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Interview Florent Pélissier – Microsoft : « Windows 10 en entreprise, gage de sécurité et de stabilité »

Windows 10 est mis sur le marché. Le nouvel OS de Microsoft est disponible en téléchargement pour le grand public et les entreprises (TPE/PME).

Avec une approche de déploiement originale : priorité à la gratuité pour favoriser la migration vers Windows 10 et disposer d’une base d’utilisateurs installés assez conséquente et rapidement.

Chef produit Windows Entreprises pour le compte de Microsoft France, Florent Pélissier évoque des « dizaines de millions de personnes » ayant réservé cette mise à jour à travers le monde.

On évoquera essentiellement le cas des PME, qui adoptent une version Home (« famille ») ou Pro de Windows 10. Pour les grandes entreprises disposant d’une software assurance et adoptant des licences en volume, la bascule vers Windows 10 démarrera début août.

(Interview réalisée le 28 juillet 2015)

ITespresso.fr : C’est le lancement de Windows 10. Quelles fonctions mettez-vous en avant pour inciter les TPE/PME à l’adopter ?

Florent Pélissier : La partie sécurité a été renforcée. Dans l’édition Windows 10 Pro, on a installé la fonction Enterprise Data Protection qui permet de séparer sur la machine les données professionnelles des données personnelles. On peut flagger les données (estampiller « pro » ou « perso ») et leur attribuer des niveaux de sécurité différents.

On constate de plus en plus une cohabitation de données pros et persos sur une même machine. C’est un stockage par compartiment que l’on favorise. Ce qui pourra être intéressant dans le cas de scénario de type BYOD (« Bring your own device »).

Avec Windows Hello, on introduit une dimension de biométrie pour s’authentifier (reconnaissance de l’iris, du visage, de l’empreinte). La qualité de la caméra sur le hardware est importante dans ce cas-là, d’où la disponibilité d’une caméra Intel RealSense qui sera disponible sur certains terminaux natifs Windows 10.

La biométrie via Windows Hello permet de ne plus stocker de mots de passe pour gérer votre machine, que vous soyez à domicile ou sur votre lieu de travail. Avec Windows 10, on essaie vraiment d’éradiquer le mot de passe. Cela va prendre du temps mais on sait qu’il s’agit du maillon faible de la sécurité.

Nous regardons également ce que l’on peut faire en termes de MFA (multi-factor authentification) : comment utiliser un deuxième support pour renforcer le volet d’authentification. Prenons par exemple le cas du téléphone portable en recevant un code PIN par SMS pour déverrouiller ma tablette ou mon PC. Ce sera possible avec Windows 10. On peut configurer la sécurité à volonté.

ITespresso.fr : Dans quelle mesure Windows 10 favorise le BYOD en entreprise ?

Florent Pélissier : On a évoqué la partie sécurité. Sur le volet du déploiement de Windows 10 en entreprise, il sera possible de faire du provisioning.

Je sors du carton ma tablette que je viens d’acheter à titre individuel et je l’emmène sur mon lieu de travail. Je me connecte sur mon réseau d’entreprise. En saisissant mes identifiants, l’utilisateur retrouve son environnement de travail avec son profil et ses applications. C’est possible grâce à la connexion réalisée à Azure Active Directory (solution pour la gestion des identités et de l’accès dans le cloud).

L’entreprise gagne du temps à travers ce système : inutile d’effectuer une configuration du nouvel hardware au préalable par la DSI de l’entreprise. On peut le faire directement.

D’autres éléments vont arriver comme le Store d’entreprise (« Business Store ») : la possibilité d’avoir via le Windows Store de disposer d’un onglet dédié à son entreprise pour monter sa propre boutique d’apps dédiées à ses employés et acheter des apps en volume pour les mettre à disposition de son personnel en vue d’une exploitation.

Dans ce cas, il ne sera pas nécessaire de disposer d’un compte Microsoft. L’entreprise s’appuiera sur l’annuaire d’entreprise et l’identité des utilisateurs.

Cette fonction Business Store arrivera dans la prochaine vague de mises à jour de Windows 10 qui surviendra d’ici la fin de l’année.

On retrouvera aussi dans Windows 10 des fonctions déjà implémentées sur Windows 8 comme la possibilité de joindre un domaine, de gérer des stratégies de groupe et BitLocker (chiffrement de lecteurs).

ITespresso.fr : Dans quelle mesure la technologie In-Place Upgrade va faciliter les migrations en entreprise ?

Florent Pélissier : Cette technologie constitue un changement important également sur Windows 10. Jusqu’à maintenant, les entreprises procédaient à une remastérisation pour basculer d’un OS à un autre : On efface tout, on redéveloppe tout, on redéploie un master et on descend jusqu’au poste de travail. Cela prenait du temps et de l’argent.

