Pour gérer vos consentements :

Interview Freelancer.com: « De nouvelles pratiques pour la création d’entreprise »

Freelancer.com se présente comme « la plus grande place de marché d’externalisation dans le monde ».

Le service en ligne de sous-traitance, fondé en 2009 par l’Australien Matt Barrie (voir profil en bas d’interview), est désormais disponible dans le monde en mode multilingues et multidevises.

On recense 7 millions d’inscrits actifs sur le site. En Europe, Freelancer.com est implanté dans plusieurs pays dont l’Espagne, l’Italie, le Royaume-Uni.

Il existe une version française depuis septembre 2012. Un responsable France est en place : Julien Tardy a d’ailleurs rapidement succédé à David Russell à ce titre.

Mais, en l’état actuel, la disponibilité du service pour couvrir le marché hexagonal n’a pas abouti au dépôt de statut pour la création d’une société française.

La croissance des activités de Freelancer.com dans le monde serait rapide et passe parfois par des opérations de croissance externe.

Aux Etats-Unis, vWorker (ex-RentACoder.com) a été racheté, ce qui a permis d’acquérir des profils de freelancers de haut niveau dans les domaines scientifiques ou l’ingénierie par exemple.

Mais la liste des acquisitions dans le monde s’étend : GetAFreelancer (Suède), Scriptlance (Canada), LimeExchange (Etats-Unis)et les versions Freelancer qui lui échappaient au Royaume-Uni et en Allemagne.

Seul élément concernant le financement des activités, Freelancer.com a bénéficié de l’appui d’un fonds d’investissement d’origine suisse baptisé Startive Ventures.

Le concept de cette plateforme d’échange est simple : les entreprises se connectent avec les prestataires de services indépendants (professions libérales, auto-entrepreneurs…). Les compétences proposées sont multiples : informatique, traduction, rédaction, saisie de données, design, comptabilité, services juridiques…

Les missions démarrent à 20 euros et sont en moyenne inférieures à 150 euros, précise Freelancer à son démarrage.

Avantage : des coûts réduits des prestations réalisées.

« L’intégration des charges TVA est rare car tout est externalisé », précise d’emblée Julien Tardy, le responsable France en charge de Freelancer.com.

De quoi alimenter le débat sur la fiscalité à l’ère du numérique ou de susciter quelques froncements de sourcils sur le Salon des Entrepreneurs qui se déroule actuellement à Paris.

(Entretien réalisé le 5 février 2013)

ITespresso.fr : Quelles sont vos ambitions sur le marché français ?
Julien Tardy : Nous visons la création de 100 000 comptes en France d’ici un an, en calquant le modèle suivi en Espagne et au Royaume-Uni. En l’état actuel, nous sommes à 22 000 abonnés sur la France. Nous restons optimistes au regard de l’étude que nous avons menée sur le marché français : les TPE, qui constituent le vivier de notre clientèle, ont augmenté leurs dépenses d’externalisation de plus de 41 % en 2012. Et cette tendance aux tâches délocalisées devrait croître en 2013.

ITespresso.fr : Quel est le modèle économique de Freelancer.com ?
Julien Tardy : C’est un modèle de marketplace et de prélèvement que l’on peut comparer à eBay. En fait, c’est un système mixte d’abonnement et de commissionnement. Nous disposons de quatre entrées pour les abonnements aux tarifs dégressifs : « gratuit » (mais le commissionnement est fort : 10% des gains réalisés par le freelancer et 3% sur les dépenses engagées par l’employeur), « basique », « standard », « premium » (dans ce cas, l’abonnement est plus onéreux mais le commissionnement est moindre). C’est une question d’équilibre à trouver : plus l’abonnement est premium, plus il est onéreux mais, en revanche, le commissionnement est plus faible. Nous avons mis en place un coupon de réduction : l’abonnement « standard » offert à vos lecteurs [Opération menée en collaboration avec la FEDAE ou Fédération des auto-entrepreneurs. Tapez le code « FRANCAIS » à saisir dans le formulaire d’inscription sur Freelancer.com, ndlr].

ITespresso.fr : Votre vivier de freelancers en France, ce sont les auto-entrepreneurs ?
Julien Tardy : Il y a beaucoup d’artisans également. Selon la FEDAE, seuls 30% des auto-entrepreneurs sont dans le segment des services. Le coeur des adhérents se trouve plutôt dans le vivier IT : travailleurs indépendants, entreprises individuelles, auto-entrepreneurs…

ITespresso.fr : Comment rémunérez-vous les freelancers ?
Julien Tardy : On n’édite pas de feuille de salaire. C’est un règlement de prestations. En fait, nous servons d’intermédiaire entre le freelancer et le recruteur. Les montants dûs sont transmis par virement bancaire. Que ce soit du côté du freelancer ou du côté du recruteur, il doit ouvrir un compte sur Freelancer.com qui facilite les transactions (équivalent de 20 dollars au minimum à déposer en amont pour le recruteur). Il est possible d’éditer un document d’attestation de paiement selon lequel telle prestation a été bel et bien accomplie pour telle société. Quand un freelancer s’inscrit sur notre plateforme, il doit déclarer être en conformité avec la législation de son pays de résidence et la fiscalité locale. Pour le cas de la France, il faut au minimum disposer d’un statut d’auto-entrepreneur pour devenir freelancer.

