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Interview Angus.AI : « Robotique: les grosses sociétés ne peuvent pas résoudre seules les problèmes »

D’Angus McGyver, symbole de la débrouillardise créatrice dans les séries télé, la nouvelle start-up française de la robotique a retenu le prénom : Angus.

En y ajoutant l’extension .AI. Pour « artificial intelligence ».

Angus.AI a été créée par Sylvain Girard, Gwennaël Gâté et Aurélien Moreau, trois anciens ingénieurs d’Aldebaran.

La firme française, qui a développé une grande expertise dans la robotique humanoïde, a été rachetée par SoftBank (holding Internet – télécoms au Japon) en 2014.

(Interview réalisée dans le cadre du salon Innorobo de Lyon le 2 juillet 2015)

ITespresso.fr : Dans quelles circonstances avez-vous fondé Angus.AI avec les 2 autres co-fondateurs ?

Sylvain Girard : Nous avons travaillé chez Aldebaran Robotics et nous avons participé à la conception du « cerveau » des robots NAO et Pepper.

Je suis intervenu, notamment, pour la mise en place des robots Pepper chez SoftBank au Japon.

Nous avons lancé notre entreprise Angus.AI pour démocratiser la capacité des entreprises à donner de l’intelligence et de la cognition aux machines, à l’adresse des constructeurs qui n’ont pas les moyens d’Aldebaran dans le domaine de l’intelligence artificielle.

ITespresso.fr :  Quels services proposez-vous et comment appréhendez-vous le marché de la robotique ? (Update réponse : 06/07/15)

Sylvain Girard : La raison pour laquelle nous avons crée Angus, c’est qu’aujourd’hui, le marché est en accélération dans le domaine de la robotisation. Un nombre croissant de machines deviennent intelligentes. Il y a une 1ere génération d’objets qui sont dits connectés mais ils ne font que collecter de l’information.

Reste à mettre en place l’étape suivante : ajouter de l’intelligence aux machines. Une tâche très complexe.

En 2015, les robots et machines connectés sont en train de converger vers des plateformes Linux ou Android sur la base de processeurs X86 ou ARM.

Pour 30 euros, il est possible d’acquérir un Raspberry PI [nano-ordinateur monocarte, NDLR] que nous utilisons pour nos prototypes. Cela permet à des sociétés de toute taille de s’équiper pour implémenter sur une machine, une intelligence, une reconnaissance vocale et faciale ou la détection d’obstacles.

Des compétences rares. Notre rôle est de trouver les meilleures technologies sur le marché, notamment en open source et de les packager.

Enfin, il faut que les machines travaillent dans les environnements bruyants. Il y a beaucoup de données en entrée, ce qui perturbe le système d’apprentissage des robots.

Le challenge pour tous les fournisseurs de reconnaissance vocale est de s’approcher de la performance humaine en toute circonstance, et nécessite pour cela une prise en compte toujours plus conséquente de corpus d’entraînement représentatifs de la vie réelle et son environnement bruité.

Ceci constitue le lot quotidien de tous les acteurs du domaine y compris des plus grands comme Google, Amazon ou Nuance.

ITespresso.fr : Quel est votre  modèle économique ? Quels sont vos premiers contacts ?

Sylvain Girard : Nous proposons un catalogue d’API [connecteurs] adaptées à chaque besoin pour la robotique.

Cela va de l’amateur qui va pouvoir prototyper ses machines avec ses propres données, de manière sécurisée, pour 10 euros par mois jusqu’à l’entreprise qui veut réaliser un prototype d’objets connectés industriels avec plusieurs terminaux en test.

Nous avons démarré le 15 avril et nous sommes chez l’incubateur Agoranov.

Nous avons été sélectionnés par la SNCF pour un projet de numérisation, côté réseau et gares.

Nous sommes en discussion avancée avec plusieurs sociétés qui veulent ajouter une offre d’intelligence artificielle (IA) à leur catalogue.

Nous voulons diffuser la technologie robotique au plus grand nombre, dans le mouvement des « makers ». Même les plus grosses sociétés ne peuvent pas résoudre seules les problèmes complexes de la robotique.

Notre rôle est de faire appel à l’effort communautaire des développeurs, universitaire en ouvrant une partie de nos codes.

Il y aura des sections propriétaires mais nous souhaitons que d’autres s’approprient les outils sans dépendre de nous et qu’ils soient libres de choisir qui va opérer l’intelligence des machines.

Par exemple, si on surveille une chambre de personne âgée, sélectionner les parties tierces qui hébergeront les serveurs.

ITespresso.fr : Quels sont les freins à lever pour développer la robotique de service en France ?

Sylvain Girard : Je pense que les Français sont assez ouverts aux robots. Je crois qu’il faut donner les outils pour permettre à chacun de créer de nouveaux objets. Ce n’est pas tant un problème de financement que le fait de proposer des outils de développement peu coûteux.

Aujourd’hui, le 1er niveau de sensorialité des objets consiste à courir avec son smartphone et collecter des données personnelles.

La 2ème vague de machines connectées aura une meilleure capacité de compréhension de l’environnement.

Les machines auront la capacité de voir et d’entendre ce qui se passe autour d’elles, pour être autonomes.

Il y aura une convergence entre des grosses bases de données, enrichies par des informations à valeur ajoutée, sur la personne qui est en face, son âge, son genre, ses émotions, etc.

Cela pose le problème des tiers de confiance qui stockeront ces données personnelles.

ITespresso.fr : Comment voyez-vous le futur de la robotique de service en France ?

Sylvain Girard : Au niveau français, il y a de très bonnes perspectives. Le challenge est de faire des objets fiables. Sur le plan financier, il faut des moyens pour se développer.

Nous devons convaincre nos clients que la partie intelligence artificielle n’est pas leur cœur de métier et qu’il faut la réserver à des spécialistes, sans l’internaliser.

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