Disponible sur l’App Store d’Apple (mais aussi Google Play en fouillant un peu plus dans le catalogue pour les terminaux Android), l’application OnOff attire l’attention. Elle permet d’utiliser plusieurs numéros sur un seul smartphone en les stockant dans le cloud.
Le projet est poussé par Taïg Khris, un champion du roller qui avait fait sensation lors d’un évènement organisé à la Tour Eiffel en 2010.
Hier, il a organisé une conférence de presse pour présenter le véritable lancement de OnOff.
En marge, nous avons organisé une « interview scooter » entre deux rendez-vous pros de Taïg Khris, qui a apporté des précisions sur ce qu’il considère comme un nouveau défi.
Vous verrez, on passe rapidement du vouvoiement au tutoiement…
(Interview réalisée par téléphone le 24 février 2015)
ITespresso.fr : Comment passer d’un statut d’un champion de roller à celui d’un start-upper dans l’Internet et les télécoms ?
Taïg Khris : J’ai toujours été passionné d’informatique. Je n’ai pas de compétence de développeur mais j’aime bien le design via PhotoShop et découvrir de nouvelles applications. A travers mon parcours sportif, j’ai aussi été entrepreneur. Ou plutôt de réalisateur de projets. J’ai toujours cherché à renouveler mon sport (le roller) en apportant des choses dingues et nouvelles.
Pour les sauts en roller depuis la Tour Eiffel ou le Sacré-Cœur, je me suis battu pendant deux ou trois ans dans l’ombre pour obtenir les autorisations administratives, trouver le budget [j’ai levé un million d’euros pour sauter depuis la Tour Eiffel, précisait notre interlocuteur lors de son passage hier sur BFM Business, NDLR] et convaincre des sponsors.
Cela ressemble à un parcours de start-upper qui doit monter une équipe pour réaliser un projet a priori infaisable. J’ai toujours fait cela dans ma vie dans des domaines différents : j’ai écrit un long métrage que je voudrais lancer, j’avais une boîte de papeterie – maroquirenie à mon effigie dans la grande distribution, etc.
La quarantaine arrivant, j’avais envie de me relancer dans un nouveau challenge d’entreprise alliant l’Internet et la téléphonie. Des domaines qui me passionnent mais que je connaissais peu. J’ai beaucoup appris en un an et demi.
ITespresso.fr : D’où vient ce concept OnOff Telecom ?
Taïg Khris : En fait, je cherchais un moyen de gérer les milliers de contacts téléphoniques accumulés au fur et à mesure des évènements auxquels je participais. Des fans avaient également réussi à récupérer mon numéro…
J’ai commencé à regarder ce qui se faisait sur Internet. Et, à ma grande surprise, malgré les progrès dans l’Internet et la téléphonie, la carte SIM et l’usage du numéro associé à cette carte n’ont pas changé. Je rêvais d’avoir un deuxième numéro de mobile aussi facilement qu’en créant une adresse e-mail.
Tout est dans le cloud aujourd’hui. Pourquoi pas mon numéro de téléphone ? Les cloud numbers, je pense que c’est l’avenir des télécoms alors que le monde des opérateurs reste fermé en l’état actuel. J’ai commencé à voir les nouveaux usages associés à cette vision. Et OnOff est devenu mon nouveau challenge Tour Eiffel. Je suis entouré d’experts télécoms et de développeurs. Nous serons bientôt 25 dans l’équipe.
ITespresso.fr : Dans les télécoms, tu as signé un accord avec l’opérateur Transatel…
Taïg Khris : Effectivement. Transatel dispose d’une licence d’opérateur. C’est lui qui exploite les numéros mobiles et qui les sous-loue à OnOff en quelques sortes. Les appels sont acheminés par Transatel. Du côté d’OnOff, on a développé toute l’intelligence logicielle associée à l’application.
ITespresso.fr : Les numéros commençant par 06 constitue une ressource rare. C’est pour cette raison que l’ARCEP avait ouvert les 07…Où puisez-vous encore des numéros 06 ?
Taïg Khris : Transatel dispose encore d’une réserve de numéros en 06 mais le stock n’est pas illimité évidemment. Il en reste encore suffisamment pour faire grandir la société. On a encore de la marge : cela se compte en milliers. Mais, à un moment donné, il faudra passer au 07.
En France, 10 à 12 millions de personnes ont fait l’effort de prendre deux abonnements de téléphonie mobile. En adoptant l’application OnOff, ces gens-là vont générer des économies instantanément et gagner en flexibilité de service.
ITespresso.fr : Comment as-tu démarré le financement de ce projet start-up ?
Taïg Khris : J’ai fait appel à des amis et à des membres de ma famille pour me soutenir. J’ai levé un million d’euros comme cela l’an dernier. Aucun fond n’est intervenu pour l’instant. Cela m’a permis d’assurer le développement du produit sur un an.
ITespresso.fr : Une partie de ton équipe est installée à Tallin, capitale de l’Estonie et patrie de Skype. Ce n’est pas une coïncidence ?
Taïg Khris : J’ai un pote d’enfance qui connaît bien Internet et qui vit là-bas depuis quatre ans. Il m’a dit que c’était un peu l’équivalent de la Silicon Valley et qu’il y avait beaucoup de développeurs performants sur place. Il a pris contact avec certains ingénieurs de Skype pour contribuer à ce projet.
ITespresso.fr : Pourquoi considères-tu que les opérateurs mobiles français vont bien accueillir OnOff ?
Taïg Khris : En fait, j’ai rencontré tous les opérateurs. Qu’ils soient français ou internationaux. Ils ont trouvé le service extraordinaire. Les opérateurs ont besoin de contenus pour fidéliser leur clientèle. Et l’application OnOff n’entre pas en concurrence avec eux.
J’ai besoin de travailler avec eux. Il n’y pas de guerre possible. Certes, ils risquent de perdre des abonnements sur cette base des 12 millions de clients ayant adopté deux offres. Mais nous faisons le pari de la démocratisation : beaucoup plus de gens vont prendre deux numéros.
ITespresso.fr : Mais tu touches à un élément sensible dans le business des opérateurs : la carte SIM et ses fonctions de services intégrés (comme le numéro de mobile). Ne crains-tu pas d’être écarté comme Skype l’a été pendant des années sur les réseaux mobiles ?
Taïg Khris : Je ne le retire pas de business puisque l’application OnOff ne peut pas fonctionner sans carte SIM. C’est la grande différence avec Skype. L’utilisateur continuera d’exploiter le réseau GSM de l’opérateur.
Nous n’exploitons pas la voix sur Internet (VoIP) comme Skype, Viber ou WhatsApp (Facebook). Nous utilisons à 100% le réseau GSM des opérateurs, qui ont tout intérêt à valider notre modèle pour apporter des services différenciants comme des fonctions de réseau social intégrées.
Nous sommes en discussions très avancées avec des opérateurs français. Je pense que nous allons signer un premier accord très rapidement.
Bonus vidéo YouTube : Pour revivre le saut de Taïg Khris de la Tour Eiffel (Officiel Record)
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