ITespresso.fr : Comment prenez-vous en compte les différentes législations des pays en matière de code du Travail ? Sur une plateforme globale comme Freelancer.com, les distinctions par pays doivent être contraignantes…
Julien Tardy : C’est vrai qu’il faut prendre en compte cette dimension. Dans les conditions générales de ventes, on a simplement stipulé aux prestataires qu’ils doivent s’engagent à respecter les législations locales. Le nouvel arrivant doit respecter les règles en vigueur dans son pays. Nous gardons notre positionnement d’intermédiaire technique sans entrer dans les relations établies entre freelancer et recruteur. C’est une manière de nous défendre et décliner toute responsabilité. On ne peut pas surveiller tout ce qui se passe sur une plateforme comme Freelancer.com. Certes, nous disposons d’une équipe en interne qui prend en charge les différends et bloquer éventuellement un virement. Mais la justice peut aussi être saisie pour trancher en cas de litiges plus sérieux.

ITespresso.fr : Dans ce cas, comment la transmission des éléments de comptabilité destinée aux services fiscaux de l’Etat est assurée ?
Julien Tardy : Nous faisons juste transiter des éléments de paiement. Une sorte de facture est éditée. C’est à la charge du prestataire de payer les charges associées et de transmettre les justificatifs au fisc.

ITespresso.fr : Compte tenu de la législation et de l’administration françaises plutôt tatillonnes (fiscalité, gestion des charges sociales…), les CGV de Freelancer.com sont vraiment blindées ?
Julien Tardy : C’est sûr. Il faut que les gens remplissent leurs obligations de déclarations. Nous prônons la création d’entreprise. C’est ce que nous mettons en avant.

ITespresso.fr : Freelancer.com peut être perçu comme un moyen de casser les prix sur le marché…
Julien Tardy : C’est un moyen extraordinaire de dépenser moins quand on est une petite société. Je vois où vous voulez en venir : au lieu de payer des prestataires locaux à des prix du marché, il est tentant pour les petites entreprises de regarder ailleurs : avoir une réalisation similaire pour un coût cassé (parfois une réduction de 50%). Le fait de réduire ses coûts permet de protéger son emploi. Surtout quand on est tout seul. Par exemple, le fait de créer son site e-commerce, on peut très bien ne pas le développer à cause de la crise ou le faire via Freelancer.com à moindre coûts pour dynamiser ses activités. Ce que l’on constate sur la plateforme, c’est que les prestataires français inscrits ne bradent pas globalement leurs services. Leur taux horaire tourne autour de 30 dollars l’heure.

ITespresso.fr : Mais la compétition devient très rude pour ceux qui proposent un taux horaire à 15 dollars à partir d’un autre pays….
Julien Tardy : On ne peut rien faire si les différences de taux horaires sont énormes en fonction des Etats. S’il y a trop de charges, c’est une question politique. Freelancer.com est une nouvelle pratique qui, à mon avis, permet de créer des nouvelles entreprises, dynamiser des services et peut-être pousser le monde politique à l’harmonisation fiscale (c’est un point de vue personnel).

Matt Barrie : « Un entrepreneur gagnant »
Sur le site de Freelancer.com, le CEO et fondateur Matt Barrie est présenté comme un « entrepreneur gagnant ». Il avait auparavant créé Sensory Networks Inc, un fabricant de proceseurs dédié à la sécurité et à la performance des réseaux, et une société dédiée au hardware dans le secteur des télécoms. Matt Barrie a levé 40 millions de dollars auprès des fonds d’investissement, d’investisseurs stratégiques et d’aides gouvernementales pour diriger ou accompagner des sociétés technologiques. Il est également un intervenant extérieur rattaché à l’Université de Sidney (« Department of Electrical and Information Engineering »). Il est aussi co-détenteur d’une vingtaine de brevets déposés aux Etats-Unis.

Recent Posts

Cybersécurité : attention aux QR codes dans les PDF

Les attaques de phishing utilisant des QR codes frauduleux intégrés dans des documents PDF joints…

2 semaines ago

Windows 11 : une mise à jour majeure apporte de nouvelles fonctionnalités

Microsoft a amorcé le déploiement de Windows 11 24H2. Passage en revue des nouvelles fonctionnalités…

1 mois ago

Microsoft 365 : comment Copilot se déploie dans toutes les applications

L'intégration de Copilot dans la suite bureautique s'accélère. Où trouver l'assistant IA et comment l'utiliser…

2 mois ago

PC Copilot + : Microsoft veut garder Recall

Microsoft annonce une phase expérimentale pour lancer Recall sur les PC Copilot+. Elle doit commencer…

3 mois ago

Windows 11 : comment Microsoft va réduire la taille des mises à jour

Comment réduire la taille des mises à jour de Windows 11 ? Microsoft annonce la…

4 mois ago

Windows 11 : comment Bloc-notes va remplacer WordPad

Déjà doté de la sauvegarde automatique, d'un compteur de caractères et de Copilot, Bloc-notes embarque…

4 mois ago