Interview Bernard Larrivière – Crédit Agricole : « L’open innovation pour être agile, pertinent et différent »
Avec la pépinière pour start-up Le Village by CA, le Crédit Agricole dévoile sa stratégie « open innovation ». Mise en perspective le directeur de l’innovation et de la veille stratégique à la FNCA.
Bernard Larrivière, Directeur de l’Innovation et de la veille stratégique de la FNCA (Fédération Nationale du Crédit Agricole), revient sur l’ADN et les objectifs portés par la pépinière de start-up Le Village by CA.
Inaugurée le 15 octobre dernier, elle est implantée sur 4600 m2 au 55 rue de la Boétie, dans le VIIIème arrondissement de Paris.
ITespresso.fr : Pouvez-vous nous présenter Le Village by CA, implanté au cœur de Paris ?
Bernard Larrivière : Nous avons conçu cette initiative suite à une expérience que nous avons conduite qui a bien fonctionné et qui nous a poussé à nous dire « Voilà une façon de conduite l’innovation qui mériterait d’être développée, amplifiée et proposée non seulement à notre groupe, mais à nos clients », et plus largement à tous ceux que le développement économique concerne.
Ce projet était la création du Crédit Agricole Store, avec l’ouverture de nos API à des développeurs externes regroupés dans une coopérative, permettant de construire des applications bancaires à destination de nos clients.
Nous avons mis au point en une dizaine de mois ces applications en faisant appel aux compétences de start-up, au Crédit Agricole en interne et à nos clients qui déposent des idées d’applications sur le site. Ce projet nous a prouvé que l’ »open innovation » est plus qu’un concept, c’est surtout un moyen d’innover de façon agile, pertinente et différente.
De là est venue l’idée de regrouper dans un même endroit une pépinière de start-up, des PME, des grands groupes, les identités du groupe Crédit Agricole, des experts pour qu’ils puissent travailler ensemble.
Cela permettrait d’atteindre trois objectifs : innover ensemble, de faire du business ensemble, et transformer, c’est-à-dire faire en sorte que l’ensemble des acteurs, mais aussi tous les salariés du Crédit Agricole soient « frottés » aux nouvelles formes de création d’entreprise et aux innovations.
Si le centre Le Village by CA est implanté à Paris, notre ambition est de créer un réseau couvrant l’ensemble de la France, avec le concours de nos caisses régionales.
ITespresso.fr : Aujourd’hui, combien de start-up sont intégrées au Village ?
Bernard Larrivière : Pour l’instant, nous avons ralenti le recrutement, et actuellement 60 start-up sont hébergées au sein du Village. La capacité d’accueil est d’environ une centaine. Nous voulons garder de la place pour accueillir de belles initiatives.
ITespresso.fr : Quels sont les critères à remplir pour espérer entrer dans cet incubateur ?
Bernard Larrivière : Les critères sont larges. Nous avons déjà 550 dossiers de candidature. L’entreprise qui pose sa candidature doit avoir moins de 36 mois d’existence, doit être porteuse d’un projet innovant et d’une ambition de développement.
Nous recherchons des start-up qui vont être des accélérateurs du tissu économique en France. Car notre ambition, comme nous sommes une banque de territoires, est aussi d’être au service de cette dynamique économique.
ITespresso.fr : Privilégiez-vous certains secteurs d’activité en particulier ?
Bernard Larrivière : La question du choix des secteurs d’activité à privilégier s’est posée pour nous. Nous souhaitons représenter tous les territoires en France, et il n’était pas possible de se spécialiser dans des créneaux particuliers.
Le projet de groupe du Crédit Agricole met en exergue quatre domaines où nous sommes leaders et dans lesquels nous vouons davantage investir. Il s’agit du logement (financement, expertise et conseil, domotique, smart city), l’économie de l’énergie et de l’environnement, la santé et le vieillissement et l’agriculture et l’agroalimentaire.
La plupart de nos partenaires se reconnaissent dans au moins deux de ces secteurs.
En parallèle, nous sommes ouverts à tout type d’activités, cela va du transport à la restauration, en passant par le big data et la lutte contre la contrefaçon. Nous essayons de rester le plus diversifié possible.
ITespresso.fr : Quels sont les partenaires de cet écosystème et qu’apportent-ils aux start-up et PME innovante du Village ?
Bernard Larrivière : L’ensemble des membres de l’écosystème a quelque chose à apporter. Les partenaires apportent une contribution financière, mais surtout du temps, de l’expérience et de l’expertise sur les marchés, comme Somfy, spécialiste de la domotique, des informations concernant le droit de l’innovation, la propriété intellectuelle…
Toute une palette qui nous permet d’apporter de la compétence très ciblée sur les besoins des start-up. De leur côté, ces start-up apportent aussi aux PME et aux groupes partenaires : du temps, leur expérience…
Les partenaires lancent également des actions de parrainage pour accompagner les start-up et peuvent mettre à disposition leurs locaux ou des bureaux. Nous voulons absolument garder cet esprit d’échange et d’apports mutuels.
ITespresso.fr : Quels sont vos projets à court et moyen terme concernant l’open innovation ?
Bernard Larrivière : Des animations et des conférences sur l’innovation sont organisées régulièrement, c’est-à-dire plusieurs fois par semaine.
Nous allons également lancer en décembre une Webradio dédiée à l’innovation, qui s’appellera Radio Village Innovation, autour de trois axes : des flash infos, des témoignages de start-up et diffusion des conférences et animations qui ont lieu dans le Village.
Enfin nous travaillons avec les caisses régionales et nos partenaires au déploiement du concept dans les régions françaises, ainsi qu’à l’étranger, dont des antennes du Village à New York et Hong-Kong.
(Crédit photo Le-Village-by-CA)