Interview Magalie Noé – CNP Assurances : « Open innovation : un modèle gagnant-gagnant »
CNP Assurances a inauguré un programme d’open innovation. La Chief Digital Officer du groupe précise la portée du dispositif Open CNP visant à se rapprocher des start-up.
A l’occasion de la convention France Digitale Day organisée la semaine dernière, le groupe CNP Assurances disposait d’un stand pour présenter son programme Open CNP. Une initiative d’open innovation dotée d’une enveloppe de 100 millions d’euros sur 5 ans.
Deux start-up ont déjà bénéficié de cet accompagnement. Dans l’e-santé, l’assureur est entré au capital et au conseil d’administration de la société H4D, spécialisée dans la télémédecine, à l’occasion d’une levée de fonds de 6,7 millions d’euros (en association avec Bpifrance et Innovation Capital) qui a été bouclée le mois dernier.
Dans le secteur du crowdlending (prêts des particuliers vers les entreprises), Open CNP a apporté son soutien à Lendix dans le cadre d’une levée de fonds bouclée en avril (là aussi avec Bpifrance, Innovation Capital et le family office Atoga).
En tant que Chief Digital Officer de CNP Assurances, Magali Noé est très impliquée dans la transformation numérique en interne, tout en se montrant attentive à l’écosystème start-up sous le prisme de l’open innovation.
(Interview réalisée le 29 septembre, avec relecture)
ITespresso.fr: Quelle est l’idée motrice de CNP Assurances avec ce programme Open CNP « d’open innovation » que vous inaugurez ?
Magalie Noé: C’est la première fois que nous allons investir en direct dans des start-up. Nous disposons d’une enveloppe dédiée de 100 millions d’euros sur une période de trois à cinq ans pour sélectionner des start-up à fort potentiel. Pour l’instant, nous nous concentrons sur notre périmètre d’activité.
Nous ne sommes pas uniquement investisseur mais aussi partenaire. C’est obligatoire : nous investissons dans la start-up pour l’accompagner dans son développement et le déploiement de sa stratégie. Et une place au board. Nous pouvons par exemple l’aider la start-up à s’implanter à l’international, trouver des synergies avec nos propres métiers ou lui apporter notre soutien en termes de soutien stratégique.
Nous regardons les opportunités dans les secteurs : e-santé, FinTech, AssurTech, développement d’offres et de technologies répondant aux nouveaux besoins de protection de la personne. Que ce soit du côté des technologies disruptives (comme la blockchain) que celui des services comme le crowdlending.
Pour la première année d’exploitation, nous comptons investir dans une dizaine de start-up.
ITespresso.fr: Jusqu’où pourriez-vous pousser cette démarche ? Un incubateur va-t-il émerger ?
Magalie Noé: Ce n’est pas inscrit sur notre feuille de route aujourd’hui. Nous privilégions un modèle gagnant-gagnant qui capitalise les atouts de deux ecosystèmes : start-up et grands groupes.
La start-up peut nous faire gagner de l’agilité (ce qui s’inscrit dans le programme de transformation numérique de l’entreprise) et nous pouvons lui fournir en échange notre expertise et notre appui.
Nous avons préféré monter un incubateur interne baptisé l’Accélérateur, qui entre davantage dans une démarche d’innovation et d’intrapreunariat. C’est un espace mis à disposition par l’entreprise pour que les collaborateurs proposent de nouvelles idées pour améliorer l’expérience client notamment.
ITespresso.fr: Avez-vous monté des partenariats avec des incubateurs existants ou des espaces numériques ?
Magalie Noé: Cela arrivera avec Open CNP mais ce programme n’a que six mois d’existence. Pour démarrer, nous passons pour le sourcing par les équipes de private equity d’Hélène Falchier. Nous veillons à établir des partenariats solides et engagés pour conserver de grand groupe partenaire des start-up.
ITespresso.fr: Dans vos premiers investissements annoncés, vous avez retenu Lendix, une des plateformes phares de crowdlending en France. Comment l’accompagnez-vous ?
Magalie Noé: Notre collaboration consiste à aider Lendix à se développer sur les marchés espagnol et italien, avec l’appui des filiales de CNP Assurances à l’international. Et, au cours de nos échanges, en observant leurs méthodes de travail, nous nous sommes rendu compte que Lendix utilise un outil conversationnel efficace que nous avons finalement décliné pour le compte de l’un de nos segments de clientèle. Nous sommes bien dans une démarche win-win.
ITespresso.fr: Ce programme d’open innovation, c’est aussi un moyen pour CNP Assurances de moderniser l’image du groupe…
Magalie Noé: C’est effectivement un signal fort dans ce sens. Nous allons capitaliser sur Open CNP en externe mais aussi en interne. CNP Assurances est en mouvement! Et ce n’est pas le seul levier.
Dans cette même logique, la direction de la communication a ouvert une plateforme de contenus Web baptisée « Ces petites choses » qui change le ton et parle de manière beaucoup plus décalée et ludique. Cette image de modernité est également portée à travers les réseaux sociaux et des innovations en termes d’offres et de parcours clients.
Avec l’ensemble de ces actions, nous sommes en train de transformer l’image du groupe en ajoutant notre digital touch.
(Crédit photo illustration : Olivier Ezratty pour QFDN – Quelques Femmes du numérique)