ITespresso.fr : Les plateformes de crowdfunding existent déjà depuis quelques années. Comment vous différenciez-vous des Kickstarter, IndieGogo, KissKissBankbank, Ulule et autres MyMajorCompany ?
Joanna TRUFFAUT : Mis à part Indiegogo, Ulule et à moindre échelle Kisskissbankbank, il y a très peu de plateformes de crowdfunding vraiment internationales, c’est-à-dire qui acceptent des projets de presque partout dans le monde. En outre, nous n’acceptons les projets caritatifs au contraire d’Indiegogo et Ulule. Enfin, ces plateformes n’ont pas la connaissance du Moyen-Orient dont Mawwell bénéficie, ses subtilités, ses formidables opportunités et ses challenges.
ITespresso.fr : Vous semblez accorder une importance particulière au Moyen-Orient. En quoi Mawwell répond aux aspirations des internautes de cette région du monde ?
Joanna TRUFFAUT – Je vis depuis plusieurs années dans la région du Golfe persique où j’ai été témoin d’une formidable révolution numérique et artistique, et qui offre de superbes perspectives pour Mawwell.
En quelques chiffres, l’e-commerce au Moyen-Orient offre la plus forte croissance au monde. La taux de pénétration du mobile est de plus de 200% (parmi les plus élevé au monde). Le pays le plus connecté sur YouTube au monde est l’Arabie Saoudite. Arabnet (déclinaison de salon similaire à LeWeb mais en version Arabe) fait carton plein chaque année a Dubaï qui accueille a lui-seul une dizaine d’incubateurs d’entreprises et qui a décidé de consacrer un budget colossal aux arts et au design.
ITespresso.fr : Le rachat d’Oculus Rift par Facebook a paradoxalement généré beaucoup de frustrations parmi les membres de Kickstarter ayant soutenu de manière précoce l’initiative dans la réalité virtuelle . Le crowdfunding n’a-t-il pas vocation à donner accès au capital d’une société, quitte à bousculer certaines règles sur l’appel public à l’épargne ?
Joanna TRUFFAUT – Il y a plusieurs modèles de crowdfunding. Notamment le « rewards-based » (c’est à dire des systèmes de dons ou contributions pouvant donner lieu à des contreparties en nature adoptés par Mawwell mais aussi par Kickstarter, Indiegogo, Ulule) et « l’equity crowdfunding » (souscription de titres).
Ce sont deux modèles totalement différents, donc des desiderata de sponsors fondamentalement différents. L’un cherche à soutenir un projet et si possible recevoir un bien physique en échange de son engagement de soutien (pledge), l’autre a une vision plus long terme et parie clairement sur un retour sur investissement dans les années à venir.
Est-ce la majorité des pledgers qui s’est plainte suite au rachat de Oculus Rift par Facebook? C’est une situation exceptionnelle et nous pouvons comprendre la frustration de certains pledgers. Comment peut-on en vouloir à un projet de vouloir grandir? Un créateur de projet utilise le crowdfunding quand il est trop petit pour une société de capital-risque (venture capital), trop innovant pour un banquier et ou pour faire son marketing produit.
Le marché du crowdfunding évolue de mois en mois. L’equity crowdfunding est un modèle très intéressant et en croissance. Néanmoins, il peut devenir un vrai casse-tête pour l’entrepreneur qui se retrouve avec une foultitude d’investisseurs qui peuvent être novices et/ou non qualifiés pour ce type d’opération et qui ne pourront peut-être jamais servir de mentors pour la start-up.
Et puis quels sont les risques pour les levées de fonds futures? Un VC acceptera-t-il de se retrouver dans un investissement déjà potentiellement bien dilué avec de nombreux « angels », inconnus et/ou non experts? Recevoir du « dumb money » d’un certain nombre d’investisseurs qui ne comprennent pas votre business plan est-il souhaitable? Quid des petits épargnant qui, pour beaucoup, vont voir leur argent fondre comme neige au soleil ? Car, comme on le sait tous, seule une minorité de start-up connaîtra le succès.
Bref, très peu d’efforts à ce jour ont été effectués afin d’adresser ces challenges. Comme, on l’a vu pour Oculus Rift, l’avantage du crowdfunding basé sur un système de récompenses en nature est que, du coup, il peut aider à se crédibiliser auprès d’investisseurs potentiels.
Les différentes formes du crowdfunding |
– Prêts à titre gratuit ou rémunéré (peer to peer lending). – Souscription de titres (actions ou obligations), l’investisseur acquérant des titres de capital ou de créance émis par l’entreprise ainsi soutenue (crowdinvesting). – Don ou contribution pouvant donner lieu à des contreparties en nature (CD, places de spectacles…) ou en numéraire (participation aux bénéfices retirés du projet financé…).(Source : guide du financement participatif – Ministère de l’Economie et des Finances – Mai 2013) |
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