La première journée a été laborieuse pour Showroomprivé en Bourse (Euronext Paris). Le cours de la valeur SRP a fini la séance à 17,62 euros. Alors que le prix d’introduction avait été fixé à 19,50 euros. C’est une baisse de 9,64%.
Au-delà de cet incident de départ à la Bourse, Thierry Petit, co-fondateur et co-CEO du groupe Internet marchand spécialisé dans les ventes événementielles, demeure confiant dans le projet entrepreunarial à terme et le modèle associé.
En marge de la cérémonie d’Euronext pour l’IPO de Showroomprivé avec Emmanuel Macron (ministre de l’Economie) que nous avons illustrée en photos, petit entretien en complément avec Thierry Petit sur la période vécue en mode pré-IPO (marqué par des coups durs dans le numérique, en particulier le report de l’introduction en Bourse de Deezer) et sur les ambitions de Showroomprivé. Notamment avec son nouvel allié puissant chinois…
(Entretien réalisé le 30 octobre 2015 en fin de matinée)
ITespresso.fr : La cotation de Showroomprivé vient de commencer. Avez-vous eu des hésitations à poursuivre le processus IPO dans les derniers instants ? Au regard des mésaventures de Deezer…
Thierry Petit : C’était un mauvais signal. On aurait aimé que tout le monde réussisse et que Deezer réalise son introduction en Bourse. Mais cela ne nous a pas fait peur et on ne s’est jamais posé la question : « On y va ou pas ? » On a été souscrit très vite. Les histoires et les modèles sont différents. Je pense que Deezer a dû faire face à des annonces très fortes de ses concurrents pendant son roadshow [tournée des investisseurs potentiels avant IPO, ndlr].
Avec ces temps compliqués, je crois que les investisseurs regardent davantage des modèles de croissance, de rentabilité et d’auto-financement. Deezer devait prouver la rentabilité sur plusieurs années.
ITespresso.fr : A titre individuel, comment avez-vous vécu cette période d’imminence de l’IPO ?
Thierry Petit : A ce sujet, on m’a conseillé de lire l’ouvrage de Jean-Baptiste Rudelle*, CEO de Criteo qui est aussi un ami. Surtout les premières pages portant sur l’IPO de Criteo [au Nasdaq, ndlr]. Mais je n’ai pas eu le temps. Je suis complètement cramé de fatigue. C’est abominable.
En plus, il y a les décalages horaires avec les 15 jours passés de roadshows. C’est très intense. Nous avons effectué 45 présentations en one-to-one en 15 jours et on a vu au total 145 investisseurs.
Mais c’est rassurant ce process quelque part : en passant tous ces filtres, on est certain qu’il y a quelque chose de solide.
ITespresso.fr : Quelles sont les prochaines étapes de développement de Showroomprivé ?
Thierry Petit : Nous continuons d’amener de l’innovation dans ce métier : mobilité, livraison en 24 heures, lancement de notre propre collection, notre incubateur Forward.. C’est important, surtout quand on est challenger.
L’autre grand axe de développement, c’est la croissance à l’international. L’Europe en particulier. Un marché de marques fabuleux. Entre l’Espagne, l’Italie et la France, on a 90% des marques du monde. Et, au niveau des consommateurs, tout reste à faire sur Internet. 10% des ventes de mode se font en ligne en Europe : 6% en France, 3% en Espagne et 3% en Italie. L’Allemagne est encore en phase de test.
La vertu de notre modèle, c’est que notre développement demande peu d’investissement. A part en marketing, nous n’avons pas besoin d’entrepôts et des effectifs denses par pays.
Nous avons lancé plusieurs pays en simultané et on regarde comment la situation et la maturité des marchés évoluent. Nous sommes présents actuellement sur neuf pays avec la France. On restera à périmètre constant en 2016 pour consolider les positions prises.
ITespresso.fr : Avec votre IPO, un groupe e-commerce chinois (Vipshop) a pris position dans votre capital. Pourquoi cette alliance ?
Thierry Petit : Vipshop est méconnu mais c’est le leader mondial sur notre marché. Il pèse près de 10 milliards au NYSE. On discute entre acteurs depuis deux ou trois ans. Ce qui est intéressant, c’est que l’on a tous les deux une philosophie de challenger. A moindre échelle en ce qui nous concerne. En Chine, Vipshop s’est battu contre Alibaba et Taobao.
De plus, on partage la même vision de marché : ce n’est plus du déstockage mais un canal de de distribution pour les marques. Certes, ça tourne toujours autour des invendus mais on leur offre de la visibilité et une meilleure connaissance de leurs consommateurs. Ce qui sécurise les relations que l’on entretien avec les marques.
Sur la base de ce constat, on s’est dit avec Vipshop : comment faire plus de business ensemble. L’IPO nous en a donné l’occasion. Vipshop entre dans notre capital. Et l’idée, c’est de faire des synergies en s’associant sur certains deals en Europe. On sera plus fort en volume de manière à pouvoir concurrencer le leader français [Vente-Privée.com, ndlr].
Et à l’inverse, on aura des synergies sur des produits destinés à la Chine. Pourquoi pas pour lancer notre propre collection au niveau local…Cela reste à définir. Mais, dans l’idée, c’est d’avoir des synergies commerciales pour être plus fort sur deux zones géographiques différentes mais complémentaires.
C’est une collaboration qui vise à générer plus de croissance à l’un et à l’autre.
* « Le manifeste du fondateur de Criteo, On m’avait dit que c’était impossible », Jean-Baptiste Rudelle, Stock.
Illustration : Thierry Petit en premier plan avec David Dayan en second plan
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