Dans une dimension « banking-as-a-service », Anytime joue la carte du compte alternatif ou complémentaire aux banques pour les particuliers et les entreprises en fournissant un compte, des cartes MasterCard et un bouquet de services.
Créée en Belgique en 2014 par Damien Dupouy et Thierry Peyre (créateurs de MobileTrend, fournisseur de solutions de micro-paiement par SMS acquis en 2008 par HiMedia Group), la « néobanque » Anytime se contente de gérer le volet « détention de fonds » (dépôt de fonds sur un compte, paiement par carte de crédit ou de débit, et virement).
La société s’appuie sur son statut d’agent de R. Raphael & Sons plc (établissement financier de droit anglais, autorisé par la Prudential Regulation Authority, régulé par la Financial Conduct Authority).
Les acteurs FinTech cherchent à enrichir leurs plateformes de services financiers en piochant dans des API (connecteurs logiciels) qui font la jonction avec d’autres services émanant de start-up ou de banques.
Anytime exploite le filon en se tournant avec des partenaires qui avancent dans les technologies et la finance (paiement, crowdfunding, crowdlending…).
Dans le sens inverse, elle propose également sa propre API pouvant servir de socle pour déployer des services financiers en marque blanche pour des acteurs de la banque ou de l’assurance.
En novembre 2016, Anytime a réalisé une levée de fonds de 5 millions d’euros en s’appuyant sur Seventure Partners (avec Groupe BPCE/Natixis en filigrane).
Lors du Paris Fintech Forum organisé fin janvier, nous avions interviewé le co-fondateur Damien Dupouy sur les ambitions d’Anytime.
ITespresso.fr : Comment positionnez-vous votre offre de services financiers à la fois pour les entreprises et les particuliers ?
Damien Dupouy : Nous avons adopté un modèle alternatif plutôt qu’un modèle de disruption. Dans la construction d’une néobanque, on aura toujours besoin de briques en provenance des banques. Notamment sur le volet du crédit qui constitue un domaine exclusif. Il sera difficile de s’en passer.
Le socle est constitué d’un compte et d’une carte. Nous apportons ensuite une plateforme de services financiers pour les pros et les particuliers. Ils viennent nous voir pour la gestion quotidienne de leur finance mais aussi pour des cas plus spécifiques comme la gestion des revenus tirés d’Airbnb.
Progressivement, on nous a demandé de décliner notre plateforme en marque blanche ou de monter une API, qui permet à n’importe quelle entreprise de créer des cartes ou des IBAN et de monter son propre module FinTech en interne. On s’adresse à la fois à des banques, à des sociétés FinTech ou à des assureurs.
Donc, nous avançons à la fois sur le BtoC et le BtoB. Et nous-même, nous agrégeons d’autres services avec des partenaires FinTech pour élargir la palette de fonctionnalités à nos clients. Par exemple, nos clients peuvent effectuer des virements à l’international. Nous pouvons travailler dans ce cas avec une plateforme dédiée à la gestion des taux de change (Currency Cloud en l’occurrence).
A terme, notre hub permettra de se connecter à une quinzaine de services Fintech pour traiter divers services comme l’affacturage.
ITespresso.fr : Avec votre nouvel actionnaire sous-jacent (BPCE Group/Natixis), dans quelle mesure la jonction est faîte avec une banque traditionnelle ?
Damien Dupouy : Natixis pourrait nous fournir sa boîte à outils, comme n’importe quelle autre banque pourrait le faire. Le fait d’être lié à BPCE n’implique pas forcément que nous adopterons tous les produits de la maison. On dispose d’une certaine latitude en termes de partenariats. Le plus important étant de dérouler la feuille de route, de recruter des clients et de délivrer des services en phase avec le marché.
ITespresso.fr : Mais sans se poser comme un concurrent de votre actionnaire…
Damien Dupouy : On travaille vraiment sur cette notion de complémentarité. Si les clients se tournent vers les FinTech, c’est parce qu’ils ne trouvent pas cette agilité du côté des groupes bancaires traditionnels. Les process sont logiquement beaucoup plus lourds.
ITespresso.fr : Comment recrutez-vous de nouveaux clients ? Quels canaux de prospection exploitez-vous ?
Damien Dupouy : C’est essentiellement de la publicité online : liens sponsorisés Google, un peu sur Facebook, du référencement et beaucoup de bouche-à-oreille. On ne communique pas sur le nombre de clients.
On indique que nous avons reçu 120 000 demandes d’ouvertures de comptes depuis la création d’Anytime.
On a plutôt capturé un segment de clients à mi-chemin entre le particulier et le professionnel. Nous sommes à la frontière des entreprenants comme les plombiers, les free lances ou les personnes qui veulent gérer leurs revenus complémentaires (comme ceux issus de location d’appartements sous forme de plans Airbnb).
ITespresso.fr : Comment parvenez-vous à convaincre les clients à adopter votre modèle de néobanque plutôt que celui d’une banque traditionnelle ?
Damien Dupouy : Je pense qu’un client chez nous n’a pas le sentiment d’être lié. Il se dégage un vrai sentiment de liberté avec la dimension du sans engagement. On va les fidéliser par les usages, l’interface sympa et les fonctions simples et pratiques.
ITespresso.fr : Comment vos clients utilisent vos services ? Depuis un smartphone ou un ordinateur ?
Damien Dupouy : Ca évolue. Désormais, à 90%, les clients regardent l’offre sur le mobile. Sur la phase d’inscription, cela reste du fifty-fifty entre le mobile et le Web. Nous nous inscrivons dans l’approche « mobile first » quand nous créons les services.
ITespresso.fr : Quelles sont les principales sources de revenus ?
Damien Dupouy : Aujourd’hui, ce qui nous rapporte, c’est l’ouverture de comptes. On facture des frais de tenue de compte. Ensuite on perçoit un pourcentage sur le volume de transactions réalisées via les API de nos partenaires [précisons qu’à l’occasion du récent Paris Forum Fintech, Anytime avait lancé une une offre spéciale pour les 5 premières FinTech qui choisiront son API : la gratuité des frais de mise en œuvre, ndlr].
Nous prévoyons d’atteindre l’équilibre financier en 2018 et d’atteindre un million de clients partout en Europe en 2020.
ITespresso.fr : Qui sont vos principaux concurrents dans ce segment « néobanque » ?
Damien Dupouy : Ce n’est pas évident sur notre positionnement. SolarisBank (Allemagne) ne se concentre que sur la partie API. Sur le volet pro, on n’a pas vraiment de concurrents en France.
Les acteurs FinTech se concentrent beaucoup sur le segment des particuliers et le marché est suffisamment grand pour que chacun puisse trouver un espace de développement. Même les banques traditionnelles ont de la place pour leurs propres offres digitales.
On se concentre sur le marché français puis on adaptera le modèle au niveau européen dans le courant de l’automne 2017. Nous allons faire en sorte que notre modèle soit « passeportable » de manière technique à partir d’avril et nous allons continuer à avancer pour élargir notre influence.
Nous proposerons un modèle global et nous verrons sur quels marchés nous nous concentrerons en fonction des appétences.
ITespresso.fr : Malgré le Brexit, le Royaume-Uni demeure-t-il un marché attractif ?
Damien Dupouy : Oui mais nous verrons cela lorsque les modalités relatives au Brexit en lien avec nos activités seront connues. C’est encore trop tôt pour savoir comment cela va évoluer pour le secteur FinTech.
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