A l’occasion du Paris FinTech Forum qui s’achève ce soir, Ibanfirst a présenté sa plateforme de services financiers pour les PME sur Internet. Un positionnement « entrepreneur » qui a suscité l’intérêt de Xavier Niel (principal actionnaire et dirigeant d’Iliad/Free et business angel prolifique dans le numérique).
Au point d’y injecter un million d’euros dans le cadre d’une levée de fonds plus conséquente dévoilée en octobre dernier.
Nous nous sommes entretenus par téléphone avec Pierre-Antoine Dusoulier, Fondateur et CEO d’Ibanfirst (ex-FX4BIZ), pour évoquer les prochaines étapes.
ITespresso.fr : Ibanfirst est une plateforme de services financiers pour les PME sans être une banque. Comment nuancer ce positionnement ?
Pierre-Antoine Dusoulier : Sur Internet, nous proposons aux entreprises uniquement des comptes courants pour le paiement au regard de notre statut d’établissement de paiement (à la différence des banques qui peuvent proposer des comptes de dépôt).
Ce type de compte suffit aux PME pour avancer dans leurs activités : recevoir de l’argent de ses clients et payer ses fournisseurs. La seule chose que l’on ne fait pas par rapport à une banque, c’est le crédit.
En revanche, nous serons en mesure de brancher sur notre plateforme d’autres services FinTech : souscription de prêts mais aussi du crowdlending ou de l’affacturage.
ITespresso.fr : Vous vous appuyez sur l’IBAN (numéro de compte bancaire international) pour avancer dans votre approche « Bank-as-a-Service », comme PayPal exploite l’adresse e-mail de ses membres…
Pierre-Antoine Dusoulier : En fait, historiquement, nous avions créé la société avec un premier métier autour du paiement transfrontalier ou comment les PME pouvaient payer leurs fournisseurs en devises étrangères.
En avançant sur ce projet, nous sommes devenus le premier établissement de paiement à disposer de la possibilité de créer des IBAN à la volée.
Au-delà du volet du paiement transfrontalier, nous avons pris conscience qu’il était possible de développer un bouquet de services de type online banking en s’appuyant sur l’IBAN.
Nous avons effectué un rebranding [FX4BIZ devient Ibanfirst, ndlr] pour promouvoir notre nouveau positionnement.
ITespresso.fr : Votre cible prioritaire, ce sont les entreprises qui exportent ou importent ?
Pierre-Antoine Dusoulier : Historiquement oui. Une PME qui fait de l’import-export pourra bénéficier de prix avantageux par rapport à une banque.
Nous apportons également la transparence sur les prix de change calculés en temps réel à partir de notre interface. Une PME saura immédiatement combien elle va payer pour une transaction donnée.
Sur le montant global d’un virement multi-devises à l’international, nous sommes en mesure de faire économiser en moyenne 1%. C’est quand même très significatif pour une PME.
ITespresso.fr : Ibanfirst est une société belge mais la plus grande partie du management est français. Quel est l’avantage de démarrer votre activité en Belgique ?
Pierre-Antoine Dusoulier : Nous réalisons du business sur les deux pays. A partir de la Belgique, nous pouvons « passeporter » nos activités dans toute l’Europe pour élargir notre zone d’influence.
Il faut aussi se rappeler le contexte politique de 2012 avec l’élection présidentielle : François Hollande a fait peur un peu à tout ceux qui voulaient faire du business. D’où notre point d’ancrage en Belgique.
Cela nous a aussi permis d’être présent d’emblée sur deux marchés. Voire au-delà avec une vue sur les Pays-Bas.
ITespresso.fr : Quel est le prochain marché que vous visez ?
Pierre-Antoine Dusoulier : Ce sera l’Italie qui dispose aussi d’un bon tissu de PME. On regarde plus loin aussi avec des éventuels partenariats pour les Etats-Unis. [un rapide coup d’œil sur la plateforme nous montre qu’il existe aussi une version espagnole, ndlr]
ITespresso.fr : Quid du Royaume-Uni ?
Pierre-Antoine Dusoulier : Ce n’est pas une priorité au regard des débats actuels sur le Brexit et le nombre d’acteurs de type neobanques présents sur place.
ITespresso.fr : Avec quels acteurs FinTech comptez-vous collaborer pour étoffer les services sur la plateforme Ibanfirst ?
Pierre-Antoine Dusoulier : Nous sommes en train de finaliser des accords avec une dizaine d’acteurs. Nous nous sommes fixés un calendrier pour les annoncer un par un.
L’idée d’être titulaire d’un compte de paiement ouvre des perspectives de business pour nos futurs partenaires. On vend l’accès à l’infrastructure Ibanfirst à nos partenaires.
Pour la relation client, elle sera prise en charge par les partenaires en fonction de leurs domaines d’expertise. Nous traiterons en interne les questions sur les paiements à l’international.
ITespresso.fr : Combien de clients visez-vous pour la fin de l’année ?
Pierre-Antoine Dusoulier : On reste discret sur ce point car nous voudrions lancer en avril un super produit sous forme de pack autour de la création en entreprise qui devrait accélérer la croissance de la base clients.
ITespresso.fr : Dans les médias, on vous surnomme la banque des PME de Xavier Niel qui veut concurrencer Orange Bank. Vous partagez cette vision?
Pierre-Antoine Dusoulier : Non. Ce n’est pas dans notre roadmap de se transformer en « Free Bank ». Xavier Niel, qui s’intéresse à l’univers des infrastructures bancaires, soutient notre projet à travers son holding personnel [NJJ, ndlr].
Ibanfirst : quelques chiffres |
Création en 2013; 1 milliard d’euros de transactions; 70 000 paiements; 1000 clients PME; Effectif : Une trentaine de collaborateurs |
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