Deux poids lourds du logiciel pour les entreprises se retrouvent sur le thème de la transformation numérique. En France, Sage et Microsoft lancent la solution Sage 50c Ciel (comptabilité, gestion commerciale et paie), qui intègre la solution Office 365 pour la bureautique.
Destinée aux TPE et disponible depuis la mi-mars, elle vise à combiner fonctions locales développées par Sage, le potentiel des services de Microsoft dans le cloud (en particulier Outlook et 1 To de stockage fichiers sur OneDrive) et une dimension mobile.
Sage prévoit d’enrichir ultérieurement la solution d’ici fin juin avec l’intégration de modules comme Sage Capture (app mobile pour des prises de vues factures ou de devis en vue d’une intégration directe dans OneDrive), Sage Intelligence (business intelligence) et Sage Dashboard (visualisation et exploitation d’indicateurs pour le pilotage de la comptabilité).
Vu sous un autre angle, la sortie de Sage 50c Ciel incarne la transformation de Ciel (marque commerciale pour les solutions adressées aux TPE) qui devient Sage. L’offre reprend le socle technologique de Ciel mais elle est enrichie de l’expertise de Sage dans les PME tout en pariant sur un couplage avec Office 365.
Pour ce lancement au printemps, nous avons réuni Serge Masliah, Directeur Général de Sage Europe du Sud, et Alain Bernard, Directeur de la division PME / PMI et Partenaires de Microsoft France, pour évoquer les contours de cette combinaison IT et aborder avec les deux experts le thème de la transformation numérique des entreprises en France.
(Interview téléphonique réalisée le 4 avril 2017)
ITespresso.fr : Comment décryptez cette nouvelle offre commune Sage-Microsoft ?
Serge Masliah : Elle est exceptionnelle à plus d’un titre car elle est fondée sur deux grands noms du numérique, qui sont les numéros un de la gestion et de la bureautique pour l’entreprise. Ces deux volets sont complètement intégrés.
Le front et le back-office sont exploités de manière unitaire. Par exemple, les pièces de facturation seront automatisées pour la partie comptable.
L’entreprise va aussi exploiter tout son potentiel dans le cloud avec Microsoft Outlook 365.
Enfin, outre des fonctions locales, nous ouvrons la solution à des partenaires tiers du secteur de la FinTech avec le module Clic and Cash (trésorerie avec Finexkap) et la récupération de données de comptes bancaires (avec Bankin’). On en intègrera d’autres progressivement.
Alain Bernard : Ce partenariat majeur s’inscrit dans la volonté de Microsoft de participer à la transformation numérique des entreprises.
Nous allons l’intégrer l’offre métier de Sage qui est leader sur le marché de la gestion d’entreprise et de la comptabilité et l’offre de collaboration Microsoft Office 365 qui comprend la messagerie Outlook, le partage des fichiers et la sauvegarde avec OneDrive, la communication unifiée et la collaboration entre équipes.
On peut parler d’intégration native mise à disposition des plus petites entreprises. Ce qui facilitera leur business.
ITespresso.fr : Microsoft et Sage avaient déjà collaboré pour des solutions destinées aux PME (on l’a vu au cours des TechDays 2014). Quelle cible privilégiez-vous avec Sage 50c Ciel ?
Serge Masliah : La cible privilégiée, ce sont clairement les très petites entreprises. C’est ce qui correspond aux structures d’une vingtaine de collaborateurs au maximum. Cette cible représente le cœur des entreprises françaises à 96,8%.
Elles n’utilisent que des outils basiques en termes de gestion. Ce n’est pas suffisant en termes de sécurité mais aussi de règlementation. La loi Anti-Fraude interdit la modification ou l’altération des pièces commerciales à partir du premier janvier 2018*.
J’ajouterais qu’en France, nous avons un terreau favorable de création d’entreprises (entre 140 000 et 160 000 par an). C’est énorme, sans compter les auto-entrepreneurs. Et ces TPE naissantes sont plutôt « cloud friendly ».
Alain Bernard : Les TPE représente la majeure partie du marché français. On parle d’une base de 2,5 millions d’entreprises. On offre une solution très moderne aux petites entreprises.
ITespresso.fr : Précisons les contours des engagements entre Microsoft et Sage. Qui prend la main la distribution, la facturation et la relation client pour le compte de Sage 50c Ciel ?
Serge Masliah : C’est une solution Ciel. Donc Sage prend la main. Elle est distribuée par nos canaux directs (site Web, téléplateaux de vente…) mais aussi indirects (retail généraliste et distribution spécialisée).
Sur deux des trois offres commercialisées sous la bannière Sage 50c Ciel, nous intégrons directement le premier utilisateur Office 365 que nous distribuons au nom de Microsoft.
Nous assurons la facturation client soit en direct soit par l’intermédiaire de nos partenaires. Le support client et l’assistance téléphonique sont assurés par Sage.
