Interview Philippe Lourenço – MisterBell : « Le nombre d’apps installées n’est plus un critère pertinent »
Fondateur de MisterBell, Philippe Lourenço explique quel pivot stratégique a été opéré en matière de publicité mobile.
ITespresso.fr : Le MisterBell d’aujourd’hui ressemble t-il à celui de sa création ?
Philippe Lourenço : MisterBell vient en effet de fêter ses 5 ans en novembre dernier mais comme beaucoup de start-up, nous avons opéré des pivots stratégiques »pour nous adapter à un marché qui évolue vite ! Ce qui marchait il y a deux ans ne marche plus nécessairement aujourd’hui.
Les annonceurs sont devenus plus matures, les outils de tracking ont été rationnalisés et l’ère de la programmatique a deferlé en moins de deux ans.
Nous sommes donc progressivement passé d’un métier de publisher, à celui d’une régie et avons aujourd’hui véritablement basculé dans l’ère de la data et de la programmatique mobile.
ITespresso.fr : De média, vous êtes devenus… une techno ?
Philippe Lourenço : Nous disposons effectivement d’une technologie propriétaire unique , baptistée Mokshaa (le nirvana en Hindou) qui a nécessité plus de 3 ans de R&D (15 ingénieurs et 5 data scientists), qui nous permet d’opérer aujourd’hui en tant véritable trading desk sur mobile.
Pour l’instant, nous sommes les seuls à opérer sur Mokshaa, nous avons clairement opté pour un modèle full managed services. Il n’est pas exclu en revanche que nous mettions un jour notre technologie en SaaS à disposition des agences.
ITespresso .fr : Mokshaa c’est quoi ? Une DMP ? Une DSP ?
Philippe Lourenço : C’est une technologie “hybride” à la croisée des chemins entre un tracker, une DMP et un module d’analytics très granulaire.
Nous en sommes d’autant plus fiers de Mokshaa qu’elle utilise aujourd’hui parmi les meilleures technologies du marché : langage Scala, Cassandra, Spark. Tout a été pensé pour traiter de gros volumes de données en temps réel.
D’un point de vue métier : nous filtrons, traquons, créons des cluster d’audiences appropriés au service de nos clients.
Cette plateforme nous permet ainsi non seulement de répondre aux problématiques de ROI , de « brand safety » mais également de « adverification » car les annonceurs ne veulent plus payer pour du mauvais ou faux trafic, ce qui réduit d’autant la performance de leurs campagnes.
ITespresso .fr – Vos clients basculent d’une logique quantitative à une logique qualitative ?
Philippe Lourenço : Oui. Et la clé pour réussir, c’est de savoir toujours mieux faire parler la data.
Le nombre d’installations d’une application par exemple n’est plus un indicateur suffisant ni satisfaisant.
Là où de nombreux concurrents s’arrêtent au clic ou à l’installation dans le cadre d’une promotion de l’application, nous allons infiniment plus loin en termes d’optimisation publicitaire. Nous accompagnons nos clients les plus matures pour lesquels nous pilotons et optimisons en temps réel les actions après l’installation de leur application.
80 % des clients avec lesquels nous travaillions en 2014 nous ont renouvelé leur confiance en 2015 car semaines après semaines nous ne cessons d’améliorer leurs KPI.
ITespresso .fr – Le futur de MisterBell, c’est d’être racheté par une agence média ?
Philippe Lourenço : Pour l’instant, nous souhaitons continuer à grossir, toujours mieux servir nos clients et continuer à nous internationaliser. Toutes les études démontrent le retard du marketing mobile sur les usages.
Pour réduire cet écart, je pense que le marché a besoin de notre technologie pour concilier sécurité, data et performance.
Au regard de la menace que représente la montée en puissance des GAFA (Goole, Apple, Facebook, Amazon), rien est à exclure car on est toujours plus forts à deux.