Le Pentium 4 d’Intel est-il, oui ou non, moins puissant que le Pentium III ? Et dans ce cas, les constructeurs ont-ils menti aux utilisateurs en leur faisant croire le contraire ? Telles sont les questions, posées par un groupe de clients mécontents de l’Illinois (Etats-Unis), auxquelles devra répondre le juge, si jugement il y a. Ces mêmes PCistes s’estiment également trompés par le fait que le P4 était présenté comme plus puissant que les Athlon d’AMD.
Ce groupe de mécontents, qui a déposé plainte le 3 juin dernier, ne s’en prend pas seulement à Intel mais aussi à divers constructeurs dont Hewlett-Packard et Gateway notamment. Selon les plaignants, ces industriels auraient joué le jeu d’Intel en mettant en avant la puissance inégalée du P4. Pour le moment, on ignore le nombre exact de plaignants. Mais s’ils obtenaient gain de cause, ils pourraient associer à leur action une grande partie des consommateurs du P4. Depuis son lancement en novembre 2000, on estime à 50 millions le nombre de puces Intel commercialisées. Cela pourrait être très dommageable au fondeur dont le processeur phare perdrait de sa crédibilité.
Une plainte irrecevable ?
Il est difficile de juger si cette plainte est recevable ou non. Et les instances juridiques ignorent encore si ce cas relève de l’Etat ou bien d’une juridiction fédérale. Aucune date de procès n’est donc encore fixée. Mais dans un cas pareil, Intel ne manquerait pas d’arguments pour faire valoir son bon droit. En termes de mégahertz, c’est-à-dire la fréquence de l’horloge de la puce, le P4 est de toute évidence supérieur au PIII. Les premiers modèles étaient cadencés à 1,3 GHz contre 1,1 MHz pour le plus puissant des PIII, limité à 1 GHz fin 2000 (même s’il atteint aujourd’hui 1,2 GHz). D’autre part, le bus frontal du P4 tourne à 400 MHz, voire 533 pour les derniers modèles (voir édition du 7 mai 2002), contre 133 MHz pour le PIII et 266 MHz pour les Athlon. Enfin, le fondeur de Santa Clara pourra mettre en avant des benchmarks d’où il ressort que le P4 est plus performant que les PIII et Athlon sur certaines applications comme l’encodage vidéo où les instructions SSE2 (propres au P4) sont intensivement exploitées.
On voit donc mal comment ce type de plainte pourrait aboutir. C’est un peu comme si, en France, un groupe de consommateurs attaquait Ariel censée laver « plus blanc que blanc » par rapport aux lessives de l’année précédente. Mais il ressort que les services marketing ont tout intérêt à ne pas user à tort et à travers des caractéristiques techniques des produits, notamment de la fréquence. Une autre solution pour éviter ce genre de plainte serait d’établir des benchmarks standard et reconnus par l’industrie. Si ce n’est pas encore le cas, il faut croire que cela n’arrange pas forcément les constructeurs.
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