Alain Bernard : Sage assure effectivement la commercialisation de cette offre à travers son réseau de distribution. Et nous sommes ravis du côté de Microsoft de profiter des relations de proximité qu’entretient Sage avec ses clients mais aussi de la connaissance de ce marché et de la puissance de son réseau de distribution.
Microsoft assurera le support en cas de questions pointues sur Outlook 365. On a prévu d’intervenir à un deuxième niveau si nécessaire.
ITespresso.fr : Admettons que je sois une TPE » primo-accédante ». Quel est le prix d’entrée de l’offre ?
Serge Masliah : Il y a trois blocs de solutions dans la gamme Sage 50c Ciel : « Essentials », « Standard » et « Premium ». Le prix d’entrée est de 25 euros HT par mois et par utilisateur pour une solution qui couvre la comptabilité, les factures et les devis [mais, dans ce cas, l’accès à Microsoft Office 365 Business Premium demeure une option, ndlr]. Mais si l’on ne prend que le module comptabilité, l’offre démarre à 13 euros HT par mois.
Mais c’est à partir du deuxième niveau d’offre « Standard » à partir de 79 euros par mois et par utilisateurs que l’on commence à intégrer par défaut un accès à Microsoft Office 365 Business Premium (avec « 1 an offert pour 1 utilisateur ») et que l’on ouvre une dimension de gestion commerciale.
La troisième offre la plus complète d’un point de vue fonctionnel est disponible pour 139 euros HT par mois.
ITespresso.fr : Qui dit cloud dit data center. Les données des TPE adoptant la solution Sage 50c Ciel sont stockées où ?
Alain Bernard : Pour Microsoft, les données sont stockées dans des data centers en Europe entre Dublin avec un back-up à Amsterdam. En attendant l’ouverture prochaine d’un data center en France annoncée par Microsoft.
Serge Masliah : Les données des utilisateurs de Ciel Données Mobiles sont hébergées en France chez LinkByNet.
ITespresso.fr : Elargissons le débat sur la transformation numérique des entreprises. On évoque un retard de la France dans ce domaine. Quel est votre point de vue ?
Alain Bernard : La France est un petit peu en retard. La transformation numérique a d’abord concerné les grands comptes et les ETI [entreprises de taille intermédiaire, ndlr]. Et maintenant le mouvement s’accélère avec les TPE, qui n’avaient pas auparavant le même niveau d’accès comparé aux grandes entreprises.
On réalise une croissance à trois chiffres chez Microsoft sur le segment des TPE et du cloud avec des services simples de messagerie et de stockage/sauvegarde des fichiers.
Serge Masliah : La France n’est pas en retard sur les infrastructures mais sur les habitudes prises dans l’adoption du cloud. Là aussi, tout s’accélère avec la nouvelle vague de création d’entreprises. La transformation numérique ne se réalise pas de la même manière quand on est une TPE ou une grande entreprise d’un point de vue outils ou organisationnel.
On observe un relais dans la clientèle de Sage : une augmentation de 40% de demandes sur le cloud pour les entreprises établies face à un petit pourcentage pour des demandes portant sur des solutions desktop.
On observe une dynamique globale pour pousser le cloud : éditeurs, intégrateurs, les pouvoirs publics avec la French Tech…Mais la question essentielle est de savoir comment emmener la transformation numérique au cœur de l’entreprise.
ITespresso.fr : En pleine campagne, quelle idée forte souhaiteriez-vous soumettre au prochain Président de la République sur ce thème de la transformation numérique ?
Serge Masliah : La France a besoin d’accélérer sa transformation digitale d’un point de vue macro-économique. Quel est le principal vecteur de création de valeur dans l’économie ? C’est l’entreprise.
Il y a quelques trimestres, sous l’impulsion du gouvernement, une disposition législative a été poussée sur le suramortissement sur les investissements industriels [visant à accélérer la modernisation des outils de production et gagner en compétitivité]. La déduction fiscale est égale à 40 % du prix de revient de l’investissement.
Cette mesure concerne les investissements sur les machines-outils et les logiciels pour les faire fonctionner. Je souhaiterais que l’assiette de ce suramortissement soit élargie aux logiciels de gestion d’entreprise ou à la transformation cloud. Tout le monde y gagnerait.
Alain Bernard : Je souhaiterais aussi mettre en avant les initiatives permettant de libérer les investissements numériques en entreprise. Afin que les TPE deviennent des ETI. Je pense également que le numérique au service de l’éducation est un sujet important.
* À partir du 1er janvier 2018, il devient obligatoire l’utilisation d’un logiciel de gestion ou d’un système de caisse satisfaisant aux conditions d’inaltérabilité, de sécurisation, de conservation et d’archivage des données, attestées par un certificat délivré par un organisme accrédité ou par une attestation individuelle délivrée par l’éditeur. Une nouvelle réglementation anti-fraude à la TVA instaurée par la Loi de Finance pour 2016 (BOI-TVA-DECLA-30-10-30-20160803) – Source : Service-public.fr
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