Rien n’est éternel et surtout pas les accords commerciaux. Ainsi après dix ans d’une collaboration quasi unique qui a permis à l’un et l’autre d’asseoir une position dominante dans le monde PC, Intel et Microsoft ne sont plus vraiment sur la même longueur d’onde. Chacun souhaite désormais se trouver de nouveaux alliés et suivre sa voie, loin de l’autre. Dernière anicroche en date, la mise dans le domaine public par Intel du code source des logiciels basés sur l’architecture CDSA (Common Data Security Architecture). Dès le mois prochain, Intel proposera le téléchargement gratuit des logiciels et du code source de référence de son architecture sécuritaire, dans un premier temps pour Windows 2000 puis pour Linux. Le CDSA est une plate-forme logicielle à placer entre le système d’exploitation et les applications que l’on veut sécuriser. Composé d’API (Application Programming Interfaces) spécifiques, ce composant logiciel est assez simple à intégrer dans un système d’information et bénéficie du soutien d’une partie de l’industrie informatique.
Développé avec le concours de Bull, l’architecture CDSA est aussi soutenue par IBM, qui a même investi 20 millions de dollars dans le projet. Avec l’ouverture du code source à la communauté Linux, cette plate-forme risque fort de connaître un nouveau départ. La communauté Linux manque d’outils de sécurité pour vraiment intéresser les entreprises et présenter une alternative viable aux solutions marchandes sous Windows 2000 ou sous Solaris. Car, en revanche, pour les utilisateurs et les administrateurs réseau Windows, la mise sur le marché de la version 3.0 de la CDSA ne présente que peu d’intérêt. En effet, la plupart des fonctions présentes dans le CDSA le sont aussi dans Windows 2000. Si la primeur de ce code source libre sera quand même réservée aux utilisateurs de Windows 2000, il faut noter que les versions 32 et 64 bits pour Linux devrait arriver simultanément avec l’Itanium, premier processeur IA-64 d’Intel. Un pas de plus de la part d’Intel en direction de Linux, qui devrait être le système d’exploitation de référence pour cette nouvelle famille de processeur 64 bits. Linux qui doit aussi servir de « moteur » logiciel des futurs terminaux Internet (Internet Appliances) d’Intel, d’où, une nouvelle fois Microsoft a été écarté (voir édition du 6 janvier 2000).
Toutefois, ces dernières semaines, un événement est venu resserrer les liens entre les deux sociétés. Après des semaines de négociations et de tractations, Intel est parvenu à remporter le contrat des processeurs de la future console de jeux X-Box de Microsoft. Un contrat très juteux en perspective qu’Intel est parvenu à arracher à AMD au tout dernier moment, en revenant dans les négociations avec des arguments tarifaires sur lesquels le fondeur Texan ne pouvait s’aligner. Mais la console étant prévue pour la fin 2001, il n’est pas dit que les choses resteront en l’état. Microsoft n’est pas à un revirement près et un an et demi, cela représente une éternité en informatique pendant laquelle d’autres fondeurs, comme les taiwanais de Via, ont largement le temps de développer une puce répondant aux desideratas de Redmond.
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