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Interview Thomas Serval : Google acquiert Nest, reflet d’une vraie ambition dans les objets connectés

En direct de San Francisco, Thomas Serval commente le rachat de Nest par Google dans l’univers des objets connectés. C’est un observateur aguerri en raison de son parcours professionnel. A plus d’un titre, il s’intéresse à cette nouvelle méga-acquisition de Google.

Co-fondateur de Baracoda en 1999 en France (lecteurs de code-barres sans fil à la norme Bluetooth), il dispose d’une expérience de 15 ans dans le domaine des technologies sans fil et des objets connectés. Net-entrepreneur dans l’âme, il a néanmoins occupé des responsabilités chez Microsoft France (directeur de la division Plateforme et Ecosystème,  janvier 2009 – mai 2011) puis chez Google (Directeur « Média et Plate-forme » du groupe Internet pour la zone Europe du Sud et de l’Est, Moyen-Orient et Afrique, période juin 2011 – 2012)…

On le retrouve maintenant à la tête Aleph1, « un accélérateur dédié aux objets communicants et au big data » dans lequel on retrouve Kolibree, une start-up qui développe une brosse à dents connectée présentée au CES 2014.

(Interview téléphonique réalisée le 14/01/14)

ITespresso.fr : Comment décryptes-tu le rachat de Nest par Google ?
Thomas Serval : Quand Google veut se lancer dans une nouvelle activité comme les objets connectés, il met le paquet pour parvenir à ses desseins. Dans la grande logique de Google, l’équipe de Nest est assez exceptionnelle. C’est une concentration de talents : sur 300 personnes, une centaine viennent d’Apple. Il y a eu des tentatives périphériques avec Android @home pour faire une grand saut dans la domotique connectée. Nest était la boîte américaine la mieux placée et la plus visible sur le secteur des objects connectés. On peut imaginer que Google construit une position pour installer Android dans les foyers. Le groupe affiche sa volonté de structurer l’organisation et la diffusion de l’information dans le monde. Il cherche maintenant à réveiller un domaine [la domotique] qui reste sur des technologies anciennes et propriétaires. Il perçoit probablement une opportunité pour organiser, fluidifier et partager l’information à l’intérieur des maisons.

ITespresso.fr : Es-tu surpris par le montant faramineux du rachat (3,2 milliards de dollars) ?
Thomas Serval : Il reflète une ambition stratégique de Google. C’est un signal fort envoyé au marché. Comme cela a été le cas avec le rachat de Waze [le GPS social convoité par Facebook, finalement acquis par Google, ndlr], les vendeurs ont su faire monter les enchères comme il le fallait. Enfin, au regard du cash flow généré par Google, ce montant de 3,2 milliards de dollars représente 3 à 6 mois de profits. C’est absorbé assez rapidement par une groupe dynamique comme Google.

ITespresso.fr : Avec la start-up Kolibree (brosse à dents connectée) que tu présides, percevais-tu Google dans ton champ de vision ?
Thomas Serval : Notre produit est vraiment sorti il y a une semaine. Quand on a fait Kolibree, on ne voyait pas Google dans ce genre de produits. Cela donne une certaine attraction au marché. Google Ventures avait préalablement investi dans Nest. Globalement, le fonds investit dans tout ce qui a un impact dans les nouvelles technologies.

ITespresso.fr : Comment explores-tu le monde des objets connectés ?
Thomas Serval :  En fait, je m’investis à travers Aleph1, un accélérateur dédié aux objets communicants et au big data. Actuellement, nous avons trois boîtes dans le portefeuille : Kolibree, Radioline (portail radios, voir encadré ci-dessous) et Flaminem (big data et assurance). J’avais eu cette idée d’invention  de brosse à dent connectée il y a un an au CES justement. En tant que président de Kolibree, je prends en main les relations extérieures et la stratégie. Loïc Cessot, qui occupe les fonctions de CEO, s’occupe du développement du produit.

ITespresso.fr : Comment comptes-tu étendre le catalogue de produits Kolibree ?
Thomas Serval :  On travaille sur deux autres produits connectés pour l’année 2014. Nous disposons d’une usine aux Philippines qui produit déjà 300 000 objets connectés par an pour le compte d’autres sociétés en marques blanches.

ITespresso.fr : Pour cette cuvée 2014 du CES, on a vu une délégation importante de sociétés françaises dédiées aux objets connectés (Withings, Parrot, Netatmo…). Comment expliques-tu cette touche française ?
Thomas Serval :  Il y a quinze ans, quelques entrepreneurs ont été des pionniers du Bluetooth en France. Eric Carreel, Henri-Nicolas Olivier, Henri Seydoux, et moi, avions créé à l’époque le Scatternet France Forum [association destinée aux entreprises qui développent leurs activités autour de la technologie sans fil Bluetooth, ndlr]. C’est un savoir-faire acquis et accumulé par une génération d’entrepreneurs. Les objets connectés nécessitent également une fédération d’ingénieries spécifiques (logiciels, systèmes embarqués, plateformes, design…). Les ingénieurs français sont les mieux préparés à cela dans le monde en raison de leur polyvalence. Honnêtement, je ne vois pas de différences importantes en termes de savoir-faire entre un Withings et un Nest. Mise à part le fait que Nest est localisé dans la Silicon Valley.

Radioline a acquis Liveradio d’Orange
Après l’acquisition de Liveradio d’Orange dans le courant de l’été 2013, Radioline, qui se présente comme le leader de l’agrégation de radios en Europe, a annoncé lors de la session LeWeb Paris de décembre la disponibilité de son nouveau service sur smartphones, tablettes et sur le Web. « Repensé en fonction des utilisateurs », dixit l’équipe. Radioline référence plus de 35 000 radios et podcasts de 130 pays, en intégrant les données des programmes et titres en cours des principales stations.

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