L’agenda FFDay est chargé pour Jean-David Chamboredon. Le co-président de France Digitale doit notamment maîtriser la gestion des passages d’hommes politiques comme Alain Juppé, François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Jean-François Copé, qui profitent de la convention phare de l’association liant start-up et investisseurs pour se rapprocher des pros de l’écosystème numérique.
Egalement sous sa casquette de Président exécutif d’ISAI (un fonds de Net-entrepreneurs qui accompagne une trentaine de start-up dont des pépites comme BlaBlaCar), Jean-David Chamboredon commente l’actualité du secteur IT sous son œil expert du monde du capital-risque (VC en anglais).
(Interview réalisée le 29 septembre 2016)
ITespresso.fr : Sur fond d’organisation de primaires (à droite et bientôt à gauche), les hommes politiques s’impliquent-ils vraiment dans le numérique ?
Jean-David Chamboredon : Les hommes politiques sont en demande d’interaction avec nous. Davantage qu’en 2012. Cette semaine, les candidats engagés à droite ont participé aux Primaires de l’Economie et à la France Digitale Day. Ils sont conscients que la révolution numérique est inéluctable et qu’elle va s’accélérer. Les hommes politiques doivent s’en imprégner.
Au-delà de Nathalie Kosciusko-Morizet au parcours plus imbibé dans l’écosystème [en raison de ses anciennes fonctions de secrétaire d’Etat à l’économie numérique sous le gouvernement Fillon, ndlr], ils découvrent le numérique avec une vision constructive.
ITespresso.fr : Pour autant, le numérique sera-t-il vraiment un enjeu pour la présidentielle ?
Jean-David Chamboredon : C’est dans l’agenda des candidats en tout cas. Mais je ne sais pas si ce sera un enjeu véritable de campagne. Les débats pourraient tourner au pugilat et s’orienter sur d’autres thèmes. Mais il faudra regarder comment le futur Président de la République compte s’organiser pour attraper la révolution en cours et comment il se mettra au diapason. Désormais, le numérique est imprégné partout.
Il faut regarder le chemin que nous avons parcouru en quatre ans depuis l’épisode des Pigeons. Je rencontrais à cette époque des parlementaires, des membres du gouvernement et de l’opposition qui manifestaient un certain scepticisme assez lourd sur le thème : « Vous êtes un microbe économique, une espèce de tribu marginal qui se fait appeler les Pigeons. »
Cela a changé aujourd’hui : on nous écoute, on demande notre avis, on arrive à faire passer des messages sur le numérique et la globalisation, sur l’inadaptation de la Taxe Google…
Les hommes politiques sont à comparer à des éponges. Prenons un candidat à la primaire de droite comme Alain Juppé. Il voit dans sa ville de Bordeaux que ça bouge dans le numérique avec des start-up locales en faveur du label French Tech. Il écoute car il a envie de comprendre.
ITespresso.fr : Du côté de Bercy, le dossier Compte entrepreneur-investisseur avance bien. Quand va-t-il se concrétiser ?
Jean-David Chamboredon : Nous avions sorti cette idée des Assises de l’entrepreneuriat en 2013. Elle n’avait pas été retenue par François Hollande et l’administration fiscale considérait le dispositif un peu trop innovant et elle n’avait pas vraiment envie qu’il émerge.
On a déterré l’idée avec Emmanuel Macron [ex-ministre de l’Economie, ndlr] au moment du projet de loi NOE…qui n’est finalement pas sorti. Finalement, le Premier ministre Manuell Valls a annoncé en mars lors du Salon des Entrepreneurs un « compte épargne investisseur ».
On devait évoquer le sujet lors d’une loi rectificative des Finances au printemps qui n’a pas eu lieu. On l’attendait dans le projet de loi des Finances qui vient d’être présenté mais il n’y figure pas pas non plus. Mais, juste après, on devrait s’attendre à une loi rectificative, susceptible d’inclure le dispositif.
Axelle Lemaire soutient aussi le dispositif [la secrétaire d’Etat au Numérique et à l’Innovation l’a confirmé lors de son allocution à la FDDay, ndlr].
Le lobbyiste que je suis devenu sait qu’en matière fiscale, le diable se cache dans les détails. J’attends de voir quelle sera la taille du maillot du « Compte entrepreneur-investisseur » qui sera proposé par le gouvernement. J’ai bon espoir que le produit soit applicable dès le premier janvier 2017 et qu’il soit favorable au recyclage de l’argent des cessions.
Quand un entrepreneur vend sa société, il faut qu’il soit incité à mettre ces titres dans le Compte entrepreneur-investisseur. Ce qui permettra de ré-investir tout en bénéficiant d’un report d’imposition, etc. Cela va créer de la fluidité et stimuler les investissements dans les start-up dans un cadre de fiscalité simple.
Le dispositif tombera bien dans la mesure où la fiscalité ISF – d’une complexité incroyable sur les biens professionnels – perdure.
