Interview Djoann Fal – « GetLinks : le réseau social des start-up asiatiques »

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Co-fondateur de GetLinks, Djoann Fal présente ce réseau social d’identification des talents dédié aux start-up du l’Asie du Sud-Est.

ITespresso.fr : Quelle est l’ambition de GetLinks ? Uberiser le marché de l’emploi ?

Djoann Fal : Sur le long terme, notre vision est de créer le LinkedIn de la génération Y, les Millenials de l’économie digitale. Aujourd’hui, le plus gros problème des start-up, c’est le recrutement.

Mais en aidant les start-up asiatiques à recruter des profils de qualité, nous nous constituons également une formidable base de données qui sera un jour comparable à celle de LinkedIn ou d’AngelList.

ITespresso.fr : Mais ne redoutez-vous pas justement la concurrence d’acteurs établis tels que LinkedIn ?

Djoann Fal : C’est vrai qu’à ses débuts, LinkedIn partageait cette même philosophie, en étant une plateforme au service du networking des start-up de la Silicon Valley.

Mais en grandissant, ils ont basculé d’une logique qualitative à une logique quantitative, avec clairement une chute de la qualité des profils ce qui ne répond plus aux besoins de recrutement des start-up.

GetLinks fait le pari inverse en optant pour une approche hyper sélective. Nous ne présentons que 5% de nos membres aux entreprises et nous faisons en sorte qu’ils correspondent exactement à leurs attentes.

ITespresso.fr : Les chasseurs de têtes facturent habituellement très cher ce type d’intermédiation. Quel est le business model de GetLinks ?

Djoann Fal : Effectivement, les cabinets de chasseurs de tête n’hésitent pas à réclamer 20 à 30% de commission du salaire annuel des développeurs qu’ils placent en entreprise.

Mais GetLinks sera deux à trois fois moins cher que ces intermédiaires grâce à un modèle mixant des technologies de sélection et d’évaluation des profils, ainsi qu’une base de données beaucoup plus grande.

Nous allons par ailleurs innover en mettant les meilleurs profils aux enchères entre des centaines d’employeurs potentiels.

Cela sera un moyen d’inverser le paradigme en faisant en sorte que les meilleurs développeurs soient en mesure de choisir leur propre employeur et non l’inverse.

ITespresso.fr: Pourquoi avoir créé cette société en Asie et non pas en Europe ? 

Djoann Fal  : Au cours de mes études à l’ESCP, je suis allé en Chine, à Shanghai, et j’ai été surpris de constater que ces « pays en voie de développement » étaient en réalité très en avance sur les pays occidentaux en matière de nouvelles technologies.

En outre, leur population est très ouverte à l’innovation et au futur, contrairement à ce que je pouvais observer à Paris ou à Londres où la population est volontiers technophobe.

J’ai eu l’opportunité de travailler chez Lazada puis chez Rocket Internet, à Bangkok en Thaïlande et j’ai monté les premiers DrinkEntrepreneur pour réunir des geeks, des créateurs de start-up mais également des développeurs. Mais ces réunions offline limitent les échanges.

C’est comme ça qu’est née l’idée de GetLinks : rassembler la communauté des start-up, des designers, des entrepreneurs et des investisseurs à travers toute l’Asie du Sud-Est.

ITespresso.fr : L’ambition de GetLinks est-elle toutefois de décliner son modèle sur les 5 continents ?

Djoann Fal : Pour le moment, la priorité est clairement de nous concentrer sur le marché asiatique. C’est non seulement dans cette région du monde que se concentre la majorité de la population mais c’est également là que l’on trouve le plus de « millenials », puisque 70% d’entre eux vivent ici.

La technologie révolutionne l’économie dans toute l’Asie et les besoins de recrutement sont immenses.

ITespresso.fr : GetLinks vient de lever 800 000 dollars. Quelles seront vos priorités ?

Djoann Fal : Oui, nous avons eu la chance d’avoir été la première jeune pousse thaïlandaise à rejoindre l’incubateur 500 start-up .Ce qui nous a permis de réaliser une première belle levée de fonds de 800 000 USD auprès de plusieurs investisseurs nord-américains et asiatiques.

Ce premier tour d’amorçage va nous permettre d’étendre nos opérations au Vietnam, à Singapour, en Indonésie et à Hong Kong.

Notre objectif est de réaliser un chiffre d’affaires de 2 millions de dollars à la fin de l’année et de mener d’autres opérations financières afin de nous attaquer à d’autres verticales et de devenir le réseau social que les start-up asiatiques attendent.

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Les co-fondateurs de GetLinks : Djoann Fall (CEO, au centre) avec Popp Polpat Songthamjitti (à gauche) et Pichaya Srifar (CTO, à droite)

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