Discrètement mais solidement installée au coeur de nos PC depuis plus de vingt ans, la société américaine Phoenix Technologies veut devenir, avec l’aide des assembleurs de PC, un acteur incontournable de l’Internet. Elle compte en effet modifier ses BIOS (les systèmes qui gèrent les entrées/sorties des ordinateurs et sur lesquels s’appuient les systèmes d’exploitation comme Windows) pour proposer des accès à des services en ligne à chaque réinitialisation du système. Elle a pour cela mis au point une technologie baptisée VBT pour Virtual Bundling Technology qui permet d’imposer l’affichage d’une sélection d’icônes sur le bureau de Windows à chaque démarrage. De la même manière que les icônes installées par Microsoft ou par certains constructeurs, les icônes de Phoenix pourront donner directement accès aux services en ligne des grands fournisseurs ou proposer l’installation d’un utilitaire livré avec l’ordinateur (anti-virus, CD-Rom de loisirs?).
La société américaine dont les BIOS équipent aujourd’hui environ 70% des PC de la planète aurait déjà signé avec quantité de partenaires comme AOL, Yahoo!, CNet ou le spécialiste de la sécurité Trend Micro.
« Il pourra y avoir quatre ou cinq icônes sur chaque bureau », explique Laurent Gharda, le vice-président du marketing chez Phoenix. Les fournisseurs de services en ligne sont particulièrement intéressés par ce genre d’offre qui leur permet de séduire un grand nombre d’abonnés. Préinstallés sur les disques durs des micros de marque, fournis avec certains logiciels comme la messagerie Notes de Lotus(voir édition du 21 juin 1999) ou encore accessibles depuis les touches de claviers spéciaux (voir édition du 15 juin 1999), les offres de connexion fleurissent sur les logiciels et les matériels. Celle de Phoenix a l’avantage de toucher un marché inexploré jusqu’ici, celui des PC sans marque. Les PC assemblés représentent environ 30% des ventes aux Etats-Unis et en Europe et Phoenix Technologies compte bien en profiter pour convaincre ses futurs « annonceurs ».
La société n’a pas hésité à créer une nouvelle filiale associée à un site Web baptisée ebetween.com afin de mener à bien ses projets. L’éditeur japonais SoftBank a déjà investi 20% dans l’affaire et a vendu son logiciel de gestion marketing SMS (SoftBank Marketing Solutions) à Phoenix. L’objectif de la filiale est d’attirer un maximum de « sponsors » et de fédérer les assembleurs de PC sans marque qui veulent proposer des services Internet sur leurs configurations. Phoenix est aussi en train de négocier avec les constructeurs de cartes mères qui installent son BIOS dans les ROM ou les mémoires Flash de leurs produits pour savoir s’ils veulent adopter sa technologie VBT et proposer les services associés dès le quatrième trimestre de cette année.
Laurent Gharda pense que le marché européen est au moins aussi intéressant que le marché américain pour cette technologie parce qu’il s’y vend plus de PC sans marque qu’aux Etats-Unis et que la concurrence des fournisseurs d’accès y est de plus en plus importante avec la baisse des coûts de connexion. « Nous ferons tout pour être présents sur ce marché. Nous offrirons par exemple la localisation des programmes de connexion », affirme-t-il.
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