Si une entreprise a déjà adopté Windows 7 ou Windows 8, elle pourra utiliser la technologie In-Place Upgrade (« Mise à jour sur place ») pour effectuer la mise à jour sur Windows 10, tout en conservant les applications et les fichiers sur les postes de travail.

En fait, c’est l’expérience que va connaître le grand public à travers le pop-up « Obtenir Windows 10 » et elle pourra convenir dans un grand nombre de scénarios de bascule en entreprise.

ITespresso.fr : Entre les éditeurs de logiciels et les fabricants hardware, vos partenaires IT se sont-ils mobilisés pour l’arrivée de Windows 10 ?

Florent Pélissier : Tout l’écosystème est embarqué sur le sujet Windows 10. On recense 5 millions d’inscrits au programme Windows Insider Program qui a été ouvert aux particuliers, aux entreprises et aux éditeurs de logiciel pour contribuer au développement de  Windows 10.

30% d’entre eux affichent des profils « IT pros » en entreprise. Ils testent Windows 10 et font des feedbacks pour améliorer la qualité de l’OS.

A travers le Technology Adoption Program (TAP), on sélectionne une fourchette de 150 à 200 entreprises dans le monde pour aller plus loin. Ces entreprises installent Windows 10 sur un petit nombre de postes en entreprise en guise de tests.

Les fabricants d’ordinateurs et de tablettes travaillent depuis longtemps sur Windows 10. On recense déjà 2000 terminaux compatibles Windows 10.

A charge pour eux de prendre la communication sur leur terminaux natifs Windows 10 qui vont arriver progressivement sur le marché. On attend des moments forts de leur part d’ici octobre.

La priorité actuelle chez Microsoft, c’est de s’assurer qu’un nombre maximum d’appareils déjà sur le marché soient compatibles avec la mise à jour Windows 10. On escompte aussi un taux d’adoption important de l’OS début 2016.

ITespresso.fr : Communiquez-vous sur des premières expériences pilotes d’entreprises de Windows 10 ?

Florent Pélissier : On ne communique pas sur des noms. Y compris en France. On fait des proofs of concept et on mène des pilotes dans des entreprises.

On en recense une cinquantaine [signalons qu’en février 2015, Bouygues Construction avait annoncé sa participation au TAP Windows 10, ndlr].

Les retours clients s’avèrent très positifs, tant sur la partie ergonomie que sur les fonctions.

ITespresso.fr : Windows 10 arrive sur le marché alors que l’on constate à un éparpillement en termes d’adoption OS : Windows 7 est bien implanté, Windows XP résiste et Windows 8 a reçu un accueil mitigé. Vous comptez faire converger toutes les entreprises vers Windows 10 ?

Florent Pélissier : Nous voulons parvenir à une remise à plat avec Windows 10. Windows 8 avait été bien accueilli pour répondre à des cas de mobilité en entreprise.

On va inciter les entreprises ayant adopté Windows 7 et Windows 8 à basculer vers Windows 10 qui vient répondre à tous les scénarios possibles en entreprise.

Le nouvel OS répond aux contraintes applicatives et aux pré-requis matériel. Le mode continuum favorisera les usages différents. Pour Windows XP, ce sera plus difficile. Cela passera probablement par l’achat d’un nouveau hardware, même si la configuration pré-requise pour Windows 10 est finalement assez basse.

ITespresso.fr : Au-delà des postes de travail, on a l’impression que Microsoft sollicite beaucoup les entreprises qui doivent aussi abandonner Microsoft Server 2003

Florent Pélissier : C’est vrai que les entreprises nous disaient qu’elles avaient du mal à suivre. C’est pour cette raison que l’on change d’approche avec Windows 10.

Il ne faut pas s’attendre à des prochains bouleversements avec un Windows 11 ou un Windows 12 d’ici 3 ans. Ce sera désormais du Windows-as-a-Service. Les mises à jour se feront en continu.

ITespresso.fr : D’un point de vue de modèle économique, Microsoft fait des concessions sur le volet licence OS avec la gratuité instaurée sur la partie grand public et entreprise. Vous compensez ce manque à gagner par quoi ?

Florent Pélissier : Le modèle ne change pas tant que cela. Microsoft va continuer à vendre des licences Windows 10 aux constructeurs (accord OEM) et aux entreprises via des licences en volume.

La grande nouveauté, c’est effectivement cette période de gratuité que l’on a jamais vue dans le cas d’une bascule OS (entre Windows 7 et Windows 8 par exemple).

On veut vraiment que nos clients, nos partenaires et les fabricants basculent sur Windows 10 de manière massive.

Et on est prêt à s’asseoir sur une manne financière sur une période donnée pour créer une base installée rapidement. Un mouvement qui va se transformer en cercle vertueux.

C’est l’objectif affiché par Satya Nadella, CEO de Microsoft : un milliard de terminaux sous Windows 10 d’ici 2018.

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