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Intelligence artificielle: ces pans de jobs IT qui seront secoués

Selon Gartner, l’intelligence artificielle évincera des métiers comme les médecins, les avocats et même des professions dans l’IT d’ici 2022.

Même s’il est plus convenable de prendre du recul en termes de prospectives, cette étude du cabinet d’études estime que les bouleversements technologiques liés à l’automatisation entraîneront la suppression d’emplois peu qualifiés.

Mais l’essor des expertises du machine learning et du deep learning affectera aussi des professions plus pointues comme les médecins, les avocats voire les DSI.

Cité par Silicon.fr, Stephen Prentice, Vice-Président de Gartner, estime que « l’économie de l’intelligence artificielle et le machine learning va conduire à transformer des tâches aujourd’hui réalisées par des professionnels en des commodités à bas coût ».

Tout en poursuivant : « Des industries à haute valeur ajoutée et très compétitives pourraient devenir des fournisseurs de commodités. »

Alors, dans quelle mesure l’intelligence artificielle va bouleverser les métiers du Web ? Certains seront atténués ou disparaître, d’autres seront « augmentés » avec l’appui de l’IA et de nouvelles professions émergeront.

En guise d’éclairage, Digital Business News organisait jeudi soir (11 mai) à l’espace WeWork (Rue La Fayette, 75 009 Paris) une soirée thématique avec quatre experts IT issus d’horizons divers : Liita (dating), Qapa (recrutement), XXII (innovation) et Visionary (marketing).

Jérémy Benmoussa, Liita: « D’ici 10 à 15 ans, un vrai ordinateur auto-apprenant »

Liita est une nouvelle app bâtie sur une nouvelle approche du dating (avec cette punchline : « Au-delà du match, LIITA vous aide à briser la glace, faire connaissance et devenir intimes à travers des questions dont les réponses sont partagées avec la personne avec qui vous parlez »)

L’intelligence artificielle va devenir un passage obligé dans la relation humaine, évoque son fondateur. « Comment matcher deux personnes sur des critères non définies qui vont avoir derrière une relation éventuellement humaine ? », s’interroge-t-il. « On ne peut pas le reproduire avec des machines », évoque Jérémy Benmoussa.

Avec l’intelligence artificielle et le deep learning, on est au début de la transformation qui pourrait s’échelonner sur une dizaine d’années. Selon l’invité, « l’intelligence artificielle arrive dans tous les métiers avec certains niveaux possibles de remplacement, y compris dans la créativité ».

« La prochaine étape sera déterminante d’ici 10 à 15 ans : un ordinateur qui auto-apprend vraiment. Alors que, jusqu’ici, on a juste des exemples d’évolution avec le jeu de go et Google Deepmind et non d’apprentissage. »

Le club GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple) – mais on pourrait ajouter Microsoft et des firmes chinoises comme Baidu – avancent rapidement en la matière. « Avant, avec Amazon, on parlait surtout d’AWS (services cloud pour les entreprises). Maintenant, c’est Alexa (assistant numérique) », estime Jérémy Benmoussa.

« Chez Alphabet/Google, cela fait six ou sept ans que l’on ne parle plus de moteur, le métier consister à ré-inventer l’intelligence du futur par la médecin ou les réseaux neuronaux. »

Même constat dans l’e-commerce et sa dimension prédictive. Nous en sommes aux prémices, assure le start-upper.

Parfois, l’IA est invisible comme c’est le cas dans le domaine de la Bourse. Pourtant, elle est omniprésente à 90% de l’activité.

« Et accessoirement, cela ne coûte plus rien du tout ». Jérémy Benmoussa illustre ses propos avec IBM, qui exploite Watson : « une des plus puissantes technologies cognitives très accessibles d’un point de vue tarifaire ».

Dans sa perception de l’écosystème AI, il considère que des start-up françaises prometteuses comme Recast.ai (plateforme collaborative de bots) ont une carte à jouer. Les avancées technologiques sont fascinantes surtout avec l’avènement de l’informatique quantique.

« Lorsque Laurent Alexandre [expert NBIC*, e-santé, bioéthique] affirme que les personnes disposant d’un QI de moins de 150 d’ici 2050 n’auront pas de métiers, je pense que c’est plausible. »

Yann Depoys, Qapa : « On a encore besoin d’un bon DRH »

« Sur Qapa [moteur de recherche pour le recrutement], le machine learning simplifie les processus de recherche au regard des millions de personnes inscrites et des centaines de milliers d’emplois disponibles. Les combinaisons sont à l’infini. », estime le directeur général de la start-up RH.

