons pas mesurer correctement la productivité. » Le scepticisme gagne du terrainDu coup, les objectifs de son centre de recherche seront en premier lieu de créer des outils permettant de mesurer la productivité des travailleurs, qu’il appelle « information-workers », c’est-à-dire qui manipulent, transmettent et stockent de l’information. Dans un second temps, il s’agira d’établir si les technologies de l’information améliorent ou non la productivité et quelles sont les conditions pour que leur impact soit positif. Souhaitons pour les membres de l’IWPC que les analyses du nouveau centre de recherche n’en confirmeront pas de précédentes comme celles du rapport McKinsey Global Institute daté d’octobre 2001 qui, dans son étude sur les causes de la croissance de la productivité américaine ces dernières années, qualifiait le rôle de l’informatique de secondaire. Plus récemment, le même cabinet d’études isolait seulement trois secteurs économiques pour lesquels l’informatique a eu un impact positif et quantifiable sur la productivité : les semi-conducteurs, de la grande distribution et des services financiers. Faut-il rappeler enfin les propos d’un prix Nobel d’économie, Robert Solow, qui, dès 1987, établissait le paradoxe suivant : « Vous pouvez voir des ordinateurs partout, sauf dans les statistiques sur la productivité. » En attendant les résultats des recherches financées pas l’IWPC, il est indéniable que le scepticisme a gagné les entreprises. C’est pourquoi elles sont si attentives au retour sur investissement – ou ROI – des projets informatiques.