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Internet: la fin du mythe de la facilité ?

Après la dégonflement de la bulle spéculative en Bourse qui a vu les valeurs du secteur Internet atteindre des sommets, pour revenir à une situation que les analystes financiers qualifient de raisonnable, c’est au tour des start-up de connaître des lendemains désenchantés.

Si l’échec de la boutique en ligne de la marque Levi Strauss est passé relativement inaperçu il y a encore six mois (voir édition du 16 décembre 1999), ceux de Boo.com et de Net Imperative, deux sites britanniques, ébranlent la Net-économie. Boo, magasin en ligne de prêt-à-porter de luxe, après avoir dilapidé la quasi-totalité de 135 millions de dollars en six mois a annoncé sa liquidation la semaine dernière. Net Imperative, site de centralisation d’offres d’emplois, fut moins gourmand, seulement entre 1 et 2 millions de dollars, mais sa liquidation est tout aussi rapide.

Si la profession tente de rassurer les investisseurs, il n’en reste pas moins que cela marque un tournant au point de détruire le mythe du succès facile sur Internet. Toutefois Xavier Schallebaum, d’Appollo Invest, un capital risqueur, n’aime pas le terme de succès facile portée aux start-up. « On qualifie de succès le fait pour une start-up de lever tant de millions de francs. Le succès, ce n’est pas ça. Une levée de fonds ne peut constituer une fin en soi, ce n’est qu’un outil au service de la création d’emploi. Le vrai succès pour une start-up, c’est de générer des bénéfices ».

Olivier Protard, associé de Sofinnova Partners, estimait il y a encore deux semaines que la vague des start-up avait entraîné tout un flot d’entrepreneurs pour qui la création d’entreprise n’avait pas été réfléchie et dont le seul soucis était d’être sur la Toile afin de participer à l’aventure Internet. Il affirmait, alors, que « les entreprises ne sont pas des papillons d’une nuit. Un dossier de création ne se monte pas en quelques jours et il faut arrêter de considérer ces projets papiers où il n’y a qu’une esquisse d’entreprise ». Des affirmations dures, mais qui toutefois paraissent peindre la réalité. Dans un communiqué, la direction de Net Imperative reconnaît avoir voulu aller trop vite et trop loin. Des raisons identiques à celles évoquées par Boo la semaine dernière.

Ces deux revers interviennent au moment même où le cabinet d’étude PriceWaterhouseCoopers rend public un rapport selon lequel la majorité des sociétés Internet britanniques cotées en bourse pourraient se trouver à court de trésorerie d’ici 15 mois et un quart d’entre elles le seront dans les six mois. Selon l’étude, ce phénomène pourrait servir de catalyseur à une concentration des start-up sur les douze prochains mois.

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