ITespresso.fr : Apple et Google semblent décidés à s’imposer dans nos habitacles. Avec à peine quelques millions de voitures vendues par an, les constructeurs auto ont-ils les moyens de leur résister et d’imposer leurs propres technologies ?
Guillaume Crunelle : A mon sens, au-delà de la technologie, la vrai question est celle de la répartition des revenus additionnels générés par les futures voitures connectées.
En résumé : qui des constructeurs ou des nouveaux acteurs en provenance du monde du Web capturera la plus grosse part du gâteau des nouveaux services qu’achèteront les conducteurs ?
Nos études montrent que près de 70% des conducteurs en France souhaitent que leurs écrans de contrôle leur apportent d’autres services que ceux déjà offerts par leurs smartphones (infotainment).
C’est donc dans l’exploitation, et la valorisation sous forme de nouveaux services, des données produites par les véhicules que se situe l’or noir de la voiture connectée.
Même si la grande majorité des constructeurs (couvrant théoriquement 92% des ventes mondiales 2012) a déjà signé des accords de partenariat avec Google ou Apple (et très souvent les deux !), force est de constater que la situation apparait quelque peu figée avec peu d’avancées concrètes présentées au marché.
Ce constat n’est pas surprenant car géants du Web et constructeurs sont tous deux des leaders qui ont historiquement l’habitude d’imposer leur cahier des charges.
J’ai bon espoir qu’au-delà des effets d’annonces, une juste répartition des territoires et donc des revenus pourra être trouvée. C’est un condition sine qua non à l’émergence de ces nouveaux services que les conducteurs accepteront de payer.
ITespresso.fr : Google a également défriché le concept de voiture autonome. Si la législation l’autorise, pensez-vous que les consommateurs plébisciteront ces véhicules robotisés ?
Guillaume Crunelle : Nous constatons un engouement très relatif de la part des conducteurs pour les voitures autonomes. Cette situation peut paraitre contradictoire au regard de l’effort de communication et d’investissement de plus en plus important réalisé par les constructeurs sur ce thème.
Je pense que ce manque d’appétence apparent est lié à l’absence de véhicule de série réellement autonome et d’un manque de compréhension des apports de ces technologies pour les conducteurs.
Cette situation est d’ailleurs illustrée par notre étude « quelle automobile pour la génération Y » où 38% des sondés se montrent favorables à la voiture autonome et 37% contre (les 25% restant s’avérant sans opinion).
Concrètement, il me semble très clair que les technologies de délégation de conduite, partielles puis totales, s’imposeront auprès des conducteurs au fur à mesure que leurs intérêts seront concrètement constatables dans les modèles de série. L’autonomisation des véhicules c’est le sens de l’histoire !
ITespresso.fr : Les médias tendent à railler la stratégie de Renault mais louent celle de Tesla. Selon vous, le véhicule électrique est-il encore l’avenir de la propulsion ? Les chutes du cours du pétrole pourraient-elles relancer l’intérêt pour les moteurs thermiques ?
Guillaume Crunelle : Une chose est certaine, l’avenir de la propulsion sera de toute manière moins carboné et avec une empreinte environnementale toujours plus réduite.
Nos études montrent que si 44% des jeunes conducteurs pensent opter pour des propulsions alternatives à horizon cinq ans c’est aussi 36% d’entre eux qui préférerait conserver une propulsion conventionnelle pour peu que la consommation soit réduite et octroie une consommation équivalente.
L’épuisement à terme de nos énergies non renouvelables constitue un horizon indépassable nonobstant le niveau ponctuellement faible des cours du pétrole.
Les efforts considérables engagés par les constructeurs, que ce soit en matière de réduction du poids des véhicules, de downsizing des moteurs thermiques et d’augmentation du rendement de ces derniers ne me semblent pas incompatibles avec un développement progressif du parc de véhicules électriques.
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