Forte augmentation du trafic de données sur les réseaux mobiles, position avancée de l’Asie dans le déploiement du très haut débit et de l’Europe dans l’adoption d’IPv6 : la dernière édition du baromètre trimestriel State of the Internet laisse entrevoir l’évolution du paysage numérique mondial.
Établi par le fournisseur de services cloud Akamai, le rapport – voir la synthèse au format PDF – couvre la période du 1er avril au 30 juin 2014.
Premier constat : malgré la médiatisation de nombreuses failles en tête desquelles Heartbleed (affectant la bibliothèque logicielle OpenSSL), la tendance est plutôt positive en matière de sécurité informatique.
La Chine concentre toujours une forte proportion d’attaques (43%, stable d’un trimestre à l’autre). A l’inverse, seules 13% trouvent leur origine aux Etats-Unis (+ 2 points en un trimestre). La plus forte progression est à mettre à l’actif de l’Indonésie : 15% des assauts y trouvent leur origine, contre 6,8% au trimestre dernier. Au global, 84% des attaques sont concentrées dans 10 pays, essentiellement en Asie-Pacifique. L’Europe est à la source dans moins de 10% des cas. Des statistiques qui ne donnent pas pour autant d’éclairage sur la localisation réelle des pirates, lesquels utilisent souvent des réseaux de machines « zombies » (les « bots »).
Exploité par le protocole de partage de fichiers SMB, le port 445 (Microsoft-DS) n’est plus le vecteur d’infiltration préféré des pirates. Avec 14% des attaques répertoriées, il est moins touché que le port 80 (HTTP)… mais plus que le 23 (Telnet), le 443 (HTTPS) et le 1433 (SQL Server), qui ont subi respectivement 10%, 7,7% et 6,7% des attaques.
Akamai note aussi un déclin des attaques DDoS : – 5% en un trimestre et – 15% en un an pour ces techniques d’assaut par déni de service distribué, de plus en plus sophistiquées et généralement déguisées en trafic « légitime ». Sur les 270 offensives recensées (soit le niveau le plus bas depuis début 2013), 154 proviennent de la région Amérique. Elles sont 67 à trouver leur origine dans la zone Asie-Pacifique et 49 en Europe – Moyen-Orient – Afrique (EMEA).
Les grands comptes restent les plus visés (80 attaques DDoS), devant les sites e-commerce (78 attaques). 18% des entreprises clientes d’Akamai ont déclaré avoir subi plus d’un attaque DDoS (contre 26% sur la période de janvier-mars). A noter qu’une organisation visée pour la première fois a environ 25% de chances d’être à nouveau touchée dans les trois mois qui suivent. Le taux de probabilité monte à 75% dans un délai d’un an.
Akamai s’arrête aussi sur la question des réseaux (très) haut débit et plus particulièrement sur le réservoir d’adresses IPv4, qui continue de s’épuiser : il en reste environ 13 millions de disponibles pour l’Amérique latine et 22 millions pour l’Europe… alors qu’environ 800 millions sont déjà actives dans le monde. Ce sont les opérateurs mobiles qui donnent le ton pour l’adoption du protocole IPv6. La Belgique reste une locomotive avec 19% du trafic global, devant la Suisse (10%) et le Luxembourg (8,8%). La France figure en 7e position au classement (4,8%).
Au niveau mondial, la vitesse moyenne de connexion à Internet a augmenté de 42% en un an, à 4,6 Mbit/s. 59% des lignes dépassent désormais les 4 Mbit/s (95% en Corée du Sud et en Bulgarie) ; 23% fournissent plus de 10 Mbit/s (78% en Corée du Sud ; 58% en Suisse) ; 12% offrent une bande passante d’au moins 15 Mbit/s et sont donc « prêtes pour la diffusion de vidéo en 4K », selon Akamai. De fortes disparités subsistent entre les pays asiatiques (24,6 Mbit/s de moyenne pour la Corée du Sud) et l’Amérique latine (le Brésil ne dépasse pas les 3 Mb/s).
La Corée du Sud se distingue aussi sur le mobile avec une bande passante moyenne de 15,2 Mbit/s, contrastant avec les 0,9 Mbit/s du Vietnam. La France se classe cinquième en EMEA avec 6,2 Mbit/s. Les meilleurs débits en crête sont toujours enregistrés en Australie, à 108 Mbit/s Conséquence de cette montée en capacité, le trafic de données augmente : il dépasse désormais les 2500 Po par mois. Le volume de données échangées lors des communications voix « traditionnelles » (hors téléphonie IP, donc) continue lui aussi de croître, à plus 200 Po.
Alors qu’Android capte plus de 80% du marché des smartphones au dernier pointage d’IDC, c’est bien sur iOS que les mobinautes consomment le plus de data. En tout cas via les navigateurs Web : réseaux Wi-Fi et cellulaires confondus, Safari représente 49% des requêtes Internet en avril-juin, contre 32% pour Android et 19% pour les autres butineurs.
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