Innovation : entre rupture et banalisation
La 3e édition du Baromètre de l’innovation réalisé par l’Ifop avec Grenoble École de Management illustre la position délicate des entreprises face au paradigme de la croissance.
Considérée comme un levier déterminant de compétitivité, l’innovation s’inscrit comme une réalité durable dans les entreprises, qui cherchent actuellement à l’intégrer de manière élargie, sans pour autant la percevoir comme une source de rupture.
Voilà quelques-uns des principaux constats établis par l’Ifop dans la 3e édition annuelle de son Baromètre de l’innovation (document PDF, 29 pages). Réalisée en partenariat avec Grenoble École de Management, l’enquête s’appuie sur les témoignages de 402 dirigeants d’entreprises de plus de 10 salariés – dans les secteurs de l’industrie, du BTP et des services – interrogés par téléphone du 10 au 18 juin 2014, selon la méthode des quotas.
Ayant fait ses preuves comme source de nouvelles opportunités à fort potentiel, l’innovation tend à se banaliser. Au-delà de la phase amont d’exploration et de création de nouvelles offres, les entreprises sont entrées dans une phase d’optimisation, avec un objectif de transformation en valeur marché. Cette maturité est néanmoins plutôt propre à l’innovation en zone de légitimité : il s’agit de rester compétitif dans le business existant, là où l’entreprise dispose d’acquis. La notion de rupture est surtout l’apanage des grands groupes… ou au contraire des très jeunes entreprises.
La banalisation des phases d’exploration et de création d’offres entraîne une légère baisse des investissements et de l’importance perçue vis-à-vis de l’innovation, mais celle-ci reste un élément crucial conditionnant les trois indicateurs clés de la performance des entreprises : la qualité, la réactivité et la productivité.
Des facteurs d’influence
Assimilée à un moyen au service de la performance plutôt qu’à une fin en soi, l’innovation est, d’après les dirigeants interrogés, fortement influencée par l’environnement externe de l’entreprise. Ils sont 77% à considérer que l’environnement d’affaires est favorable à leur politique en manière d’innovation ; 67% pensent de même pour l’environnement territorial ; 62% pour l’environnement de marché ; 57% pour l’environnement politique, réglementaire et fiscal.
Dans 76% des cas, des moyens spécifiques sont alloués à l’innovation, malgré une tendance au transfert de budgets au profit de l’organisation, du management et du process. Plus de la moitié des sondés (55%) estiment que ces moyens sont « importants » : ce taux en baisse de 8 points sur un an semble illustrer la transition d’une phase d’idées nouvelles à leur diffusion sur les marchés.
Pour 77% des dirigeants, les ressources dédiées à l’innovation ont effectivement permis de concrétiser des idées (+ 21 points d’une année à l’autre). 79% considèrent que le climat interne et l’implication du personnel sont les principaux éléments favorisant le processus. 78% évoquent la capacité de décision stratégique ; 71%, la qualité de gestion ; 70%, la clarté des objectifs.
Mais quel est, selon les 402 répondants, l’impact de l’innovation sur l’entreprise ? Essentiellement la production de connaissance (72%), la création de produits et services (70%), le développement de nouvelles activités (68%) et la transformation des pratiques managériales (68%).
Des 35% de dirigeants qui ont mis en place un système de suivi et d’évaluation de l’innovation, 69% se disent satisfaits. 83% ont constaté un effet positif sur la qualité globale de leur offre ; 79%, sur l’image et la visibilité de leur entreprise ; 74%, sur sa différenciation ; 70%, sur la réactivité et les délais.
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