Intel n’en démord pas : la vitesse est la première qualité d’un bon processeur. Le vice-président Paul Otellini l’a rappelé ce 28 août dans le cadre de l’Intel Developer Forum (IDF), le rendez-vous bi-annuel du fondeur et des développeurs, qui se tient du 27 au 30 août à San Jose. « Intel continuera à investir dans le développement, la fabrication et la technologie qui nous permettront de rester leader dans la vitesse des processeurs », a-t-il déclaré à l’occasion d’une conférence consacrée à l’avenir technologique de l’architecte du Pentium. « Alors que cette concentration sur la vitesse pure des processeurs est importante, elle n’est pas suffisante pour conduire les niveaux de croissance et d’innovation qui feront prospérer notre industrie », a-t-il ajouté devant un parterre de 4 000 ingénieurs développeurs. Pour s’en convaincre, Paul Otellini a effectué la démonstration d’un Pentium 4 cadencé à 3,5 GHz tout en indiquant que ce processeur devrait atteindre, à terme, les 10 GHz sous architecture NetBurst. La veille, le 27 août, le fondeur de Santa Clara lançait son P4 à 2 GHz (voir édition du 27 août 2001).
De nouveaux marchés à investir
Mais cette obsession de la performance ne constitue pas l’unique stratégie d’Intel qui a décidé de répondre aux nouveaux besoins des utilisateurs. Sécurité, communication, consommation d’énergie, fiabilité, tarifs et expériences d’usagers, autant de points auxquels Intel compte bien répondre avec des produits spécifiques. Parmi ceux-ci, le processeur pour ordinateur portable, marché en plein essor dans la morosité qui frappe l’industrie du PC depuis le début de l’année. L’avenir des puces pour portables passe, chez Intel, par Banias, un processeur spécialement pensé pour les notebooks et autres sub-notebooks et leurs applications (voir télégramme du 27 mars 2001). Avec un nouveau coeur logique et une nouvelle architecture, Banias intégrera une nouvelle technologie d’économie d’énergie qui se veut plus efficace que les actuels SpeedStep et Low Voltage en délivrant une puissance inégalée. Il faudra attendre le premier semestre 2003 pour voir la bête qu’Intel compte également vendre aux constructeurs de serveurs « compacts ». Transmeta et ses Crusoes à faible consommation ont du souci à se faire.
Côté serveurs, justement, Paul Otellini a fait la démonstration des McKinley, nom de code de la prochaine génération des Itanium, processeurs en 64 bits destinés aux serveurs de haut niveau. Grâce à la technologie MCA (Machine check architecture) d’Intel, la machine continue à travailler tout en détectant et corrigeant des erreurs système qu’elle est capable d’analyser. Ouvert et personnalisable, MCA apparaît comme un développement clé pour l’architecture Itanium. Autre domaine de recherche, l’Hyper-Threading. Cette technologie permettra au processeur de travailler sur plusieurs tâches de fond simultanément en répartissant mieux les ressources de l’ordinateur. « L’Hyper-Threading autorise le multiprocessing sur une seule puce », déclare le vice-président d’Intel, « nous pensons que cette technologie représente une avancée significative pour l’ordinateur ». L’Hyper-Threading devrait apparaître sur les processeurs Xeon dès 2002.
Infiniband, un futur standard de la connectique
Autant de nouvelles voies de recherche qui s’ajoutent à celles déjà en cours comme l’USB 2.0, le Serial AGP, Serial ATA et 3GIO. Ou encore l’InfiniBand, ensemble de normes développé par une association de constructeurs pour redéfinir les technologies d’entrée/sortie (I/O) et dont Intel a annoncé une série de tests sur un serveur Dell PowerEdge. Simplifier la connectique, réduire les temps de latence, améliorer la bande passante et augmenter l’interopérabilité des systèmes, tels sont les objectifs de l’InfiniBand. Parallèlement aux tests grandeur réelle en cours, Intel met à disposition des intégrateurs un kit de test matériel ainsi qu’un logiciel, l’Intel InfiniBand Software Optimization Lab, pour optimiser les applications. Deux outils qui devraient faciliter le déploiement de ce qui s’annonce comme un futur standard de la connectique.
Mais il n’y a pas que les serveurs sur le réseau, il y a aussi le peer-to-peer (P2P), technologie qui met en relation directe deux ordinateurs indépendamment de tout serveur et qui rencontre un fort succès – Napster en est l’un des exemples les plus médiatiques. Une technologie qu’Intel ne peut se permettre d’ignorer. Connaissant mieux que quiconque l’architecture de ses processeurs, Intel s’est lancé dans un programme de développement d’outils P2P. « Le P2P offre d’énormes potentiels pour étendre l’usage de l’informatique à partir d’un PC », explique Louis Burns, directeur des produits desktop. « Intel développe des blocs supplémentaires pour améliorer les échanges entre utilisateurs ». Les premiers outils P2P visent les services XML. Intel espère ainsi enrichir les applications basées sur le .Net Frameworks que Microsoft s’apprête à déployer. Bref, si l’architecte du Pentium est obsédé par la puissance de ses processeurs – dont la fabrication reste son coeur de métier – il a bien conscience que l’industrie ne repose plus seulement sur les capacités de l’unité de calcul mais s’étend à bien d’autres domaines. Domaines qu’Intel compte bien explorer, en profitant de l’IDF pour délivrer – pour ne pas dire « imposer » – sa vision de l’avenir technologique.
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