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Interview Jean-David BLANC : « Un nouveau projet à la croisée du Net et de la télévision »

Pionnier français des services interactifs avec la création d’AlloCiné en 1993, Jean-David BLANC s’apprête à faire son grand retour avec un nouveau service à la croisée du Net et de la télévision. Dans cet entretien exclusif, il revient sur ses débuts dans l’Internet, sur son actualité d’entrepreneur et d’investisseur, et partage également sa vision des technologies qui feront le Web et l’Internet de demain…

ITespresso.fr : AlloCiné a 20 ans. Imaginiez-vous à l’époque que ce serveur vocal interactif allait devenir l’une des marques les plus puissantes de l’Internet français ?

Jean-David Blanc : Dès les premières heures de la mise en exploitation d’AlloCiné en juin 1993, le service a été saturé d’appels, et n’a cessé de croître à grande vitesse.

Lorsque le site Internet est sorti quelques années plus tard, l’attente était telle que les serveurs ont débordé, et chaque fois que nous rajoutions des capacités, celles-ci saturaient en quelques jours ou quelques semaines à peine.

A cette époque, nous ne cessions d’innover, sortant de nouveaux services à chaque fois révolutionnaires presque tous les six mois.

En 1993, le 40.30.20.10 : c’était le premier service interactif gratuit, dont l’appel n’était pas surtaxé (il est d’ailleurs je crois demeuré le seul).

En 1994, nous inventions la réservation des places à l’avance. C’était une double révolution : celle de pouvoir acheter ses billets à l’avance dans les salles de cinéma, et celle d’effectuer une transaction 100% en ligne par téléphone de manière automatisée.

En 1995, nous inventions les bornes interactives qui, pour la première fois, permettaient de voir les bandes annonces des films à venir en dehors des salles de cinéma, de trouver ses séances et d’éditer un billet de cinéma pour n’importe quelle salle (un peu la « borne SNCF » du cinema, en beaucoup plus sexy).

En 1996, nous lancions AlloCiné sur internet : le succès a été immédiat.

En 1997, l’application AlloCiné sur Palm Pilot : c’était un peu l’ancêtre des apps que l’on trouve aujourd’hui sur les smartphone.

En 1998, nous intégrons les ratings de la presse et des spectateurs/utilisateurs, qui a le succès que l’on sait, et en 1999, les bandes annonces des films arrivent pour la première fois sur internet avec AlloCiné Vision, etc. etc.

Donc, d’une certaine manière, oui, nous sentions qu’il se passait quelque chose, sans vraiment mesurer l’impact que cela pourrait avoir dans le temps, tant dans le monde du cinéma que celui de l’internet et des nouvelles technologies.

ITespresso.fr : Depuis la cession d’AlloCiné à Vivendi, vous vous êtes fait plus discret. Quelles ont été vos principales réalisations ces dernières années ?

Jean-David Blanc : Le rapprochement d’AlloCiné avec Vivendi, en réalité Canal Plus, était à l’origine pour faire émerger un projet que j’avais en tête depuis la fin des années 90 : un service en ligne permettant de regarder des films et séries à la demande.

C’était plusieurs années avant la création de Netflix et d’iTunes…

Malheureusement c’était trop tôt pour l’époque, et la priorité du groupe était au satellite. Les changements structurels qu’ont subis à la fois le groupe Canal plus et Vivendi au début des années 2000 ont provoqué mon départ.

J’ai par la suite travaillé à un projet de service de VOD / SVOD indépendant, iCinéma, qui finalement n’a pas pu voir le jour.

Par ailleurs, j’ai crée un petit fonds d’investissement dont je suis assez fier, que je pilote aujourd’hui avec l’un des entrepreneurs chez qui j’ai investi, Marc Dabouineau, qui entre temps a vendu sa boîte.

Je ne communique jamais directement car je ne veux pas en faire une activité à temps plein, et je considère que c’est l’entrepreneur qui doit être mis en avant.

Je choisis très délicatement chaque projet, et j’y consacre du temps au coté des fondateurs. Il m’arrive parfois de leur trouver la quasi-totalité des fonds, et de donner de vrais coups de mains aux entrepreneurs sur tels ou tels sujets, jusqu’à même leur trouver des acquéreurs.

J’adore cette activité, c’est un peu comme la joie d’être grand père : vous partagez les grands moments sans avoir la responsabilité du quotidien.

Enfin, je travaille depuis quelques mois à un nouveau projet dont je ne peux rien révéler pour l’instant. Je peux juste vous dire qu’il est à la croisée des mondes de l’Internet et de la télévision, et que je suis très excité !

Son nom de code: Molotov.

ITespresso.fr : Le Web mobile explose, l’Internet des objets se profile et le Web de données semble prometteur. Quelles sont les tendances actuelles qui soulèvent votre intérêt d’internaute ou d’investisseur ?

Jean-David Blanc : Vous évoquez des technologies mais ce qui m’intéresse, ce sont les usages. Une brique technologique n’a d’intérêt que si elle apporte un nouvel usage ou améliore un service déjà existant.

Je regarde donc tout cela avec grand intérêt mais en essayant toujours d’imaginer ce qui pourrait être fait avec.

Je suis passionné par ces sujets (je vous conseille notamment l’excellent livre de Frédéric Kaplan « La métamorphose des objets« ) mais reste très vigilant sur la notion de « tendances » et la réalité des usages.

Un jour, le web est « social ». Puis tout « mobile », puis ce sont les « objets connectés », etc. En réalité, rien n’est que tout cela, et tout à la fois. Ce sont des briques qui se complètent au service de projets ou de produits qui doivent améliorer notre quotidien.

Et ce sont ces changements qui me passionnent.

ITespresso.fr : En 1993, les Français étaient encore majoritairement connectés au Minitel mais vous avez été l’un des premiers à porter votre service sur le Web. Selon vous, les usages peuvent-ils encore évoluer dans les 20 prochaines années ? Comment nous connecterons-nous en 2033 ?

Jean-David Blanc : Il suffit de regarder en arrière pour se rendre compte que l’accélération phénoménale de ces dernières années n’est pas prête de s’arrêter ! Le bolide de la technologie est à pleine vitesse, les investissements affluent, les jeunes du monde entier en font leur eldorado, les héros d’aujourd’hui sont les geeks boutonneux d’hier!

Les usages évoluent à toute vitesse, et chaque jour, apparait une nouvelle innovation. Il suffit de lire votre presse!

Pour moi, la grande tendance de fond, c’est à la fois la multiplication des moyens que nous avons / aurons de nous connecter à l’Internet avec la multiplication des terminaux sous toutes ses formes (bracelets, lunettes, TV, Smartobjets, …), et la connexion des objets entre eux directement…

Tout cela en ayant des puissance de capacité et d’intelligence de traitement de l’information jamais égalées, engendrant des nouveaux produits et services que l’on n’imagine même pas encore.

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