C’est une rencontre improbable. Mais Nelson Monfort était présent dans la salle de conférence d’AccorHotels dans l’enceinte de l’Hôtel de luxe Molitor, près de Roland Garros à l’Ouest de Paris.
Lors de la session de questions-réponses, le journaliste sportif vedette de France Télévisions a notamment demandé à Sébastien Bazin, P-DG du groupe hôtelier, s’il comptait multiplier les partenariats officiels comme celui signé avec Roland Garros.
A la sortie de la conférence, nous lui demandons s’il accepterait le principe d’une interview à propos du tennis à l’ère numérique.
Ô surprise, il accepte sans chichi. Alors on s’y lance à chaud. L’occasion d’évoquer la raquette connectée de Rafael Nadal, qui fait du buzz à Roland Garros.
(Interview réalisée le 3 juin 2015)
ITespresso.fr : Dans quelle mesure le numérique a changé la couverture télé d’un tournoi comme Roland Garros ?
Nelson Monfort : Chez France Télévisions, le numérique a apporté des changements concrets. Autrefois, nous diffusions à l’antenne le tournoi de 11h00 jusqu’à parfois 21h00 chaque jour.
Aujourd’hui, nous ne démarrons vraiment qu’à 15 heures. Les quatre premières heures sont disponibles uniquement sur le numérique c’est-à-dire le haut débit (l’ADSL).
Et cette méthode de couverture a multiplé à l’infini le nombre de visionnages vidéo vues par Internet.
Par exemple, nous n’avons pas disposé de la fin du match entre Roger Federer et Gaël Monfils à la télé (le match en huitième de finale a été interrompu en raison de la nuit qui tombait). Mais, à la reprise du match, on a battu tous les records via l’ADSL.
Un tournoi comme Roland Garros est l’exemple type des changements qui s’annoncent avec le numérique. Notamment pour couvrir tous les courts la première semaine du tournoi.
Naturellement, les courts les plus prestigieux comme Philippe-Chatrier et Suzanne-Lenglen sont couverts mais les autres courts annexes (numéro 10 ou 12, que sais-je), où se déroulent probablement des matches tout aussi passionnants, ne le sont pas.
A terme, on pourra couvrir l’intégralité du tournoi. Pour l’instant, on est à environ 80%.
ITespresso.fr : Les outils numériques se sont multipliés pour mesurer les performances des joueurs de tennis sur les courts. S’agit-il d’un vrai changement pour le tennis de haut niveau ?
Nelson Monfort : La plus spectaculaire cette année, c’est la raquette connectée de Rafael Nadal, qui mesure les effets coup droit, volets, revers, services…et qui donnent ensuite des statistiques lors d’un match contre un joueur donné.
L’analyse des données collectées peut servir pour ses prochains matches. C’est le premier grand joueur de tennis à adopter ces technologies.
Pour l’instant, nous les journalistes, n’avons pas accès à ces données. Et au regard de ses résultats, cela semble lui porter bonheur. Mais en-a-t-il vraiment besoin, vu son niveau ?
ITespresso.fr : A votre avis, les autres grands joueurs de tennis vont suivre le mouvement ?
Nelson Monfort : Rafael Nadal fait figure de pionnier en utilisant une raquette connectée et intelligente. C’est tout ce que je sais.
Je vous fournis mon sentiment personnel : trop de technologies tuent la technologie. Et je ne suis pas le seul à partager cet avis. Il faut garder une part du mystère. Si on sait tout du jeu de l’adversaire, il y a quelque chose qui cloche.
ITespresso.fr : En tant que journaliste sportif, exploitez-vous des données d’analyse sur les joueurs pour alimenter vos commentaires ?
Nelson Monfort : Je les regarde mais je ne les utilise pas dans les commentaires. Je ne veux pas assommer les téléspectateurs de données statistiques. Cela m’arrive quelque fois mais je n’entre pas dans les détails.
ITespresso.fr : Connaissez-vous l’application mobile Periscope ?
Nelson Monfort : Non.
ITespresso.fr : Via Twitter, tout détenteur d’un smartphone peut diffuser en live vidéo des extraits d’évènements sportifs comme Roland Garros. N’est-ce pas un danger pour un diffuseur TV officiel du tournoi comme France Télévisions ?
Nelson Monfort : Normalement, il existe des clauses qui interdisent ce genre de chose. Quand on est diffuseur d’un évènement, on essaie d’en obtenir l’exclusivité. Maintenant, je connais la nature humaine…Je ne peux pas développer davantage sur ce point.
Maintenant, il est vrai que tout spectateur peut devenir réalisateur avec son téléphone. Exemple assez typique : mardi (2 juin), un panneau métallique est tombé sur des spectateurs du court Philippe-Chatrier (c’était pendant le quart de finale entre Jo-Wilfried Tsonga et Kei Nishikori).
J’imagine que ce genre de chose a été filmé par des spectateurs près de l’incident avant nous.
ITespresso.fr : Pour votre propre usage professionnel, utilisez-vous des services numériques ou des applications comme Twitter ?
Nelson Monfort : Non. Twitter m’intéresse mais je ne l’utilise pas. Je ne veux pas me rendre esclave de cela. Et c’est le mot. Je me connais : si je rentre là-dedans, je ne lâche plus.
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