ITespresso.fr : A propos du financement des groupes Internet, quel est l’intérêt pour Airbnb ou Uber de cumuler des milliards de dollars levés sans passer par la case IPO ?
Jean-David Chamboredon : On avait déjà vu que Facebook (à 100 milliards) de valeurs était entré en Bourse bien plus tard que Google (à 30 milliards). Dans son parcours de financement, Facebook a estimé qu’il était plus facile de poursuivre les levées des fonds plutôt que de considérer une IPO.
Il a préféré consolider son modèle pour que la vie en Bourse soit ensuite plus favorable. On peut convenir que ce n’était pas encore acquis lors de l’IPO survenu fin 2013. Mais, maintenant, les investisseurs savent que ce n’était pas un leurre au regard de la valorisation actuelle de Facebook.
La question que l’on peut se poser pour les cas d’Airbnb et d’Uber est la suivante : leurs plus récents investisseurs vont-ils profiter des futurs IPO ? Ce n’est pas certain.
C’est ce qui explique cet espèce de bulle observée en 2015 (et cela s’est calmé depuis) : des acteurs comme des family offices ou des hedge funds calculent qu’en investissant dans des boîtes tech un an avant l’introduction en Bourse, ils vont réaliser un gain de deux fois et demi par rapport à la mise initiale. Mais ce n’est pas si évident lorsque des sociétés comme Square ou Box ratent leur IPO.
Les signaux donnés par Airbnb et Uber sont très attendus sur le marché. Mais, si l’IPO pour ses licornes se passe mal, c’est le marché au global qui sera affecté.
ITespresso.fr : Dans une moindre proportion et dans un process plus classique, que se passe-t-il pour les start-up et les investisseurs en capital-risque ?
Jean-David Chamboredon : Tant qu’il n’y a pas de pression sur la liquidité, le financement peut se poursuivre avec de l’argent privé. C’est plus facile ainsi. Mais lorsque les investisseurs commencent à demander de la liquidité (et notamment les VC de la première heure), le processus IPO est à envisager.
Mais le fait d’entrer en Bourse trop tôt peut devenir une trajectoire assez dangereuse : la configuration d’une cotation avec une petite capitalisation (market cap) sans liquidité sur le titre peut se révéler un piège.
Néanmoins, on peut avoir de belles surprises comme l’introduction en Bourse de Talend survenue cet été : une belle valorisation, un beau multiple et une belle histoire post-IPO.
ITespresso.fr : A ton avis, le cycle des IPO pour les start-up françaises va repartir ?
Jean-David Chamboredon : Nous ne disposons malheureusement pas de marchés en Europe pour mettre des entreprises en Bourse avec des vraies histoires de croissance. Il faut passer la barre de la capacité à entrer au Nasdaq. Criteo l’a fait et s’en porte bien. Au tour de Talend.
Un candidat potentiel apparaît à un horizon encore indéterminé : BlaBlaCar. Mais cela dépend des parcours d’Uber et d’Airbnb. Leur passage en Bourse permettra de savoir combien vaut BlaBlaCar.
ITespresso.fr : Justement, à propos de BlaBlaCar, il y a des rumeurs de financement récent auprès d’un fonds russe…
Jean-David Chamboredon : C’est une rumeur sans doute fondée. Un petit pourcentage du capital est désormais détenu par des amis russes. La Russie est un marché important pour le développement de BlaBlaCar.
ITespresso.fr : Quel est l’impact du Brexit sur le marché du capital-risque européen ? Londres demeurant incontournable en la matière…
Jean-David Chamboredon : A court terme, c’est un signal négatif. Londres constitue la passerelle entre l’Europe et l’Amérique du Nord ou l’Asie. Il va y avoir un doute distillé parmi les grands investisseurs internationaux, qui mettent leur argent à Londres. Il risque d’y avoir un tarissement de l’investissement en Europe à cause du Brexit.
A moyen terme, c’est flou. Soit le Brexit constitue un non-événement, dans ce cas, le business continue comme d’habitude. Soit on cherche à se passer de Londres et rendre Paris attractif auprès des gérants de fonds internationaux. Dans ce cas, un travail considérable nous attend. Le marché français du financement des start-up a besoin de grandir à tous les étages pour que l’écosystème global grossisse.
Actuellement, le capital-risque « late stage » est monopolisé par Londres, même si on trouve des acteurs français comme Partech, Cathay Innovation ou Eurazeo.
Il nous manque toujours la puissance de feu. En France, si l’on veut que ça bouge, il faut absolument que l’épargne longue des Français (comme l’assurance vie) vienne pour une toute petite part dans le capital-risque. Et que les fonds français aient l’audace d’investir en Europe continentale.
Si un gestionnaire de fonds est en mesure de lever un milliard d’euros, il faut d’emblée prendre une envergure paneuropéenne.
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