Interview Laurent Rousseau – Oceasoft : « Nous travaillons avec Sigfox »

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Spécialiste des capteurs connectés, Oceasoft vient d’entrer en Bourse via Alternext. Son P-DG précise sa vision de l’Internet des objets au service de l’industrie.

C’est une étape importante pour Océasoft. Cette société de Montpellier, qui conçoit des capteurs connectés et des logiciels d’exploitation, vient d’entrer en Bourse via Alternext (Euronext Paris).

Désormais, une proportion de 30% du capital de la société se négocie au flottant. Oceasoft a levé 8,6 millions d’euros. Ce qui porte la valorisation de la société à 25 millions d’euros.

La première journée de cotation a été plutôt calme.Le prix d’introduction de l’action se situait à 9 euros. Après avoir descendu en dessous de ce niveau dans la matinée, le cours de l’action est remonté pour atteindre  9,37 euros vers 13h00 puis se stabiliser à 9 euros à la fin de la journée.

Lors de la cérémonie d’inauguration de la cotation organisée jeudi matin dans les locaux d’Euronext (28 janvier), nous avons rencontré Laurent Rousseau, P-DG d’Oceasoft, qui a précisé la stratégie.

Cette société high-tech, créée il y a 15 ans, surfe sur la vague de l’Internet des objets.

ITespresso.fr : Comment définiriez-vous le positionnement d’Oceasoft ?

Laurent Rousseau : Nous avons un positionnement particulier dans le monde des objets connectés. On a vu beaucoup de choses sur le sujet  à destination du grand public à l’occasion du CES de Las Vegas.

Les capteurs d’Oceasoft sont destinés au monde de l’industrie. Nous opérons sur trois marchés : les sciences de la vie (85% de notre chiffre d’affaires), l’agro-alimentaire (15%) et l’environnement (on démarre).

Au 30 juin 2014 (clôture de l’exercice 2013-2014), nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 4,6 millions d’euros. C’est une croissance de 25% par rapport à l’exercice précédent.

Nous sommes une société rentable puisque notre taux EBITDA se situe à 19,3% de notre chiffre d’affaires et nous affichons un taux de rentabilité nette de 9%. Notre taux de croissance annuelle moyen est de 22% et nous avons entièrement auto-financé notre développement.

ITespresso.fr : Pourriez-vous nous fournir une illustration dans les sciences de la vie ?

Laurent Rousseau : Tous les produits liés à la santé peuvent être amené à faire l’objet d’un transport dans des conditions particulières. 7 des 10 médicaments les plus vendus dans le monde sont thermo-sensibles. C’est le cas des vaccins, l’insuline ou les collyres.

Pour aider les industriels à relever ce défi de contrôle et de surveillance, nous leur proposons des capteurs intelligents et connectés. Par exemple, nous avons équipé des centres de vaccination UNICEF en Inde.

Pour le stockage des vaccins, nous fournissons des capteurs pour s’assurer que le dispositif fonctionne bien ou pour faire remonter des alertes si nécessaire. Les enjeux sont considérables. Rappelons que l’Inde avec son milliard d’habitants a éradiqué la poliomyélite l’an passé.

ITespresso.fr : Jusqu’où poussez-vous l’exploitation des capteurs ?

Laurent Rousseau : Nous disposons d’une offre verticalisée chez Oceasoft du capteur aux systèmes d’information en passant par les moyens de communication.

Cela inclut des moyens de transmission par radiofréquence qui acheminent les mesures vers des systèmes d’information et des développements de logiciels qui vont permettre à nos clients de récupérer les données (connecteurs pour Oracle, SAP…) pour les exploiter.

Sur les quinze ans d’activité, nous comptabilisons environ 3000 clients avec 400 vraiment actifs sur le dernier exercice.

ITespresso.fr : Pourquoi faîtes-vous fait appel à la Bourse ?

Laurent Rousseau : Au regard de la croissance de nos activités, des marchés que nous adressons, des règlementations de plus en plus complexes et de l’émergence des technologies connectées, nous devons être en mesure de répondre à la demande de manière structurelle. Et il faut des capitaux.

Cela fait un an que nous sommes entrés dans ce process d’introduction. Nous avons travaillé avec Enternext pour fixer le meilleur compartiment en fonction de notre positionnement et du montant recherché. Alternext nous a paru le plus approprié.

ITespresso.fr : Quelles sont vos priorités ?

Laurent Rousseau : Nous devons accentuer notre expansion internationale. Notamment aux Etats-Unis (nous réalisons 20% de notre chiffre d’affaires sur le territoire nord-américain). Nous devons nous installer sur place pour être plus près des donneurs d’ordres.

55% des fonds levés sont servir aux efforts commerciaux et marketing. La deuxième phase, ce sera l’Asie du Sud-Est. Nous réalisons 6% de notre CA dans cette zone.

ITespresso.fr : Quels partenariats avez-vous signé dans l’Internet des objets ?

Laurent Rousseau : Nous travaillons avec Sigfox. Nous avons intégré leur technologie dans nos produits. Dans notre gamme de capteurs Cobalt S3, nous sommes en mesure de nous connecter au réseau bas débit de communication Sigfox pour diffuser une donnée basique.

Avantage du dispositif : une couverture nationale, une faible consommation énergétique permettant aux produits de tenir très longtemps avec une pile et un coût d’accès très faible. On peut descendre jusqu’à un euro par an le coût de la donnée d’un capteur d’humidité ou de pression pour le compte d’une entreprise. C’est dérisoire.

Dans le domaine du cloud, nous avons signé des accords avec les sociétés américaines ThingWorx et Axeda (rachetées par le groupe PTC).

ITespresso.fr : Qu’appellez-vous la deuxième vague de l’Internet des objets ?

Laurent Rousseau : La première vague regroupe les objets connectés pour répondre aux besoins individuels (montres connectées, bracelets connectés, maisons connectées…). A l’horizon 2020, ce segment représentera 30% du volume d’affaires des objets connectés.

Il y aura ensuite une autre proportion de 30% dédiée à l’automotive (places de parking, véhicules connectées, interactions avec l’automobile…) et 40% se fera dans l’industrie (la ferme connectée, le laboratoire connecté, l’hôpital connecté…).

ITespresso.fr : Les objets connectés à destination du grand public, c’est un créneau susceptible d’intéresser Oceasoft ?

Laurent Rousseau : Pas du tout. Nous sommes une petite société (quarantaine de salariés) et ce n’est pas notre ADN. Nous risquerions de nous disperser.

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