Les problématiques d’infrastructure, de sécurité des données et de protection de la vie privée ne contrarient guère le développement de l’Internet mobile, qui s’impose progressivement comme un poids lourd de l’économie européenne.
Ce constat est l’œuvre du Boston Consulting Group. Dans un rapport intitulé « The Mobile Internet Economy in Europe » (et commandé, précisons-le, par Google), le cabinet international de conseil en stratégie se projette à l’horizon 2017. A cette échéance, l’Internet mobile générera 230 milliards d’euros de revenus dans « l’Europe des cinq » – en l’occurrence, l’Allemagne, l’Espagne, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie. Soit 140 milliards de plus qu’en 2014, avec un taux de croissance annuel moyen de 25 %, identique à celui de la Chine et des Etats-Unis.
La France devrait contribuer à hauteur de 42 milliards d’euros, contre 16 milliards cette année. Sachant que cette croissance ne sera pas tant portée par les ventes de terminaux et les souscriptions d’accès au réseau, mais plutôt par les applications, le contenu et la publicité. C’est le reflet des usages concrets aujourd’hui accessibles sur les smartphones, les tablettes et d’autres équipements dont les nouvelles générations sont « connectées » (téléviseurs, chaînes hi-fi, électroménager…).
La vidéo reste le premier poste de consommation de données en mobilité : sur les réseaux cellulaires, le volume devrait passer de 187 000 téraoctets par mois actuellement à 1,1 million de téraoctets dans trois ans. Un phénomène favorisé par la démocratisation des smartphones, dorénavant associés à plus de la moitié des quelque 530 millions de lignes mobiles ouvertes en Europe de l’Ouest (taux de pénétration relatif à la population : 133 %).
Exploitées dans la banque, l’éducation, la santé ou encore les services publics, les applications prennent le pas sur la navigation Web. Le Boston Consulting Group estime à 100 milliards le nombre de téléchargements réalisés dans le monde en 2013 ; c’est-à-dire autant que sur toute la période 2008-2012. L’Europe pèse environ un cinquième de ces téléchargements.
Ce qui bénéficie aux utilisateurs (cité en exemple, un voyageur qui se sert de son smartphone pour réserver son billet d’avion, déverrouiller la porte de sa chambre d’hôtel, contrôler sa maison à distance, payer des achats et communiquer avec sa famille) profite aussi aux entreprises. En tête de liste, les commerçants, qui intègrent la dimension mobile dans une logique multicanale où le point de vente physique garde de l’importance, souvent pour finaliser des transactions ou recevoir davantage d’informations sur un produit.
Dans « l’Europe des cinq », le e-commerce a généré, selon les Boston Consulting Group, 23 milliards d’euros en 2013. Dont les deux tiers sur des tablettes numériques. Les 18-34 ans font office de locomotive, eux qui, à l’échelle de la planète, accèdent déjà majoritairement à Internet via des mobiles. La baisse des prix n’y est pas étrangère. Et elle se poursuit : – 25 % en moyenne pour un smartphone dans le monde entre 2014 et 2017 ; – 38 % en Europe, sous l’impulsion de fabricants comme Wiko, qui, en France, gagne des parts de marché avec des produits à moins de 100 euros.
Le choix est particulièrement vaste en matière de terminaux Android, avec désormais plus de 18 000 modèles en circulation. C’est sans compter l’émergence – encore timide, mais bien réelle – des « wearables » : montres, lunettes, bracelets fitness, tous connectés. Et l’usage des services suit : plus de 650 millions d’utilisateurs actifs chaque jour sur mobile pour Facebook ; un trafic réalisé pour plus de moitié via les smartphones et les tablettes sur de nombreux sites médias.
Dans ce contexte, il serait difficile de revenir en arrière. C’est tout du moins ce que suggère cette « grande majorité » d’utilisateurs qui préféreraient renoncer aux médias hors ligne (excepté la TV) plutôt que de se passer d’un accès à l’Internet mobile. Cette notion de coût d’opportunité, Tata Communications l’a récemment abordée dans la 2e édition de son rapport « Connected World », qui illustrait la relation fusionnelle entretenue par les Français avec Internet. Un tiers d’entre se sont dits prêts à renoncer à un verre d’alcool pour rester connectés ; 18 % ont évoqué une activité sportive ; 32 %, une session télé ; 5%, leur « intimité »…
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