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L’intelligence artificielle à l’ère du sportif connecté : la perception de PIQ

Dans quelle mesure l’intelligence artificielle peut-elle permettre d’aller plus loin dans l’analyse de la performance sportive ? L’exemple PIQ apporte des éléments de réponse.

La start-up s’est effectivement engagée sur cette voie, après un peu plus d’un an d’exploitation commerciale de son « capteur multisport » baptisé PIQ Robot.

Une mise à jour logicielle dote le produit d’un « assistant » conçu pour donner davantage de contexte à l’ensemble des données mesurées : au-delà des informations brutes sur la vitesse, la hauteur, la force, l’amplitude ou la trajectoire, GAIA – c’est son nom – va catégoriser les actions du sportif et lui fournir d’autant plus de statistiques.

Dans l’univers du tennis, que PIQ couvre depuis l’été 2015, la mise à contribution de cette intelligence artificielle ouvre des possibilités d’analyse segmentée des frappes de balle.

« Il a fallu deux-trois mois à GAIA pour véritablement faire la différence entre un coup droit, un revers et un service », explique Cédric Mangaud, non sans reconnaître que les volées ont posé plus de problèmes, allant jusqu’à requérir l’injection de données en plus de celles collectées auprès d’une centaine d’athlètes.

Ce serial-entrepreneur du secteur Internet-télécoms est notamment à l’origine de MobileTag, SAS parisienne qui exploite le format QR code, entre autres pour la création et la gestion de campagnes marketing. Il avait pris ses fonctions chez HTC en 2010 après avoir cédé au groupe taïwanais une autre de ses start-up : Abaxia, qui développait des solutions pour promouvoir et monétiser des services d’opérateurs ou de fabricants de téléphones mobiles.

Comme son associé Ongan Mordeniz, il avait quitté son poste au printemps 2014 pour mettre sur pied la société Octonion, avec une base en Suisse et une ambition : se développer sur plusieurs verticales dans l’Internet des objets.

Image de marque(s)

PIQ, dont les effectifs sont répartis entre l’Europe, les États-Unis et Taïwan, constitue une première émanation d’Octonion.

Pour la jeune pousse installée en région parisienne (Neuilly-sur-Seine), la dynamique s’était véritablement enclenchée au printemps 2015, dans le cadre d’une levée de fonds de près de 5 millions d’euros réunissant des investisseurs aux profils variés, de Swisscom à Orkos Capital en passant par Foxconn, qui a accompagné l’industrialisation du produit.

L’équipe compte aujourd’hui 67 personnes, dont une cinquantaine d’ingénieurs. Le réseau de distribution reste localisé essentiellement en France, avec plus d’une centaine de points de vente sur les quelque 130 que PIQ revendique à l’échelle de la planète (11 aux États-Unis, 7 en Australie…).

Cédric Mangaud l’admet : il faudra dépasser les frontières de l’Hexagone, qui réunit moins de 5 % du marché potentiel de PIQ ; en l’occurrence, 2,5 milliards de personnes membres d’une fédération de sport, dont environ 25 % intéressés par la mesure de leurs performances.

L’une des clés pour conquérir ce marché sera de toucher davantage de sports. À terme, PIQ en vise 24, avec autant de marques partenaires.

Son modèle s’est construit sur ces relations exclusives : premier à entrer dans la boucle pour le golf en août 2015, Mobitee avait été suivi, à quelques semaines d’intervalle, par Babolat pour le tennis, puis Rossignol pour le ski (décembre 2015) et plus récemment North Kiteboarding pour le kitesurf. Chacune de ces marques a mis PIQ en relation avec des athlètes qui ont aidé à entraîner GAIA*.

Sur ce dernier point, on touche à un autre axe de développement prioritaire : l’exploitation des capacités d’apprentissage profond (deep learning) propres à l’intelligence artificielle, « pour l’aider à apprendre de ses erreurs », selon Ongan Mordeniz.

Il s’agira aussi d’intégrer PIQ Robot directement dans les équipements sportifs. Pour le moment, le nano-ordinateur, qui s’articule autour d’un processeur ARM dédié à l’IoT, s’insère dans des accessoires, par exemple sous la forme d’un brassard au tennis et d’un strap au ski.

LoRa ? On regarde

PIQ surveille également l’évolution des technologies de connectivité.

Le produit actuel fonctionne exclusivement sur Bluetooth, avec du NFC pour faciliter la mise en place (des étiquettes sans contact permettent au capteur de déterminer le sport pratiqué). Les réseaux IoT tels que LoRa et Sigfox sont une piste de réflexion, mais en l’état, la bande passante n’est pas suffisante pour assurer le transfert de toutes les données. Et cela pose des soucis en termes d’autonomie, la batterie n’affichant que 100 mA.

Les travaux de l’ARCEP (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) sur l’attribution de nouvelles licences dans les bandes 3,5 et 2,6 GHz pourrait ouvrir des perspectives. Le développement de l’IoT fait en effet partie des applications possibles pour ces fréquences, comme peuvent l’être les réseaux mobiles locaux à usage professionnel et la boucle locale radio (BLR) pour le déploiement d’accès très haut débit en remplacement de la fibre.

Cédric Mangaud y voit l’occasion de faire remonter des données en temps réel lors de diffusions télévisées. Une expérimentation dans ce sens – avec les moyens actuels – a été menée dans le cadre des championnats du monde d’équitation. Mais la clientèle cible reste les amateurs, à la rigueur les semi-professionnels : PIQ ne se positionne pas sur le créneau d’un Mac-Lloyd, qui s’adresse aux clubs, avec des solutions sur mesure qui exploitent en plus la dimension de la vidéo.

Pour ce qui est de l’intégration d’un GPS, comme on peut en trouver chez le concurrent Xensr, on nous prie de repasser dans quelques semaines, au CES 2017.

PIQ est plus disert sur l’aspect « réseau social » de son service. L’ambition en la matière est de « devenir le plus grand leaderboard de sportifs amateurs ». Tout en passant du partage d’informations (par SMS, e-mail ou sur Facebook) à la communication entre les « dizaines de milliers de personnes » qui composent la communauté.

Des procédés de gamification, à l’image des événements organisés avec les partenaires distributeurs, permettent d’entretenir cette communauté qui a « enregistré plus de 250 000 parties de tennis, plus de 300 000 sauts en kitesurf et plus d’un million de swings au golf ».

Effectivement moins évident pour les volées.

* Il est aujourd’hui question d’un taux de réussite de 92 à 95 % pour l’identification des mouvements. Les taux sont plus élevés (98 à 99 %) chez les adultes dont le geste est précis que chez les enfants, dont le geste est plus hasardeux.

Photo d’illustration de l’article : à gauche, Ongan Mordeniz ; à droite, Cédric Mangaud.

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