Intel veut signer l’arrêt de mort de la disquette

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Intel, qui n’a jamais caché ses intentions de faire évoluer les PC vers plus de simplicité, passe à l’offensive en demandant aux constructeurs de supprimer le lecteur de disquettes de leurs machines d’ici à la mi-2002. Si le fondeur a des arguments de poids en tant qu’acteur majeur des standards de l’industrie, il lui faudra convaincre les constructeurs confrontés, eux, aux exigences de leurs clients.

Selon notre confrère The Register, Intel aurait commencé à faire pression sur les constructeurs pour qu’ils suppriment le lecteur de disquettes de leurs configurations d’ici la mi-2002, mais aussi les ports série et PS/2 au profit de l’USB 2.0. Le port parallèle échappe pour le moment aux « recommandations » du fondeur mais reste en sursis. Intel n’a jamais caché son intention de faire évoluer les PC vers la simplicité et la performance, comme on peut le constater sur un document en ligne sur son site. Un document qui, cependant, traite des legacy PC, autrement dit des PC basés sur de « vieilles » technologies que, le plus souvent, les entreprises exploitent plus comme terminaux réseau sur lesquels, effectivement, le lecteur de disquettes perd de son intérêt.

Si l’intention du fondeur est louable, elle n’est pas forcément du goût de tout le monde. Et alors qu’Apple a convaincu, il y a trois ans, les adeptes de l’iMac et du G4 de travailler sans lecteur de disquettes, la société californienne qui dicte plus ou moins les règles des standards du PC pourrait être confrontée à des enjeux d’une toute autre ampleur. La suppression de la disquette se justifie aujourd’hui par ses capacités de stockage trop limitées et par le fait que les Bios gèrent désormais l’amorce système (le boot) par CD-Rom. Pour les constructeurs, la suppression du lecteur se présente comme un élément de moins à intégrer dans la chaîne de montage. Une aubaine, a priori. Enfin, le contrôleur de disquettes est fourni par le constructeur de la carte mère, notamment Intel donc. Un atout de plus en faveur de l’architecte des Pentium. Mais, comme le fait remarquer Loïc Martinelli, directeur marketing chez Dell, « il serait étonnant qu’Intel prenne le risque de perdre des clients, les constructeurs de PC, qui se tourneront vers d’autres fabricants de cartes mères ».

Les constructeurs restent sereins« On pèsera le pour et le contre », explique Patrice Bernou, porte-parole de HP France, qui n’avait cependant aucune information concrète sur le sujet de la part de la maison mère. « Si la disquette est de moins en moins utilisée, elle reste tout de même utile », ajoute-t-il. « Si le grand public peut s’en passer aujourd’hui, nombre de grands comptes voudront conserver une homogénéité avec un parc plus ancien et refuseront de se passer du support 3,5 pouces. Notre métier est d’être à l’écoute du client et de pondérer les solutions des ingénieurs. Il ne faut pas négliger le poids des bases installées et la réalité. » Paradoxalement, nombre d’entreprises installent de plus en plus de machines sans lecteur de disquettes, vecteur potentiel de virus ou de fuites d’informations.

Du côté des constructeurs de disquettes, on se veut confiant. « On entend dire ‘la disquette est morte’ mais le volume est là », nous déclare-t-on chez Imation France, « le parc installé est énorme et la baisse des ventes n’est pas si flagrante, y compris depuis qu’Apple a supprimé les lecteurs de ses machines. » Imation, qui déclare produire une disquette sur deux dans le monde, ne nous fournira pas les chiffres de ses volumes de production. « La disquette disparaîtra peut-être mais à long terme », estime-t-on. Dix ans ? Cinquante ans ? Impossible à dire. Toujours est-il que, depuis son invention, la disquette a enterré nombre de solutions de stockage qui n’avaient pas réussi à s’imposer comme standard.