« Même si Qapa est en mesure de comprendre les intentions des candidats, de cerner les offres d’emplois recherchées en priorité voire d’élargir le périmètre en fonction du parcours du visiteur sur le site, aujourd’hui encore, on a besoin d’un bon DRH. »

Certes, l’intelligence artificielle permet déjà de changer significativement avec des systèmes auto-apprenants, une sélection de CV ultra-pertinents par rapport à la recherche effectuée à un instant T.

« C’est la réalité du service Qapa. On utilise tout le déclaratif et le comportement sur le site et on enrichit la connaissance du profil du candidat pour élargir l’éligibilité. »

Sur le potentiel de l’IA exploitée en mode plateforme, Yann Depoys estime qu’il faudra se montrer vigilant sur le volet des agrégations de données en provenance de multiples acteurs. « La consolidation des données posera des questions éthiques. »

William Eldin, XXII :  » Tout ce qui est électrisé sera cognifié »

XXII est un studio d’innovation technologique, composé de 60 scientifiques docteurs, ingénieurs, créatifs et développeurs. Il compte une multitude de références clients grands comptes en réalisant des expérimentations ou des pilotes pour BNP Paribas, Bouygues Télécom, Clear Channel, Dassault, Euromedia, Google, Groupe M6, GRDF, Havas, L’Oréal, Netflix, Novartis, Paprec, Samsung, Sanofi, SNCF, Shiseido, TF1, UNICEF et WPP

Un champ d’activité IT comme la programmation sera bouleversé par l’intelligence artificielle. « Pleins de langages avec des lignes chiantes à taper vont disparaître », estime William Eldin, fondateur de XXII, un brin frondeur.

Il cite comme exemple Adobe en train de créer des moteurs tellement puissants qu’ils permettront de façonner une maison idéale en fournissant uniquement une description sommaire. L’image correspondant au désir de requérant sera automatiquement créée.

D’autres acteurs comme Nvidia (historiquement dans les GPU) creusent le filon de l’intelligence artificielle dans des segments particuliers et prometteurs comme la conduite autonome.

« Dans la majorité des entreprises, on va commencer à parler de remplacement de tâches », évoque William Eldin. La dimension bot arrive très fort également. Mais, là aussi, tout n’est que prémices.

« On est en train de créer l’architecture de ce que sera l’intelligence artificielle demain. Tout ce qui est électrisé sera cognifié », prédit-il. En l’état actuel, il faudrait davantage parler « d’algorithmes scriptés » que d’intelligence artificielle.

Le traitement automatique du langage naturel reste aussi à l’ère du balbutiement « avec une base de données et du speech to text derrière ». Mais là aussi, les choses pourraient évoluer rapidement à l’horizon 3 à 5 ans, estime Willian Eldin.

Le plus important serait de « bosser sur une prise de conscience générale » des enjeux associés à l’essor de l’intelligence artificielle. Le fondateur de XXII y voit notamment « une extension de notre QI ». L’influence du transhumanisme  rejaillit.

Yann Gourvennec, Visionary : « Intelligence sans conscience » (pour l’instant)

Ce spécialiste en systèmes d’information et en Web marketing a exploré l’intelligence artificielle de manière précoce chez Unisys à partir des années 80. « C’était la base zéro du machine learning pour faire des configurations d’ordinateurs destinées aux entreprises », se souvient-il.

Dans sa contribution apportée à la table ronde DBN, l’expert fondateur de l’agence de marketing digital Visionary s’intéresse davantage à la définition de l’intelligence (pas vraiment stabilisée selon son goût) plutôt qu’à la dimension IA.

Un sujet qui devrait faire l’objet d’une série de contributions sur le blog de Sparklane (ex-Zebaz Smart Data, fournisseur de solutions « marketing & sales intelligence »).

L’étape ultime de l’IA sera-t-elle « la conscience de la réflexion » ? « Il y a beaucoup d’étapes pour arriver à l’intelligence. On veut nous faire peur ou nous inspirer…Il y a encore un peu de boulot », évoque Yann Gourvennec.

Les développements dans le traitement automatique du langage naturel l’inspirent. Surtout lorsque l’intéressé a lui-même réalisé des prestations de traductions.

« Les algorithmes vont composer les textes tout seul. Ca me fait bien marrer. Cela favorisera le développement de tas de contenus SEO à trois sous pour le moteur Google qu’il se chargera de dégrader dans les résultats », évoque Yann Gourvenec. L’intelligence des humains a encore de la marge, estime-t-il.

A propos des vocations professionnelles dans le marketing, Yann Gourvennec estime que les technologies IA bouleverseront son domaine de prédilection.

Il renvoie à la lecture d’un ouvrage récemment publié aux Editions Kawa : « Mon directeur marketing sera un algorithme » par Stéphane Amarsy (fondateur d’Inbox spécialisé dans le marketing relationnel).

*NBIC : Nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives

(Table ronde Digital Business News animée par Bertrand Lenotre)

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