Interview Adobe : « Intégrer au plus vite Fotolia pour les membres du Creative Cloud »
Michael Chaize (Creative Cloud Evangelist Adobe) commente l’acquisition de Fotolia. Oleg Tscheltzoff (CEO de la banque d’images) précise sa vision marché.
En fin de semaine dernière, Adobe a annoncé l’acquisition de Fotolia pour 800 millions de dollars.
La banque de 34 millions de photos et d’illustrations va intégrer Adobe Creative Cloud, un kit d’outils destiné aux graphistes et créateurs de tous les horizons. Michael Chaize, Creative Cloud Evangelist chez Adobe, commente l’acquisition de la banque d’images Fotolia.
Quant à Oleg Tscheltzoff, CEO et co-fondateur de Fotolia, il précise sa vision du marché alors que le service a ouvert ses portes il y a dix ans.
(Interview réalisée par mail)
ITespresso.fr : Comment va se passer l’intégration opérationnelle du service Fotolia dans le catalogue Adobe ?
Michael Chaize : Une fois l’acquisition officialisée, nous souhaitons intégrer les services de téléchargement et d’achats de media Fotolia directement dans Creative Cloud.
Suite aux résultats d’un sondage que nous avons réalisé, nous nous sommes aperçus que de nombreux utilisateurs de ce type de service sont des membres du Creative Cloud.
Dans un premier temps, notre priorité est de faciliter l’accès à la bibliothèque Fotolia et ses 34 millions de visuels.
Dans un second temps, nous souhaitons dynamiser ce service, au niveau mondial, en permettant aux créatifs d’acheter mais aussi vendre leurs créations.
Cette place de marché vient en complément du service “Creative Talent Search” que nous avons lancé en Octobre sur Behance et qui permet de poster des annonces de recherche de créatifs pour réaliser une campagne par exemple.
ITespresso.fr : Que va devenir l’équipe de Fotolia dans la nouvelle configuration ? Quid de l’avenir du service de banques d’images et de la marque Fotolia ? Combien de clients disposez-vous au dernier pointage ?
Michael Chaize : L’équipe Fotolia est composée d’environ 130 employés, principalement basés en Europe. Ils rejoindront tous la division business Digital Media d’Adobe, en charge du Creative Cloud, et resteront sous la direction d’Oleg Tscheltzoff, fondateur et CEO de Fotolia.
Oleg travaillera directement avec David Wadhwani, Senior VP de la division Digital Media. Notre souhait est d’intégrer au plus vite le service Fotolia pour les membres du Creative Cloud (plus de 3,45 millions de membres) pour faciliter leur processus de création.
Néanmoins, nous souhaitons aussi laisser le service Fotolia en accès libre, comme c’est le cas aujourd’hui: un service indépendant du Creative Cloud. Tous les contrats avec les clients, photographes et partenaires de Fotolia seront honorés.
ITespresso.fr : D’un point de vue « entrepreneur et business angel » comme Oleg Tscheltzoff, comment a évolué le marché des banques d’images sur Internet ?
Oleg Tscheltzoff : Il y a dix ans, le marché des banques d’images se résumait à quelques grands acteurs, qui proposaient des visuels assez chers et finalement peu accessibles.
Il y a bien eu quelques tentatives pour réduire le coût par image, par exemple des collections particulières vendues sur CD, mais elles se sont vite essoufflées.
Internet, la photo numérique et les micro-stocks ont tout changé. Ces trois révolutions ont permis une production moins chère, la diffusion des visuels au niveau mondial, et elles ont engendré une autre manière de « consommer » des images.
Fotolia apporte une réponse économique aux entreprises à la recherche de visuels de qualité, à un coût accessible et dans un cadre légal.
Au fil des années, nos formules d’achat se sont d’ailleurs adaptées à de nouveaux types de clients : aujourd’hui, on peut acheter des photos à l’unité, en prenant des packs de crédits, ou adopter l’une de nos formules d’abonnement.
Nos formules s’adressent aussi bien aux blogueurs occasionnels qu’aux grands médias ! Et puis, le microstock a permis de simplifier les règles d’utilisation grâce à la généralisation des licences libres de droits.
Tout cela a créé un cercle vertueux, car le coût de l’image ayant diminué, les entreprises en utilisent davantage. Si le prix des photos ne s’était pas adapté aux attentes du marché, beaucoup d’images auraient été utilisées illégalement.
Le Web, les réseaux sociaux, les supports et les nouveaux canaux de diffusion ont considérablement augmenté la consommation et multiplié les besoins en fichiers créatifs. Les opportunités de développement des micro-stocks sont intarissables !
Mais le prix ne fait pas tout. Notre offre de visuels a également beaucoup évolué ces dernières années. D’abord parce que, partout dans le monde, des milliers de contributeurs professionnels se sont spécialisés dans l’image de stock.
Ces photographes et graphistes savent mieux que personne ressentir les évolutions du marché et s’adapter à la nouvelle culture iconographique.
Si je devais citer deux tendances, ce serait d’abord la vidéo, dont la demande est en pleine croissance.
L’autre tendance, nous l’accompagnons notamment grâce à notre application mobile qui permet aux utilisateurs de smartphones de monétiser leurs meilleurs clichés et aux professionnels de dynamiser leur communication visuelle à l’aide de photographies plus authentiques, plus spontanées, dans l’air du temps !